
Coup de tonnerre ! Alors que l’arrivée de vélos électriques entièrement conçus et assemblés par Porsche semblait imminente, le constructeur allemand et le géant néerlandais Pon Holdings ont brutalement mis fin à leur coentreprise « P2 eBike GmbH ». Retour sur un échec industriel qui illustre la crise de croissance du secteur.
L’alliance avait tout pour réussir sur le papier. D’un côté, Porsche, icône de l’automobile sportive cherchant à électrifier son image urbaine. De l’autre, Pon Holdings, le plus grand groupe de vélos au monde (propriétaire de Cannondale, Gazelle, Santa Cruz…). Scellée début 2022, leur union au sein de la joint-venture P2 eBike GmbH affichait une ambition démesurée : ne plus se contenter de partenariats, mais devenir un véritable constructeur de vélos électriques de luxe, maîtrisant toute la chaîne, de la conception à l’assemblage.
Trois ans plus tard, le projet est définitivement enterré, avant même que le premier modèle exclusif n’ait touché le bitume.
Ce qui surprend le plus les observateurs, c’est la soudaineté de la décision. Jusqu’à l’automne 2025, tous les voyants semblaient au vert. La structure, basée entre Munich et Amsterdam, montait en puissance. Le recrutement battait son plein jusqu’au printemps dernier, symbolisé par l’arrivée en avril de Gudrun Scharler au poste de directrice générale. L’objectif était clair : passer à la production industrielle.
Pourtant, au milieu de l’année, la direction a brutalement coupé l’alimentation. Les équipes, composées d’une douzaine d’experts, ont été dissoutes. Si la solidité financière de Pon a permis de reclasser la majorité des collaborateurs en interne, le gâchis est palpable : des années de R&D et des investissements colossaux partent en fumée sans qu’aucun produit n’ait vu le jour. Officiellement, les partenaires évoquent une « réévaluation des priorités stratégiques », une formule diplomatique pour signifier que le jeu n’en valait plus la chandelle.

Au-delà des choix stratégiques internes, c’est surtout la conjoncture économique qui a eu raison du projet. P2 eBike GmbH a été imaginé en pleine euphorie post-COVID, à une époque où le vélo électrique affichait une croissance à deux chiffres. En 2025, la fête est clairement terminée. Le marché du cycle traverse une zone de turbulences majeure : stocks saturés, demande en berne et guerres de prix généralisées.
Dans ce contexte de refroidissement brutal, lancer une nouvelle marque manufacturière est devenu un pari trop risqué. La rentabilité n’était plus garantie face à des coûts de développement explosifs pour des vélos hautes performances. Porsche et Pon ont préféré couper leurs pertes plutôt que de s’entêter dans un segment devenu ultra-concurrentiel.
Cet échec signe-t-il la fin des ambitions de Porsche dans le vélo ? Pas totalement, mais la stratégie évolue radicalement. La dissolution de P2, la structure dédiée à la fabrication de vélos, ne concerne pas Porsche eBike Performance. Cette autre entité, qui détient le motoriste Fazua, poursuit ses activités.
Porsche renonce donc à devenir un constructeur de vélos à part entière pour se concentrer sur son rôle de motoriste et de partenaire technologique. La marque de Stuttgart continuera de fournir des systèmes de propulsion à d’autres fabricants et d’apposer son logo sur des vélos produits sous licence, comme c’est déjà le cas avec Rotwild. Le rêve de voir une « 911 du vélo » sortir d’une usine 100 % Porsche s’est envolé, rattrapé par la froide réalité des chiffres.
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