Médaille d’argent en huit pour l’aviron aux Jeux olympique de Londres de 2012, Jeremiah Brown n’hésite pas à voyager loin avec un vélo. Ne trouvant pas un matériel satisfaisant pour le couchage, il a décidé de créer la Cyberdrop, une caravane motorisée dont les lignes ne sont pas sans rappeler un certain Tesla Cybertruck…
Un proto proche de la commercialisation
Sur la chaîne Youtube de Jeremiah Brown, pas moins de 25 vidéos pour expliquer la conception, la fabrication, l’amélioration et l’usage de sa caravane Cyberdrop imaginée pour procurer le juste confort nécessaire afin de se déplacer loin à vélo. Il partage aussi parfois ses doutes sur le projet démarré en 2022. Mais aujourd’hui, son prototype est proche de la commercialisation.
Le moteur installé dans la roue avant de la remorque a pour principale fonction de compenser l’effort à fournir pour la tracter. De telle sorte qu’il serait possible de l’utiliser avec n’importe quel vélo, de préférence électrique.
Pour la batterie 72 V qu’il a lui-même conçue, il a choisi des cellules EVE 21700 50E qui brillent par une grande capacité énergétique pour une faible intensité de décharge. « En règle générale, vous n’utiliserez pas ce type de cellules dans une batterie de véhicule électrique, mais comme je tire un faible courant (3 ampères en crête et environ 1,5 en continu) de chaque cellule, cela fonctionne. Davantage de cellules en parallèle, c’est moins de courant consommé par chacune », justifie Jeremiah Brown.
Une seule batterie pour trois moteurs
Pesant une quarantaine de kilogrammes, le pack installé dans le coffre de son vélo cargo embarque 9,5 kWh de capacité. Ce qui permettrait de parcourir un peu plus de 200 km. Le champion olympique explique qu’il est arrivé à tirer plus du double de sa configuration qui associe sa caravane à un vélo électrique Bullitt de la marque Larry vs Harry. La remorque de camping a été construite autour des performances revisitées de ce modèle cargo auquel il a ajouté un moteur Grin dans la roue avant.
Il dispose ainsi de trois appareils en tout qui peuvent travailler au besoin ensemble : « Ce qui me donne 33 % de couple et de puissance supplémentaires pour les longues côtes sans surchauffer les moteurs trop rapidement ». Dotés de la régénération, ils sont tous alimentés par l’unique batterie qui sert également aux systèmes électriques de la caravane.
Sur le plat et les faibles côtes, la puissance totale fournie est de l’ordre du kilowatt en roulant à 40 km/h sur deux moteurs. Elle peut monter à 6 kW en côte alors que toute la motorisation est active. La vitesse maximale peut dépasser les 65 km/h. Toutefois, Jeremiah Brown précise que l’allure idéale se situe entre 30 et 45 km/h. Les panneaux solaires peuvent fournir jusqu’à 1,4 kWh d’énergie à la journée. Pour seulement un kilowattheure, l’autonomie potentiellement gagnée peut s’élever jusqu’à 40 km.
Une stabilité éprouvée
Concernant son attelage, le concepteur de la Cyberdrop évoque « un croisement entre le cyclotourisme, le bikepacking et le camping-car ». S’il promet « une conduite simple et intuitive », il reconnaît aussi qu’il faut « un certain temps pour s’habituer au poids du vélo et de la caravane ».
Ayant déjà accumulé plusieurs milliers de kilomètres avec son ensemble, il a pu vérifier que le poids total apporte de la stabilité, aussi bien en cas de vent latéral que lorsqu’un camion le dépasse. Le système de suspension est également efficace pour cela, composé de demi-essieux de torsion à l’arrière et d’une fourche télescopique devant.
Initialement, l’athlète devenu conférencier a adopté une largeur de 40 pouces (environ 102 cm) conforme aux pistes cyclables qu’il connaissait en Amérique du Nord. Depuis, il s’est heurté à des largeurs de voie moins importantes qui l’ont obligé plusieurs fois à rouler sur la route. Des bandes Led à l’arrière servent de feux stop et de clignotants.
Le cocon
A l’intérieur, la cellule ventilée habitable de la Cyberdrop mesure 8 pieds, soit presque 2,44 mètres. Ce qui est suffisant pour s’étendre complètement à condition de ne pas dépasser les 2 mètres. Le reste est réservé à un espace relativement généreux de rangement au bout de pieds et accessible depuis l’extérieur.
Le buste du cycliste bénéficiera d’une largeur de 38 pouces (96,52 cm). Elle se rétrécie à 29 pouces (73,66 cm) au niveau des jambes du fait des passages de roue. C’est au-dessus de la porte que la hauteur est la plus élevée : 1,16 m. Elle a été calculée pour que son utilisateur tienne assis confortablement afin de cuisiner, lire, se changer ou travailler sur son ordinateur.
L’isolation réalisée avec des panneaux en mousse rigide et du néoprène repousse la formation de condensation. Le revêtement extérieur doit résister aux intempéries et traverser les années. Avant de s’asseoir dans la caravane, il est nécessaire de la stabiliser et de la mettre à niveau au moyen de ses quatre pieds et de son cric hydraulique bouteille. Pour ranger un grand nombre de choses, Jeremiah Brown utilise des filets en maille avec Velcro qui adhèrent aux parois intérieures.
Fabrication en cours de planification
A ce jour, le plus long voyage effectué par le sportif avec son attelage composé du vélo cargo et de la Cyberdrop débutait à Peterborough dans l’Ontario pour rejoindre Miami en Floride. Soit plus de 2 500 km pour l’aller et autant pour le retour.
En 2024, il a prévu d’utiliser ce moyen pour se rendre sur ses lieux de conférence. Et ce : « d’où que je sois, pour mettre mon concept à l’épreuve ultime avec une tournée mondiale ».
Ce qui laisse supposer qu’il va falloir attendre encore de longs mois avant de prendre livraison de cette convaincante caravane pour vélo. La fabrication serait toutefois déjà en cours de planification. Dès que Jeremiah Brown aura une vision claire sur le sujet, il ouvrira les précommandes et précisera le prix.
