
Les VanMoof S3 reviennent sans batterie ! Roetz transforme les anciens modèles électriques en vélos musculaires durables baptisés “Analog”. Une seconde vie maligne pour un symbole de l’échec high-tech.
Le S3 a longtemps incarné l’ambition démesurée du vélo électrique moderne : design épuré, technologie intégrée, promesse d’un futur urbain sans effort. Mais la réalité fut plus rugueuse. Pannes à répétition, électronique capricieuse, service saturé… Le mythe s’est fissuré. Ces cadres, autrefois vitrines du progrès, dormaient désormais dans des entrepôts. Jusqu’à ce que Roetz, atelier amstellodamois engagé dans le recyclage de vélos, décide de leur offrir une nouvelle chance.
Le projet “Analog” part d’une idée simple : dépouiller les S3 de leur électronique, les fiabiliser et les transformer en vélos purement mécaniques. Une opération aussi technique que symbolique, menée avec la bénédiction de VanMoof, pour que ces vélos fragiles deviennent enfin robustes — et surtout, durables.
Le S3 représentait le rêve d’un vélo sans entretien, intelligent et connecté. Mais en multipliant les capteurs et les composants divers et variés, VanMoof a fini par créer un produit brillant sur le papier, mais vulnérable au quotidien. Entre mises à jour défaillantes et pièces impossibles à remplacer, les utilisateurs ont vite découvert les limites d’un concept trop verrouillé. Dans notre interview d’Eliott Wertheimer, le co-CEO admettait d’ailleurs que la marque avait “voulu sauver les cerveaux avant les machines”. Une manière de reconnaître que la relance devait passer par un retour au bon sens industriel.

Chez Roetz, ces cadres n’ont pas été vus comme des déchets mais comme une base solide. Chaque S3 est désossé, son électronique retirée, puis reconstruit autour d’une transmission Shimano 7 vitesses, d’une dynamo de moyeu alimentant les feux d’origine et d’une selle Brooks crème assortie à ses poignées. L’objectif : garder le style VanMoof tout en supprimant les sources de panne. Les composants retirés rejoignent le réseau de service de la marque pour être réutilisés, prolongeant ainsi le cycle de vie global.
Assemblés à la main à Amsterdam, les Analog affichent un poids d’environ 16 kg et une conception entièrement mécanique. Pas d’écran, pas d’application, juste un vélo urbain simple et robuste. Proposée à 799 € sur le site de Roetz, la série se limite à cent exemplaires. Un clin d’œil à la rareté, mais aussi à la logique de réparation locale et à la sobriété qui guide tout le projet.
Ce retour au vélo musculaire dit quelque chose du moment que traverse VanMoof. Après l’effondrement du S3, la marque a cherché à restaurer sa crédibilité avec le VanMoof S6, plus fiable et mieux conçu. Notre essai du S6 montrait un progrès net dans la fabrication et la cohérence technique. Le contraste avec l’Analog est frappant : d’un côté, le tout-connecté repensé ; de l’autre, la mécanique pure qui revendique sa simplicité. Deux faces d’une même philosophie : apprendre à durer, que l’on pédale avec ou sans moteur.
L’Analog n’efface pas les déboires du S3, mais il les recycle intelligemment. En redonnant vie à des vélos promis à la casse, Roetz et VanMoof rappellent qu’innover, ce n’est pas toujours ajouter : parfois, c’est savoir enlever. Et dans une industrie où l’électronique prend toute la place, cette désélectrification raisonnée sonne comme un geste presque révolutionnaire.
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