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Batteries de vélos électriques : l’Europe impose sa loi de la réparabilité

Batterie de vélo électrique Rockrider retirée pour réparation, conforme au règlement européen 2023/1542
Les nouvelles règles européennes imposent la réparabilité et la remplaçabilité des batteries de vélos électriques d’ici 2027. © Cleanrider

Les nouvelles règles européennes sur la réparabilité des batteries de vélos électriques entrent dans leur phase décisive. Entre contraintes techniques et risques juridiques, la filière doit accélérer sa mise à niveau sous peine de fortes secousses.

En janvier, Cleanrider rappelait déjà l’impact du règlement (UE) 2023/1542 sur la réparabilité et le recyclage des batteries. Depuis, la Commission européenne a publié des lignes directrices qui confirment la complexité du texte. Les fabricants de vélos électriques, eux, peinent encore à mesurer la portée de ces obligations, malgré les alertes répétées d’acteurs comme NOWOS (spécialiste néerlandais de la réparation de batteries lithium-ion).

Publié début octobre par Bike Europe, un article souligne le décalage entre l’ambition européenne et la réalité industrielle. L’obligation de réparabilité des cellules à partir de 2027 bouleverse toute la chaîne, du concepteur au revendeur.

Réparabilité obligatoire : une contrainte qui rebat les cartes

L’article 11 du règlement impose que chaque cellule d’une batterie de vélo puisse être remplacée par un professionnel indépendant. Les fabricants devront fournir pièces, outils, documentation et assistance logicielle pendant cinq ans après la fin de production. En théorie, cette mesure favorise la durabilité. En pratique, elle remet en cause des procédés d’assemblage complexes, rarement conçus pour être ouverts ou réparés.

La Confédération européenne des industries du vélo (Conebi) s’interroge : comment garantir la sécurité si l’on remplace des cellules individuelles, alors que c’est interdit dans l’automobile ? Malgré ces réserves, la Commission a maintenu le cap. Résultat : les marques redoutent une explosion des coûts de conformité et une responsabilité accrue en cas d’incident.

NOWOS alerte aussi sur la confusion entre réparation et reconditionnement. Remplacer des cellules ou composants non d’origine transforme l’opérateur en « nouveau fabricant », tenu d’obtenir une homologation pouvant atteindre 50 000 € par modèle. Une nuance lourde de conséquences pour les ateliers non certifiés et les distributeurs.

Une réglementation ambitieuse, mais un terrain encore fragile

En cherchant à imposer la réparabilité, l’Europe tente de concilier économie circulaire et souveraineté industrielle. Mais entre exigences techniques, responsabilités multiples et absence de cadre d’homologation unifié, la transition paraît encore floue. Beaucoup de fabricants jugent les échéances irréalistes, tandis que les distributeurs redoutent un transfert de risque juridique. Si la logique environnementale est saluée, la mise en œuvre pourrait, paradoxalement, freiner l’innovation et alourdir les coûts d’un marché déjà sous tension.

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