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Giant rembourse ses ouvriers migrants et tourne la page du travail forcé à Taïwan

Siège social de Giant à Taïwan, symbole du “Made in Taiwan” face aux enjeux des droits humains.
Le siège de Giant à Taïwan, au cœur de la crise sociale qui secoue l’industrie du vélo. © Giant

Giant étend sa politique “Zero Recruitment Fee” à tous ses travailleurs migrants et inaugure de nouveaux dortoirs, poursuivant sa mue sociale entamée après les accusations de travail forcé à Taïwan.

À l’automne 2025, Giant a vécu une véritable épreuve de transparence. Après le blocage de ses vélos aux États-Unis pour soupçons de travail forcé, le géant taïwanais du cycle a été poussé à revoir ses pratiques sociales. L’affaire avait mis en lumière les conditions de vie et les frais parfois exorbitants imposés aux travailleurs migrants venus des Philippines, d’Indonésie ou du Vietnam pour assembler les vélos du groupe.

Dans le sillage de cette crise, l’ensemble de l’industrie a dû s’adapter : Merida a adopté à son tour une politique “zéro frais” pour ses ouvriers étrangers, tandis que le « made in Taiwan » se retrouve sous le regard des défenseurs des droits humains. Quelques jours plus tard, Giant annonce une nouvelle étape majeure : étendre sa politique “Zero Recruitment Fee” à tous ses travailleurs, actuels comme futurs.

Giant rembourse tous ses travailleurs migrants : une nouvelle étape sociale

Lancée début 2025 pour les nouvelles recrues, la politique “Zero Recruitment Fee” consiste à supprimer totalement les frais de recrutement, de visa et de service que devaient auparavant payer les travailleurs migrants pour obtenir un emploi. Concrètement, Giant prend désormais à sa charge tous les coûts liés au recrutement — y compris ceux facturés par les agences intermédiaires et les gouvernements. Une mesure loin d’être anodine dans un secteur où ces frais pouvaient atteindre plusieurs mois de salaire, plongeant parfois les employés dans une forme d’endettement dès leur arrivée.

Dans son communiqué, Giant Group précise qu’un conseiller international indépendant a été mandaté pour identifier et compenser les frais déjà versés par les travailleurs embauchés avant 2025. Le premier versement a été effectué cette semaine, et l’entreprise affirme avoir provisionné les fonds nécessaires pour garantir un remboursement complet. Une démarche que le groupe présente comme “une action concrète pour renforcer le respect des droits humains et des pratiques d’emploi équitables”.

De nouveaux dortoirs pour symboliser le changement

En parallèle, Giant a finalisé la relocalisation complète de ses dortoirs destinés aux travailleurs migrants. Près de 400 personnes ont emménagé dans deux nouveaux bâtiments situés à Yuanli (Miaoli) et Waipu (Taichung). Les anciens logements, jugés trop exigus et vieillissants, ont été remplacés par des infrastructures répondant aux standards internationaux : chambres de huit personnes avec salles de bain privatives, espaces de restauration et de loisirs, équipements sportifs et systèmes de sécurité incendie modernisés.

Ces améliorations s’inscrivent dans le cadre du Migrant Worker Rights Enhancement Program lancé en 2024, qui vise à offrir un environnement de travail et de vie plus sûr, plus digne et plus durable. Pour Giant, il s’agit autant d’un acte de responsabilité que d’un signal envoyé à l’ensemble de l’industrie du cycle taïwanais : celui d’un changement structurel et non simplement d’une réponse à la crise.

Si ces mesures se confirment dans la durée, elles pourraient marquer un tournant pour le modèle social du “made in Taiwan”, longtemps vanté pour son excellence industrielle mais désormais sommé de prouver son exemplarité humaine.

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