
Shimano termine neuf mois en clair-obscur : les ventes progressent, mais les bénéfices plongent. L’équipementier japonais subit le contrecoup du yen fort et d’un marché mondial encore en phase de digestion post-Covid.
Le groupe d’Osaka affiche un chiffre d’affaires de près de 2,1 milliards € entre janvier et septembre 2025, en hausse de 4,8 %. En revanche, le résultat opérationnel recule de 27,8 % à environ 217 millions €, tandis que le bénéfice net chute de 61 %, à 95 millions €. Une correction d’autant plus marquante que Shimano avait démarré l’année 2025 sur une note très positive, avec un premier trimestre en forte progression.
Comme le soulignait déjà la crise du vélo observée début 2025, la filière vit une période de digestion : les stocks se réduisent lentement, la demande reste prudente et les marges souffrent d’une consommation sous tension.
En Europe, la météo clémente et une consommation en léger rebond soutiennent les ventes. Shimano prévoit encore une croissance proche de 12 % sur l’année, mais les stocks restent « un peu élevés », freinant les commandes. Côté américain, le climat économique incertain continue de peser : les détaillants privilégient la prudence et les volumes stagnent, malgré des niveaux d’inventaire redevenus acceptables.
En Asie, la situation reste contrastée. En Chine, les ventes de vélos sportifs se tassent et les surstocks persistent. Au Japon, la hausse des prix des vélos complets freine la demande, tandis que l’Asie du Sud et l’Océanie amorcent un retour à des niveaux d’inventaires plus sains. Shimano évoque un « marché globalement stabilisé », mais encore loin de sa dynamique d’avant 2020.
Face à la contraction des volumes, le groupe mise sur la technologie pour soutenir sa marge. Les gammes XTR, Deore XT et Q’AUTO — cette dernière intégrant un système de changement de vitesses automatique auto-alimenté — continuent de tirer la croissance. Une orientation claire vers la valeur technologique et la mécatronique, plutôt que la course au volume.
Shimano renforce aussi son rôle de structurant industriel, avec des initiatives comme Nextgen Mechanics, menée avec Cycling Industries Europe pour faire face à la pénurie de mécaniciens qualifiés. Une démarche qui illustre la volonté du groupe de sécuriser la chaîne de valeur à long terme.
Le bilan financier reste sous tension : près de 110 millions € de pertes de change depuis janvier, soit le double de 2024, et un bénéfice net divisé par trois. Shimano maintient toutefois ses prévisions 2025 : +2 % de chiffre d’affaires, –29 % de résultat opérationnel et –60 % de bénéfice net sur l’année complète.
Sur le front social, l’entreprise a dû réagir à la sanction de la Japan Fair Trade Commission, prononcée en septembre 2025 pour pratiques abusives envers 121 sous-traitants. Un épisode qui a poussé Shimano à indemniser ses partenaires et à renforcer ses règles de conformité interne.
2025 marque un tournant pour Shimano : celui de la fin du cycle post-Covid. L’équipementier conserve sa solidité industrielle, mais doit composer avec un environnement moins porteur. Entre maîtrise des coûts, valorisation technologique et éthique renforcée, le groupe entame une phase de reconquête plus durable que spectaculaire.
Source : Rapports financiers officiels Shimano
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