AccueilProsGiant dépasse ses objectifs climat, mais chaque vélo pollue plus

Giant dépasse ses objectifs climat, mais chaque vélo pollue plus

Nouveau vélo électrique Giant Talon E+ présenté à l’Eurobike 2025
Le nouveau Giant Talon E+ dévoilé à l’Eurobike 2025, vitrine de l’innovation et de la stratégie bas carbone du groupe. © Cleanrider

Dans son rapport ESG 2024 — qui mesure ses impacts environnementaux, sociaux et de gouvernance — Giant Group affiche une baisse globale de ses émissions. Mais la chute des ventes fait grimper l’empreinte carbone moyenne par vélo.

En publiant son rapport ESG 2024, Giant Group met en avant un résultat spectaculaire : une réduction de 28,5 % de ses émissions de gaz à effet de serre (scopes 1 et 2), dépassant déjà son objectif fixé pour 2030. Pourtant, dans le même temps, l’empreinte carbone moyenne par vélo est passée de 18,5 à 19,9 kg de CO₂. Un paradoxe qui s’explique par la chute des volumes de production, conséquence directe d’un marché en berne.

À lire aussiGiant refuse la course à la puissance sur les moteurs vélo

Quand la conjoncture impacte la durabilité

La mécanique est simple : moins de vélos sortent des usines, mais les émissions fixes liées aux sites de production pèsent davantage sur chaque unité produite. En 2024, Giant a fabriqué 4,03 millions de vélos contre plus de 6 millions trois ans plus tôt. Résultat : même si les usines consomment moins d’énergie et intègrent davantage de solaire (15,6 % de leur mix énergétique), l’intensité carbone par vélo augmente. Ce phénomène met en lumière la difficulté d’associer performance industrielle et trajectoire climat sur un marché cyclique.

Giant n’est pas seul face à ce défi. L’allemand Canyon a lui aussi choisi la transparence, en soumettant sa stratégie zéro émission d’ici 2050 au contrôle du SBTi. Même logique côté français : le label Cyclescore pousse l’ensemble de la filière à mesurer et afficher l’impact environnemental de chaque vélo produit.

Vers une filière vélo plus responsable

Évolution des émissions carbone scope 1 et 2 de Giant entre 2021 et 2024 (–28,5 %)
Part croissante d’énergie renouvelable dans les usines Giant de 2021 à 2024 (15,6 % en 2024)
Progression de l’utilisation d’aluminium recyclé par Giant (2021–2024, +5,6 %)

Autre enseignement du rapport Giant : le scope 3 (fournisseurs, transport, usage des vélos) reste le principal contributeur, même si les émissions liées à l’achat de matières premières ont chuté de 2,3 millions de tonnes en 2021 à 469 062 tonnes en 2024. Le géant taïwanais intègre aussi des innovations concrètes, comme 600 000 selles bas carbone ou 155 000 vélos en aluminium recyclé. De quoi alléger l’empreinte globale, malgré la conjoncture.

Cette dynamique va dans le sens des attentes politiques et industrielles en Europe. Lors des dernières élections, Decathlon a exhorté Bruxelles à appliquer la Déclaration européenne sur le cyclisme, insistant sur la relocalisation, l’écoconception et l’économie circulaire. Des leviers qui pourraient aussi réduire la dépendance des constructeurs européens aux fluctuations du marché asiatique.

Un signal pour toute l’industrie

Au-delà des chiffres, Giant est devenu en 2024 le premier acteur du secteur vélo intégré dans le Dow Jones Sustainability Index. Un signe que l’industrie du cycle n’est plus jugée seulement sur ses ventes, mais sur sa capacité à s’inscrire dans une trajectoire bas carbone crédible. Pour les équipementiers, distributeurs et sous-traitants, le message est clair : la durabilité ne peut pas être une variable d’ajustement en période de crise, mais un pilier stratégique.

À l’heure où les initiatives de transparence se multiplient, de Cyclescore à Canyon en passant par Decathlon, l’exemple de Giant illustre bien le défi des années à venir : maintenir une trajectoire climat cohérente, quel que soit le cycle économique.

Source : Giant ; Cleanrider

La suite de votre contenu après cette annonce

La suite de votre contenu après cette annonce


Voir tous les articles