Guerre commerciale de Trump : Rotor ferme, Bosch s’alarme, le secteur du vélo vacille

L’explosion des droits de douane entre les Etats-Unis et la Chine a fortement perturbé le marché du vélo électrique et musculaire ces dernières semaines. Au-delà des problématiques immédiates de coûts des produits finis, c’est surtout le manque de visibilité à court terme qui fragilise les acteurs. Même le retour à la quasi normale, qui est entré en vigueur le 14 mai, ne rassure pas l’industrie mondiale du deux-roues. Le court répit garanti (90 jours) et les soubresauts du marché fragilisent encore davantage un secteur déjà en crise.

Si les économistes qualifient de « désescalade substantielle » le nouvel accord trouvé entre Donald Trump et le gouvernement chinois, il n’en reste pas moins que l’industrie mondiale du cycle sort ébranlée par les décisions erratiques du Président américain. Certes les deux parties ont convenu d’une réduction temporaire de leurs droits de douane réciproques, mais leur volatilité récente pose de réels problèmes à tous les acteurs. Une situation très préoccupante pour le marché du vélo déjà fortement éprouvé depuis de nombreux mois.

La réduction mutuelle temporaire de 115 points des taxes sur les échanges entre les deux pays (qui ramène les droits de douane américains sur les produits chinois à 30 %, tandis que les droits de douane réciproques de la Chine seront réduits à 10 %) est loin de rassurer les fabricants de vélos. La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine a attisé les craintes de l’ensemble du secteur quant aux perturbations que ce conflit pourrait causer à la chaîne d’approvisionnement du vélo, fortement dépendante de la fabrication chinoise.

Déjà des premières fermetures parmi les acteurs de la chaîne du vélo

Le coup de frein apporté par la hausse délirante des droits de douanes entre les deux pays a déjà fait des victimes ! La semaine dernière, Rotor America, filiale nord-américaine du fabricant espagnol Rotor Bike Components, a annoncé sa fermeture en raison d’une « incertitude tarifaire persistante ».

Plus globalement, les fabricants et fournisseurs de vélos ont été durement touchés par les multiples revirements de Trump sur les droits de douane réciproques. Exemple éclatant de cette inconsistance : le 9 avril, Trump a annoncé une pause de 90 jours dans la mise en œuvre des droits de douane réciproques qu’il avait imposés quelques heures auparavant. Conséquence immédiate : une vague de panique et de confusion, ressentie notamment par les fabricants taïwanais, qui ont déclaré que les clients américains avaient immédiatement annulé leurs expéditions… pour les rétablir une fois la pause entrée en vigueur.

Même Bosch eBike Systems s’inquiète de la situation

Face à cette situation, les fabricants tentent de s’adapter au mieux. D’aucuns, comme Specialized ou Trek, ont, d’emblée, augmenté leurs prix pour tenter d’amortir le surcoût engendré par les nouvelles barrières douanières ; mais beaucoup sont surtout inquiets du manque de vision à long terme induit par la situation actuelle. Même Bosch eBike Systems, à travers son PDG, Claus Fleischer, souligne que « bien que l’entreprise, qui produit principalement des capteurs de puissance, des pédaliers et des plateaux, dispose d’une chaîne d’approvisionnement basée à 95 % en Europe, l’augmentation des droits de douane sur les importations européennes et l’incertitude générale du marché rendent les investissements à long terme difficiles ».

Pour tenter de ramener un peu de sérénité dans le secteur, PeopleForBikes, l’association américaine du commerce du vélo, vient d’envoyer une lettre au président américain Trump pour demander un allègement tarifaire pour le secteur. Elle prévient, notamment, que, sans une exclusion comme celle accordée lors du dernier mandat du président, le secteur subira des fermetures d’entreprises et des pertes d’emplois.

Source : Bike Europe