Essai ZEWAY SwapperOne : que vaut le Gogoro français ?

Nicolas Valeano · 30 Août 2021 8:51 ·

La start-up française Zeway lance dans Paris son service de location longue durée de scooters électriques assortis d’un système d’échange de batteries éliminant les questions de recharge. Un concept intéressant et précurseur en France.

Gogoro et Kymco à Taiwan, Zeway à Paris : à une bien plus petite échelle, une petite start-up française propose ainsi un même système de « battery swap » (échange de batteries) pour une flotte de scooters électriques que les deux géants taiwanais. Mais alors que ces derniers se lancent dans une guerre commerciale sur ce marché extrêmement prometteur, ici, nous n’en sommes qu’aux balbutiements. Quand Gogoro revendique quelque 400 000 abonnés, Zeway n’a pour le moment qu’une centaine de scooters en circulation dans la capitale, proposés en location longue durée. Pas de système de partage de véhicule ici, les clients gardent leur scooter et peuvent tout au plus le prêter à une personne du foyer. Un concept de battery swap qui pourrait tout à fait trouver sa place et grandir ici aussi, notamment à Paris, à la veille de l’instauration d’un stationnement payant pour les deux-roues thermiques et avec la perspective à terme d’un parc tout électrique.

Zeway a pu être créé en 2019 grâce à une levée de fonds de 15 millions d’euros, dont 7 dédiés au développement. Aujourd’hui cantonnée au modèle équivalent 50 SwapperOne essayé ci-dessous, la gamme proposée est appelée à s’étendre avec un équivalent 125 et un modèle utilitaire pour les livraisons. Objectif : 50 000 scooter dans 5 ans ! On pourrait aussi imaginer la possibilité de partager ces batteries standard avec d’autres modèles qui adhéreraient au même standard mais nous n’en sommes pas là, loin s’en faut.

Equivalent 50, le SwapperOne est pour l’heure le seul modèle proposé par Zeway.

Une quarantaine de stations pour débuter

Pour se lancer, le service propose un maillage de 40 stations d’échange de batteries dans Paris et la petite couronne, ce qui permet d’avoir toujours une solution de recharge à moins de 2 km (intra-muros), géolocalisée dans l’appli Zeway. Elles intègrent jusqu’à 7 batteries et sont disséminées chez plusieurs partenaires très divers, comme des agences BNP, des magasins Monoprix, des laveries, des stations Esso, avec une plage horaire limitée par les commerces partenaires, soit environ de 8 h à 23 h. Pour les swaps de nuit, il faudra repasser…

La batterie Li-ion de 1,66 kWh (le fournisseur est coréen, c’est tout ce que nous saurons…) et sa gestion électronique sont spécialement conçues par les équipes de la marque française, assurant une autonomie d’une quarantaine de kilomètres en mode éco, et juste 33 km en mode 3, plus performant. Connectée pour signaler tout problème et la retirer du circuit le cas échéant, elle pèse 10 kg et se montre facile à manipuler avec sa solide poignée intégrée. L’opération d’échange de batterie est extrêmement simple et rapide, en 1 minute chrono. Il suffit de présenter la batterie devant l’armoire automatique de swap, une porte s’ouvre alors pour la déposer dans une des alvéoles, puis une autre s’ouvre pour libérer une batterie chargée, qu’il suffit de prendre et glisser dans son emplacement sous la selle du scooter.

Reste en outre la possibilité de charger la batterie de manière classique, avec un câble (fourni) pour brancher le scooter ou avec un dock de recharge (option) pour charger la batterie seule à la maison. Notons qu’une alerte sera donnée via l’application smartphone si la batterie approche un niveau de faible charge.

Un scooter électrique sous abonnement à 130 €/mois

L’abonnement se présente sous une formule tout compris à 130 €/mois avec une Location Longue Durée (LLD) de 3 ans (bonus écologique de 414 € déduit). Celle-ci comprend l’accès illimité à l’échange de batterie, le kilométrage illimité, l’entretien annuel et l’assurance tout risque avec Allianz (en cas de vol, franchise de 500 €). Il peut faire partie du forfait mobilité durable mettant en place une aide de l’employeur. D’autres aides existent, comme l’aide pour les entreprises de la Région Ile de France (1 500 €), y compris pour les auto-entrepreneurs, mais le système Zeway ne donne pas droit à l’aide à l’achat d’un scooter électrique mise en place par la Mairie de Paris.

