AccueilVélo électriqueParis adopte les ronds-points à l’hollandaise : innovation ou casse-tête pour les cyclistes ?

Paris adopte les ronds-points à l’hollandaise : innovation ou casse-tête pour les cyclistes ?

Rond-point à l’hollandaise place Léon-Paul Fargue à Paris en 2025
Rond-point à l’hollandaise place Léon-Paul Fargue (Paris 6e), nouvel aménagement cyclable inspiré des Pays-Bas. ©M.Lauraux/Cleandrider)

Paris expérimente timidement les ronds-points à l’hollandaise, ces aménagements conçus pour mieux protéger les cyclistes. Encore imparfaits, ils marquent pourtant une vraie étape vers une circulation plus sûre à vélo dans la capitale.

Si vous avez récemment roulé à vélo électrique ou mécanique dans la capitale, vous avez sans doute croisé des aménagements d’un nouveau genre. On les appelle ronds-points à l’hollandaise. Mais malheureusement, ils n’ont pas encore atteint le niveau de l’expertise néerlandaise…

Paris a développé une infrastructure cyclable un peu en avance sur les autres villes françaises, mais avec une certaine lenteur. Depuis les voies de bus, les cyclistes ont vu apparaître les premières vraies pistes cyclables dans les années 2000… dont certaines sur trottoir (comme le boulevard des Maréchaux). C’est ensuite lors du Covid, avec les “coronapistes”, que l’accélération a eu lieu. Des peintures jaunes ou blocs de béton installés à la va-vite, l’infrastructure s’est pérennisée. Mais là encore, les intersections sont souvent restées des angles morts.

Une gestation lente à Paris

Un exemple concret : le croisement de la rue de Sèvres et du boulevard de Montparnasse/des Invalides, à la frontière des 6e et 7e arrondissements. Grâce à l’historique de Google Maps, on peut retracer l’évolution. Jusqu’en mars 2020, tout était dédié à la voiture et aux bus, sans marquage au sol, à l’exception d’un sas vélo (très peu respecté, au demeurant, sur les photos).

Rond-point à l’hollandaise place Léon-Paul Fargue à Paris en 2025
Place Leon Paul Fargue Paris 2020
Place Leon Paul Fargue Paris 2018

Au printemps 2020, ce sas s’est agrandi. Mais c’est surtout un marquage jaune qui est apparu, séparant la piste cyclable des autres voies sur le boulevard des Invalides, avec une continuité à travers l’intersection. Cela oblige les automobilistes à céder le passage avant de s’engager hors de l’intersection vers la rue de Sèvres, protégeant ainsi les cyclistes. On ne parle ici que d’une partie du carrefour, avec un marquage encore maladroit et de rares barrières en béton. C’est le début de ce qui pourrait ressembler à un rond-point à l’hollandaise… mais seulement côté 6e arrondissement.

En 2021 et 2022, rien ne bouge, jusqu’à 2023 avec l’esquisse d’un chantier. Ce n’est qu’en 2025 que le reste de l’intersection suit et s’améliore. C’est là que nous avons pris nos propres photos, une fois les travaux terminés. Une nouvelle fois, l’aménagement semble encore incomplet, avec ses plots et un marquage blanc classique.

Le rond-point à l’hollandaise officiellement recommandé depuis 2021

L’ensemble ressemble de plus en plus à ce que l’on appelle un rond-point à l’hollandaise. Dans ce type d’aménagement, le cycliste reste prioritaire sur les voitures souhaitant quitter le rond-point, même en faisant le tour complet. C’est théoriquement possible à Paris, mais la visibilité reste limitée et aucun terre-plein ne vient séparer les voies (ni au centre, où subsistent encore des feux tricolores). Une version bêta après l’alpha de 2020 ?

Rond-point hollandais, version idéale selon le Cerema

L’aménagement idéal d’un rond-point à l’hollandaise, avec séparation claire des flux. ©Cerema

Le Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) l’a intégré à ses recommandations d’aménagements cyclables en 2021, sous le nom plus technique de “giratoire cyclable à îlots intra-annulaires”. La première expérimentation a débuté à Créteil, au carrefour Pompadour. Une réussite : les cyclistes s’y sentent sept fois plus en sécurité que sur l’ancienne version du rond-point.

Des exemples plus aboutis hors de Paris

À Paris, pour observer un rond-point à l’hollandaise plus réussi, celui de la porte Dauphine (16e arrondissement) est un bon exemple. S’il manque une partie du rond (également traversée par le tramway), il offre une piste cyclable bidirectionnelle séparée des voies centrales.

C’est plus confortable pour les cyclistes, même s’il manque encore un marquage coloré sur le franchissement des voies de sortie, où les automobilistes hésitent à s’arrêter (même si les pointillés les y obligent en théorie). On peut comprendre ces usagers, qui doivent regarder à droite, et même à gauche dans le cas d’une piste bidirectionnelle.

La version parfaite du rond-point à l’hollandaise n’est pas encore à Paris, mais existe déjà en France. Elle émerge ailleurs en Île-de-France, à Bures-sur-Yvette, ainsi qu’à Rennes, Caen ou encore Clermont-Ferrand, où il fait beaucoup parler de lui.

Malgré la critique de certains médias le qualifiant de “casse-tête”, l’aménagement est une réussite. Le rond-point de la place des Carmes n’a enregistré aucun accident dans les six mois suivant sa mise en service en mai 2024. Plébiscités sur les carrefours à fort trafic, les giratoires cyclables devraient donc se multiplier en France.

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