AccueilVélo électriqueLe vélo est-il vraiment un moyen de déplacement pour bobos ?

Le vélo est-il vraiment un moyen de déplacement pour bobos ?

Septembre amorce en douceur la fin de la période estivale. Les weekends, les enfants s’amusent à déambuler, à pied, en trottinette ou à vélo, sur des tapis de feuilles mortes aux couleurs vives, dont les reflets d’une rosée persistante reflètent les derniers rayons d’un été de moins en moins indien. Mais septembre est également le mois charnière du transport à vélo. Les jours se raccourcissent, la température matinale est en chute libre et la routine du travail s’installe. Vêtements de pluie, maillots thermiques, gants, éclairages, les cyclistes du quotidien sortent les affaires des placards et cartons.

Commence alors ce trajet vers le bureau, relayé par certains sur les réseaux sociaux. C’était mon cas. Une image d’un Tern GSD 2 plus chargé qu’un lama lors d’un pèlerinage au Machu Picchu, l’outil qui permet à un banlieusard de déposer 2 enfants à l’école avant de partir travailler, à quelque 20 km de là. Et les réactions, dans un esprit bon enfant tout de même, évoquent une « bobo attitude ». Mais qu’est-ce qu’un bobo ?

Bobo est une abréviation anglaise de « Bourgeois Bohemian ». Ce terme symbolise, d’après la définition officielle du dictionnaire, « une personne plutôt jeune, aisée et cultivée, affichant son anticonformisme ».

Est-ce dont cela le vélo ? Un outil définissant un profil CSP++ ?

Dans un pays vivant à 78 % du secteur tertiaire, le travail est centralisé dans les métropoles. L’immobilier y est inaccessible pour la majorité des familles d’actifs vivant du salaire médian et même plus. Il faut s’en éloigner conséquemment pour faire baisser le coût de l’habitat.
Cela vient du fait que « les prix immobiliers sont plus élevés en moyenne quand la densité de population augmente, reflétant ainsi des tensions locales sur le marché immobilier. En France métropolitaine, ils sont les plus bas dans les territoires ruraux, et les plus hauts dans les pôles des grandes agglomérations », d’après l’INSEE.

Et cette distance n’est pas anodine. Comptez entre 25 et 30 km. Et encore, sous réserve que votre commune d’habitation ne soit pas devenue un pôle d’attraction touristique. Ajoutez-y un à trois enfants, avec ce que cela implique de contraintes scolaires et de déplacements, vous obtenez un besoin de s’éloigner inéluctable.

Des mathématiques et un seuil de rentabilité temporel

Rouler à vélo nécessite d’habiter en petite couronne, jusqu’à la grande couronne. Une couronne bien onéreuse, digne des rois de la ville. Donc oui, le déplacement à vélo implique de gagner un minimum.

Au-delà, la réponse est systématiquement l’automobile. Encore plus depuis l’avènement de la voiture électrique. Elle permet une parfaite combinaison de l’habitat éloigné et de la recharge à domicile. Un coût contrôlé qui donne envie de rouler.

La solution automobile n’est pas qu’un confort : les zones rurales doivent se contenter de transports en commun réduits à peau de chagrin et d’horaires complexes à respecter et de distances à pied trop importantes pour faire de la marche une solution temporellement rentable. Tant et si bien que la Citroën Ami, symbole de la tendance du véhicule sans permis, s’y est fait une place de choix. Un gain de temps indispensable.

Le vélo, un truc de jeunes ?

Les autres points à aborder sont la jeunesse. Dans la mesure où les enfants changent la donne, cela pourrait être vrai. Puisque les enfants sont faits à des âges bien plus avancés, avec une moyenne actuelle à 31 ans. Mais ce serait se fourvoyer. En effet, ce sont les enfants de 0 à environ 13 ans qui nécessitent une logistique spécifique. Par conséquent, l’âge n’a pas vraiment d’importance, et la branche moyenne pour laquelle le vélo est une contrainte supplémentaire est située entre 29 et 45 ans. Une portion réduite du temps de carrière moyen. Donc non, le vélo n’est pas une solution pour les jeunes.

Le vélo, un truc d’anticonformiste ?

Les métropoles et proches couronnes peuvent compter sur les transports en commun et la marche à pied, qui, au passage, dament le pion au vélo avec 2,9% pour la bicyclette contre 22,4% pour ces autres modes « doux ».

De fait, les vélotafeurs ne représentent qu’une infime part des actifs favorisant d’autres solutions. Le vélo n’est pas la norme, il est une alternative, originale, singulière, spécifique. Oui, le vélo est un truc d’anticonformistes. Mais la marche mise à part (car elle implique d’habiter proche de son lieu de travail, ce qui n’est pas simple financièrement pour la majorité des actifs), il reste les transports en commun, en heures de pointe.

Cette « norme » est alors de se tasser à 150 % de la capacité maximum d’un contenant, majoritairement roulant à des dizaines de mètres sous la terre, noyé dans un pudding d’odeurs discutables et évoluant au fil des saisons, plus serré à des inconnus qu’à une danse avec son premier rencard lors d’une soirée, priant pour la climatisation en été et un chauffage pas trop bouillant en hiver, pour arriver, épuisé au bureau.
Dans ce cas, effectivement, le vélo est un anticonformisme primaire, mais réfléchi.

Le vélo, la solution des gens cultivés ?

Le problème du vélo, en dépit de tous ses bienfaits, c’est qu’à la différence des transports en commun, vous ne faites que pédaler. Le temps de trajet ne peut être consacré à autre chose, comme lire, s’informer, se distraire.

Donc faire du vélo ne fait pas de vous quelqu’un de cultivé, au contraire. Sur le papier, vous passerez moins de temps à nourrir votre cerveau. Si tant est que vous n’enchainiez pas les vidéos Tiktok et autres injections homéopathiques de dopamine durant ce temps-là.

Le bobo à vélo, une vision occidentalo-centrée ?

Ainsi, le vélotafeur coche bien la case du bobo. Pas intégralement, mais en partie. Néanmoins, c’est une vision très occidentale. Il suffit de prendre un globe et de déplacer son index vers les pays plus à l’est pour découvrir qu’ailleurs, c’est loin d’être le cas.

Au Japon, 15 % des déplacements se font à vélo. En Inde, ce sont 12 % des plus de deux milliards d’habitants qui utilisent une bicyclette. Quant à Shanghai, le vélo compose 28 % des trajets, soit autant que la marche et 8% de plus que l’automobile, quand Pékin est à 10 % maximum, le reste étant réparti entre le métro et la voiture. La Corée du Sud en est même un contre-exemple, puisqu’une personne sur 100 choisit le vélo.

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