Le budget demandé (au total, 4 680 €/3 ans tout compris, avant aides) reste conséquent, d’autant qu’il est possible d’acquérir des modèles de scooters électriques équivalents pour la moitié. Chez Zeway, on affirme que cette solution reste 10 à 15 % moins chère qu’un scooter thermique pour une moyenne de 10 km/jour.

Tout dépend au final de l’usage en question. S’affranchir du besoin d’un point de recharge et se libérer l’esprit avec un package tout compris a donc un coût non négligeable qui pourra certainement se justifier par la valeur d’usage de ce service, qui conviendra à certains types d’utilisateurs. Face aux solutions de scooters partagés, l’achat ou la location de modèles du marché, Zeway vise les particuliers comme les professionnels, notamment ceux qui souhaitent basculer du thermique vers l’électrique, les utilisateurs intensifs de scooters en sharing ainsi que les commuters à la recherche d’une solution de transport individuel en ces temps de Covid. Zeway propose aussi des offres à partir de 18 ans, 50 % de réduction sur le BSR pour les adultes nés après 1988 ou 2 h d’initiation à la conduite offertes avec l’école Easy Monneret.

Prise en mains du scooter

Séduisant au premier abord avec son joli look (très) inspiré de Vespa, le petit scooter proposé par la marque française trahit ses origines de modèle chinois plutôt basique dès qu’on l’examine de plus près. Léger avec ses 74 kilos sur la balance, sa conception est à l’économie avec une carrosserie en plastique fin (en bleu ou gris) et des boutons de commandes à la qualité très basique, sans appel de phare ou de clignotants à retour automatique. Son instrumentation électronique est limitée à la vitesse, le kilométrage et l’affichage du pourcentage de batterie restant (pas l’autonomie en kilomètres), mais il reste quasi-illisible dans la plupart des conditions de luminosité, c’est dommage.

Avec les reflets, l’écran du SwapperOne manque de lisibilité

Le démarrage se fait au moyen d’un bouton-poussoir, comme nombre de voitures modernes. Le moteur Bosch de 3 kW intégré dans la roue arrière que l’on connaît chez Niu remplit bien son office, dans un silence impressionnant. Les piétons risquent d’ailleurs d’être surpris, voire de sauter en l’air si on utilise le klaxon, très sonore.

Les performances sont très satisfaisantes pour ce scooter équivalent 50 cm3 (45 km/h maximum). Léger et facile à prendre en mains, le Zeway manque toutefois de douceur au démarrage et ce, même en actionnant très précautionneusement la poignée des « gaz », y compris dans le premier des trois modes de conduite, le plus économe.

Le freinage est efficace. Il est couplé au levier gauche (il actionne les disques de freins avant et arrière en même temps), ce qui est un gage de sécurité. Attention cependant sur le mouillé car il se révèle assez mordant et, c’est malheureusement normal sur un équivalent 50, il n’y a pas d’ABS au programme. Nous n’avons pu tester dans ces conditions l’adhérence des pneus de marque chinoise, qui parfois peuvent manquer de grip sur le mouillé, selon les fournisseurs.

La direction très légère aide à la maniabilité de ce scooter aux petites roues de 12 pouces et aux suspensions un peu raides compensées par une selle moelleuse, avec une position de conduite agréable malgré une position en hauteur des pieds. Pour aider aux manœuvres sur les rues en pente, une marche arrière est proposée. Le duo est possible mais plutôt déconseillé pour des trajets réguliers pour deux adultes, le gabarit du scooter étant un peu petit pour cela.

Côté équipements, un système de verrouillage automatique et alarme est intégré, le scooter est géolocalisé et connecté, un pack est offert au lancement avec une jupe de marque Tucano Urbano, une top-case de 40 l signé Shad, un support de téléphone avec prise USB et le câble de recharge du scooter sur le secteur. Le pare-brise reste dans la liste des options.

Voilà donc une offre complète, bien pensée et qui peut se révéler de plus en plus intéressante au fur et à mesure de son développement et du mûrissement de ses prestations. Le SwapperOne 50 est un petit engin agréable en hypercentre et facile à recharger en une halte brève, ce qui en fait une offre à part dans le monde du deux-roues électrique parisien aujourd’hui. L’avenir dira si ce concept trouve le succès et reste aussi pratique en grandissant.

Essai Zeway Swapper One – le bilan

 Les +  Les –
Concept de swapping

Design du scooter sympathique

Léger, facile et maniable

Freinage couplé

Scooter de qualité basique

Tarif conséquent

Quelques lacunes d’équipement

Pas de swap la nuit

 


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