On a testé la Silence S04 : vendue par Nissan, cette mini voiture électrique coûte moins 10000 euros

Avec la Silence S04, Nissan se lance dans la bataille de la voiture électrique sans permis. Moins rudimentaire qu’une Citroën AMI, cette microcar conçue à Barcelone séduit par son équipement et son astucieux système de batteries amovibles. Que vaut-elle dans la réalité ? Nous avons pu la découvrir et l’essayer dans les rues de Madrid.

Silence a le don de savoir retomber sur ses pattes. Après l’échec de son partenariat avec Seat dans le domaine du scooter électrique, la marque catalane, propriété du groupe espagnol Acciona depuis 2021, a trouvé en Nissan un nouvel allié de taille. Ensemble, les deux entreprises amorcent la commercialisation d’une petite voiture électrique : la Silence S04. L’approche est « gagnant-gagnant ». D’un côté, Silence pourra profiter du réseau important de Nissan, tant en matière de distribution que de SAV. De l’autre, la marque nipponne pourra s’appuyer sur la microcar de Silence pour attirer en concessions une nouvelle clientèle, plus urbaine.

En pratique, cette Silence S04 n’est pas une surprise puisqu’elle est commercialisée dans le réseau Nissan depuis déjà quelques mois. Les deux partenaires sont toutefois en train de revoir leur copie. Au programme : une gamme 2025 retravaillée, une nouvelle approche autour de la batterie et surtout un tarif d’appel à moins de 10 000 €. Un nouvel écosystème que nous avons pu découvrir lors d’un lancement européen organisé par les deux marques à Madrid.

Une mini-voiture qui a tout d’une grande

Ne vous fiez pas à sa silhouette compacte : avec ses 2,28 mètres de long pour 1,26 mètre de large, la Silence S04 se rapproche plus de la micro-citadine que du simple quadricycle. Si on la compare à la Citroën AMI, plus rudimentaire, cette petite électrique surprend par son agencement intérieur et son équipement plutôt complet pour la catégorie : climatisation, vitres électriques, instrumentation TFT, volant multifonction, Bluetooth, sellerie simili-cuir (sur version 85 km/h uniquement), phares à LED… Le tout est abrité dans une « vraie » carrosserie qui fait moins « jouet » qu’une AMI, où le plastique est roi.

Côté pratique, la S04 propose deux places à l’avant et un coffre de 247 litres, suffisant pour ranger quelques courses. À l’intérieur, un grand espace sur la planche de bord vient compenser l’absence de rangements dans les contre porte. Moderne pour la catégorie, le poste de conduite reste étroit pour les grands gabarits. Si un conducteur d’1,85 m pourra s’installer sans peine, l’habitabilité à deux adultes imposera une certaine proximité, notamment au niveau des épaules.

L’équipement est assez complet. Au programme : de la connectivité, mais aussi plusieurs prises USB. Malin, le constructeur a même prévu sur le tableau de bord un emplacement pour disposer une tablette.

Une version cargo un peu bricolée

Au-delà la version deux places classique, ce millésime 2025 de la Silence S04 étrenne une inédite version Cargo. Comme pour la Citroën AMI Cargo, le siège passager est dans ce cas supprimé pour obtenir un espace de chargement d’environ 400 litres. Cette adaptation montre toutefois ses limites : aménagement sommaire, absence de cloison complète, ergonomie peu adaptée au transport professionnel. Cela fait un peu bricolage. Pour les professionnels, d’autres alternatives type vélos cargos ou mini-utilitaires paraissent bien mieux adaptées.

Une mécanique héritée du scooter… mais bien pensée

Côte technique, le fabricant catalan a puisé dans son savoir-faire existant dans le domaine du scooter électrique. Comme la Mobilize Duo, la Silence S04 est proposée en deux versions : L6e, limitée à 45 km/h, accessible dès 14 ans, et L7e, pouvant atteindre 85 km/h. Comme pour les scooters, la S04 fait appel à des moteurs directement intégrés aux roues arrière. La version sans permis 45 km/h cumule ainsi 6 kW tandis que la version L7e, en quadricycle lourd, grimpe à 14 kW. La marque nous a d’ailleurs confirmé qu’il s’agissait des mêmes moteurs pour les deux versions. La L6e est simplement bridée en puissance et en vitesse maximale.

Côté batterie, le principe est le même que sur les scooters électriques Silence. Selon la configuration choisie, la S04 peut embarquer jusqu’à deux amovibles. Chaque pack cumule 5,6 kWh de capacité, soit 11.2 kWh avec deux batteries. Ces batteries  peuvent être rechargées directement sur la voiture via une trappe située à l’avant. Elles peuvent aussi être extraites et branchées à la maison via un astucieux système sur roulettes.  Malin, mais gare à ne pas avoir à franchir d’obstacle, car chaque pack pèse plus de 40 kilos. A moins d’envisager un rapprochement avec votre kiné, n’espérez pas les soulever sans vous casser le dos ! A préciser que ces packs batteries disposent d’un chargeur intégré. Il n’y a donc pas de chargeur externe à trimbaler. Juste un câble à brancher sur une simple prise domestique !

Au volant : du bien… et du moins bien !

Le Ying et le Yang… si elles partagent bon nombre de caractéristiques, les deux versions de la Silence S04 offrent des sensations bien différentes au volant.

