De Dijon à l’Europe du Sud, William Perrier accélère la mue d’Accell : cap sur la cohérence des marques, l’innovation utile et une exécution plus compacte — dans un groupe en pleine reconfiguration industrielle.
Accell vient de nommer William Perrier directeur général de sa nouvelle région Europe du Sud (France, Espagne, Portugal et Andorre). Une promotion qui récompense le travail accompli en France depuis 2022, marqué par une réduction drastique des stocks et une réorganisation logistique.
Au-delà de la nomination, cette décision illustre la volonté d’Accell d’aligner sa stratégie régionale avec le plan One Accell, qui vise à simplifier les opérations, rapprocher les marques et gagner en agilité. Une orientation renforcée par les récentes annonces concernant la transformation du site néerlandais d’Heerenveen, devenu un hub d’innovation.
À même pas 35 ans, William Perrier s’est imposé comme l’un des visages de la relance du groupe. En France, il a pris les commandes dans une période critique, marquée par un retournement brutal du marché et des stocks encombrants. Sous sa direction, Accell France a réduit ses stocks de 70 % en un an et a clarifié ses gammes pour éviter la cannibalisation entre marques comme Lapierre, Winora et Haibike.
Son nouveau périmètre couvre désormais le sud de l’Europe, avec un objectif clair : décliner la méthode française à l’échelle régionale. Pour mieux comprendre sa vision, nous l’avions déjà interviewé dans un entretien exclusif sur la stratégie produits, où il détaillait ses choix techniques et ses convictions managériales. « C’est le fruit d’un travail collectif. Dès ma prise de poste, j’ai trouvé des équipes engagées et passionnées. Nous avons mis en place des projets ambitieux et rapides à impact », expliquait-il dans le communiqué officiel. Cette nomination étend désormais cette approche à une dimension transnationale.
La transformation d’Accell ne se limite pas à l’organigramme. Sur le terrain produit, William Perrier défend une innovation “utile”, à la fois technique et pragmatique. Les choix moteurs, par exemple, témoignent d’une approche diversifiée : Bosch chez Lapierre, Yamaha sur les marques germaniques, tout en gardant un œil sur Shimano, Mahle ou DJI. L’idée : adapter la motorisation à l’usage, plutôt que l’inverse.
La dynamique est particulièrement visible sur la mobilité urbaine. Winora a retrouvé une place centrale grâce à une gamme urbaine claire, bien distribuée via Cyclable ou Mondovélo. Résultat : une croissance soutenue, quand le marché du VTT électrique ralentit. Pour Perrier, l’innovation viendra peut-être du côté des transmissions intégrées, comme sur le dernier VTTAE Pinion.
À plus long terme, la vision 2030 est déjà en gestation : vélos plus compacts, plus connectés, plus sûrs. La connectivité occupe une place de choix, avec des services attendus en matière de sécurité antivol, de maintenance à distance et de paramétrage simplifié. Bref, le fameux « vélo intelligent », mais pensé pour l’usage quotidien plutôt que pour la vitrine technologique.
La nomination de William Perrier intervient aussi dans un contexte de réorganisation industrielle. Accell a confirmé la transformation du site historique d’Heerenveen en un hub d’innovation et de conception, avec la fermeture de la production d’ici mars 2026 et la suppression de 160 postes. Une décision difficile, mais cohérente avec la stratégie de centralisation vers l’usine hongroise et le site d’assemblage de Dijon. Plus de détails dans notre article sur la restructuration d’Heerenveen.
Cette réallocation illustre l’application concrète du plan One Accell : rationaliser les moyens de production pour se concentrer sur la qualité et l’efficacité, tout en renforçant l’expertise locale sur l’ingénierie. « La mission est double : assurer la cohérence et la performance de l’ensemble de la région, tout en adaptant notre stratégie aux spécificités locales », souligne également Perrier dans le communiqué. Pour le marché, c’est un signal clair : Accell veut rester compétitif dans un secteur soumis à une forte pression sur les coûts et à une guerre des prix sur le vélo électrique.
Si la rigueur industrielle définit une partie du personnage, William Perrier revendique aussi une approche humaine et directe. Sportif de haut niveau, il conserve une proximité avec ses équipes et n’hésite pas à rouler avec elles. Le fameux « bon sens paysan », hérité de ses origines, reste sa boussole managériale. Un style sobre, qui tranche avec certains discours corporate trop policés.
Enfin, Perrier ne perd pas de vue la dimension sociétale. Qu’il s’agisse du vélo reconditionné — où Accell collabore avec Upway et Rutile — ou du retour du “permis vélo” à l’école, il défend une vision qui dépasse la seule logique industrielle. Mais il insiste aussi sur la responsabilité des pouvoirs publics : sans infrastructures et sans soutien clair, le marché du vélo ne retrouvera pas tout son potentiel.
– Renforcer le réseau de distribution et l’harmoniser au niveau régional.
– Déployer des événements communs, comme le Sea Otter Europe.
– Suivre des KPI précis : synergies commerciales, progression des ventes de mobilité, intégration des gammes.
– Consolider le rôle de Dijon comme site d’assemblage stratégique.
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Spécialiste du vélo de fonction, Azfalte change d’échelle
Pros3 septembre 2025
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