
Bosch se retire d’Eurobike 2026, suivant le retrait du ZIV et de Zukunft Fahrrad. Un signal fort pour le salon allemand, déjà fragilisé par les tensions entre industrie et organisateur autour de sa refonte stratégique.
Le séisme était latent, il devient officiel : Bosch eBike Systems ne participera pas à l’édition 2026 d’Eurobike. Le géant allemand du moteur pour vélo électrique emboîte le pas aux deux principales associations de l’industrie nationale, le ZIV et Zukunft Fahrrad, qui ont annoncé la fin de leur coopération avec l’organisateur Fairnamic. Pour un salon historiquement porté par l’écosystème allemand, c’est un véritable tournant.
Cette décision, confirmée par Bike Europe, illustre la fracture grandissante entre les attentes des industriels et la direction stratégique du salon, alors même qu’Eurobike tente de se réinventer dans un contexte de marché incertain.
Depuis plus de trente ans, Eurobike est la vitrine internationale du vélo et du vélo à assistance électrique made in Germany. Bosch, ZIV et Zukunft Fahrrad y ont longtemps incarné le socle industriel du salon. Mais après plusieurs cycles de discussions infructueuses sur la transformation du format, la rupture est consommée. Les associations reprochent à Fairnamic de ne pas avoir intégré les propositions de leur « 10-point plan », qui appelait à une refonte en profondeur du contenu, de la gouvernance et du modèle économique du salon.
Selon Bike Europe, Bosch soutient la position de ses pairs : l’industrie exigeait des « changements fondamentaux » pour que le salon reste un outil pertinent dans un marché en pleine mutation. En l’absence de signaux concrets, le fabricant allemand a choisi de ne plus exposer à Francfort en 2026. Un retrait d’autant plus symbolique que Bosch est depuis quinze ans l’un des moteurs – au sens propre comme figuré – de la croissance du vélo électrique européen.
Cette défection place d’autres acteurs historiques, comme Paul Lange & Co (distributeur de Shimano), dans une situation d’observation. L’entreprise n’a pas encore tranché sa participation, mais reconnaît que la décision des associations influencera fortement son choix.
Face à la fragmentation du marché, Fairnamic avait pourtant entrepris une mue ambitieuse. L’organisateur prépare pour 2026 une édition repensée, articulée autour du concept Mobifuture, un nouveau salon parallèle dédié à la micromobilité urbaine. L’objectif : clarifier le positionnement d’Eurobike en le recentrant sur le sport, la performance et le lifestyle, tout en offrant à la mobilité électrique du quotidien son propre espace.
Une stratégie cohérente sur le papier, mais jugée insuffisante par les acteurs allemands. Les associations pointent notamment un manque de lisibilité dans la gouvernance et une absence de vision commune entre Fairnamic et les représentants de l’industrie. La hausse des coûts d’exposition, l’érosion du visitorat professionnel et la multiplication des initiatives locales ont achevé de nourrir la méfiance.
Pour Bosch comme pour le ZIV, la scission Eurobike/Mobifuture traduit plus une fuite en avant qu’une solution structurelle. Les industriels redoutent que le salon perde son rôle fédérateur au profit d’un écosystème éclaté entre micro-événements et formats propriétaires.
La décision de Bosch ouvre une nouvelle ère pour le paysage des salons du cycle. Les associations allemandes ont déjà indiqué vouloir bâtir une plateforme alternative, plus agile et mieux adaptée aux enjeux politiques et économiques du secteur. Mais aucun modèle concret n’a encore émergé.
Entre repositionnement stratégique, recherche d’équilibre économique et transition vers une mobilité électrifiée, Eurobike devra prouver que sa réinvention ne signe pas sa marginalisation. Une certitude, en revanche : en se retirant, Bosch a mis fin à un partenariat historique et ouvert un débat de fond sur la représentation institutionnelle de l’industrie du vélo européenne.
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