Contrairement à certaines concurrentes qui peinent à démarrer au feu rouge, la version L6e surprend par sa vivacité. Le mode Sport permet de tirer le meilleur parti des 6 kW du moteur. Même en côte, elle grimpe sans difficulté, et l’accélération permet de suivre le flot urbain sans frustration. Les équipements sont certes plus simples : deux modes de conduite seulement, frein à main manuel, sellerie tissu,  instrumentation plus sommaire… mais l’essentiel est là.

Plus puissante, mais aussi mieux équipée (frein électrique, écran plus large, sellerie simili, sélecteur de vitesse au commodo et trois modes de conduite), la version L7e tend à se rapprocher d’une micro-citadine traditionnelle. Les accélérations sont franches, suffisantes pour s’insérer rapidement dans la circulation. On atteint alors facilement les 85 km/h sur les axes urbains.

Sur les sensations communes aux deux modèles, le bilan est assez mitigé. Si le freinage est correct pour la catégorie, on regrette toutefois une direction trop souple et une tenue de route trop perfectible. Un coup de volant rapide vient rapidement faire tanguer la voiture, surtout dans les virages pris à vitesse élevée. Ce n’est pas toujours très rassurant et on se demande si cette petite voiture n’irait pas jusqu’à basculer en cas de mouvement brusque. Une impression sans doute accentuée par un ratio hauteur-largeur bien différent de celui d’un Renault Twizy, souvent assimilé à un « petit kart ».

Sur l’autonomie, pas grand-chose à relever sur cette courte prise en main. Sur les quelques kilomètres parcourus dans le centre de Madrid, la consommation nous parait toutefois assez élevée. Un élément à revérifier lors d’un essai plus complet.

Trois niveaux de finition et un prix de base de moins de 10 000 euros

La nouvelle gamme de la Silence S04 2025 s’articlule autour de trois variantes bien distinctes :

• L6e UNICO : version d’entrée de gamme à 1 batterie, limitée à 45 km/h. Elle propose une autonomie maximale de 100 km et un 0 à 45 km/h en moins de 15 secondes. C’est le modèle le plus accessible et le plus léger, pensé pour les trajets urbains courts et les jeunes conducteurs (à partir de 14 ans). Son prix de vente sera inférieur à 10 000 euros
• L6e VIVO : toujours limitée à 45 km/h, mais dotée de 2 batteries, cette version affiche une autonomie nettement plus généreuse, jusqu’à 162 km, et un 0 à 45 km/h en moins de 10 secondes.
• L7e PLUS : version la plus puissante, dotée de 2 batteries, avec une vitesse de pointe de 85 km/h et une autonomie estimée à 157 km.

A ces trois versions s’ajoute donc la version Cargo, à la fois déclinée en L6e et L7e. Côté tarif, Nissan nous précise qu’il faudra « compter environ 1 000 euros de plus » par rapport à la version de base.

A préciser que cette nouvelle gamme 2025 entamera sa commercialisation en septembre. D’ici là, la précédente génération reste au catalogue.

Battery as a Service : une approche inédite sur le segment

Avec l’arrivée de la S04, Silence et Nissan adopte une approche économique unique sur le segment. Là les concurrents intègrent le coût des batteries dans celui du véhicule, Silence et Nissan proposent une formule locative à la carte. S’ils pourront toujours opter pour l’achat intégral du véhicule, les clients pourront aussi louer séparément la batterie, comme cela se faisait lors du lancement de la Renault ZOE au début des années 2010.

Nissan et Silence vont toutefois plus loin en combinant cette offre locative à une nouvelle offre de service. Baptisée BaaS (Battery as a Service), celle-ci associe cette location batterie à un réseau d’échanges de batteries. Appliqué pour la première fois au segment de la voiture sans permis électrique, le modèle est similaire à celui appliqué par Gogoro à Taiwan ou par ZEWAY à Paris. Le principe est simple : utilisateur localise les stations via l’application mobile « My Silence », réserve un créneau et échange ses batteries à l’aide d’un système automatisé.

Selon la fréquence d’usage, deux formules d’abonnement comprenant la location de la batterie et un certain nombre d’échanges. Dans les deux cas, l’utilisateur peut effectuer des échanges supplémentaires à la demande, moyennant 6 € par échange supplémentaire.

Un service inédit pour lequel la France jouera un rôle de pionnier à l’échelle européenne. D’ici à fin 2025, un premier réseau de 30 stations sera déployé à Paris. Les premiers déploiements sont attendus à l’été avant une extension à Nice et à Cannes, sur la Côte d’Azur.

Bilan essai Silence S04

Une microcar électrique maligne, mais encore perfectible

Bien différente d’une Citroën AMI dans son approche, la Silence S04 s’impose comme une micro-voiture électrique maline et relativement bien conçue. À l’aise en ville, bien équipée, pensée pour un usage quotidien avec des solutions de recharge astucieuses, elle pourrait permettre à Nissan de conquérir une nouvelle clientèle urbaine. Encore faut-il accepter quelques concessions : finition plastique sur certaines versions, tenue de route à perfectionner et espace intérieur restreint. Mais à moins de 10 000 euros, cette petite Silence électrique a de solides arguments.