AccueilMicrocarsConnaissez-vous la toute première Suzuki électrique ?

Connaissez-vous la toute première Suzuki électrique ?

En marge du Japan Mobility Show 2025, nous avons visité le musée Suzuki à Hamamatsu, où repose un témoin fascinant des débuts de la mobilité électrique : le Suzuki L40V. Conçu pour l’Exposition universelle d’Osaka en 1970, ce minivan électrique prouve que Suzuki explorait déjà, il y a plus de cinquante ans, les promesses de la voiture zéro émission.

Un contexte historique visionnaire

Tandis que le Japon s’apprête à accueillir l’Exposition universelle d’Osaka, les organisateurs souhaitent une flotte de véhicules propres et silencieux. À une époque où l’automobile électrique n’est encore qu’une curiosité technologique, Suzuki relève le défi. La marque de Hamamatsu va adapter son dernier utilitaire, le Carry Van de quatrième génération, pour en faire un modèle 100 % électrique.

Les keijidosha, ces mini-voitures typiquement japonaises, offrent un format idéal : compactes, légères et faciles à manœuvrer. Suzuki y voit une opportunité d’expérimenter une motorisation sans émissions locales, en avance sur son temps.

Le Carry Van L40V, la base du projet

Derrière cette expérimentation se cache le Carry Van L40V, un utilitaire lancé en 1969 et signé par un certain Giorgetto Giugiaro, futur légende du design automobile. Malgré ses 2,99 m de long, la mini-fourgonnette maximise l’espace intérieur. Un atout essentiel pour accueillir batteries et moteur sans sacrifier la capacité de chargement.

Les ingénieurs de Suzuki entreprennent alors une mission inédite : retirer la chaîne de traction thermique pour y intégrer un système électrique complet — une démarche qui s’apparente aujourd’hui à du rétrofit avant l’heure. À une époque où la miniaturisation de l’électronique n’en est qu’à ses débuts, l’exploit est de taille.

Une collaboration avec Yuasa, pionnier de la batterie

Pour relever le défi énergétique, Suzuki s’associe à Yuasa, un expert japonais de la batterie. Ensemble, ils conçoivent un pack de six accumulateurs développant une tension totale de 60 volts. Ce système alimente un moteur électrique de 4,6 kW, soit environ 6,25 ch, installé à l’avant de la transmission et entraînant les roues arrière.

La fiche technique a de quoi faire sourire aujourd’hui : vitesse maximale de 45 km/h, autonomie d’environ 50 km à 20 km/h, et un poids forcément revu à la hausse à cause des batteries. Mais pour l’époque, le concept impressionne. Le L40V répond parfaitement aux besoins logistiques du parc d’entretien du site d’Osaka : déplacements courts, silence de fonctionnement et absence de pollution.

Selon les archives disponibles, dix exemplaires auraient été livrés pour l’exposition. Leur destin reste flou : aucun n’a survécu à l’événement, et le modèle visible aujourd’hui au musée Suzuki est une réplique fidèle. Ce patrimoine industriel témoigne toutefois du savoir-faire précurseur de Suzuki, capable de concevoir une solution électrique fonctionnelle bien avant l’avènement des lithium-ion.

Ce L40V symbolise aussi la curiosité technologique du Japon des années 1970 : entre modernité, respect de l’environnement et quête d’innovation. Un esprit que l’on retrouve encore dans les salons comme le Japan Mobility Show, où tradition et futur continuent de dialoguer à l’image entre autres de la moto Suzuki e-VanVan.

En découvrant le Suzuki L40V exposé à Hamamatsu, difficile de ne pas faire le parallèle avec les ambitions actuelles du constructeur. À l’heure où Suzuki se tourne enfin vers la mobilité électrique — avec des modèles comme le Suzuki e Vitara, son SUV zéro émission —, cette relique mécanique prend tout son sens. Elle rappelle que la transition vers l’électrique n’est pas une rupture totale, mais une renaissance d’idées déjà esquissées il y a plus d’un demi-siècle. Dans un Japon où la miniaturisation et l’ingéniosité sont des vertus nationales, Suzuki avait déjà, en 1970, imaginé le futur.

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