Le VTT à assistance électrique Intersport Nakamura E-Summit 950S © Fabien Pionneau pour Cleanrider
Devancé par le Decathlon Rockrider E-EXPL 520 S, Intersport introduit lui aussi son premier VTT tout suspendu à assistance électrique, le Nakamura E-Summit 950S. Une réponse forte avec un vélo bien équipé lancé à 100 € de moins. De quoi en faire plus qu’une simple alternative pour les amateurs de tout-terrain.
Comme Decathlon, Intersport n’en est pas à son coup d’essai en matière de VTT à assistance électrique (VTTAE). Sa gamme Nakamura E-Summit est, en effet, assez large et se compose de vélos vendus entre 1 000 et 2 000 €. L’E-Summit 950S est cependant son premier VTT tout suspendu électrique, lancé à 2 899 €, soit un tarif relativement élevé par rapport aux habitudes du constructeur. Il faut dire qu’Intersport détient aussi la marque Sunn, qui propose pour sa part des VTTAE tout suspendus depuis plusieurs années déjà, sur un segment plus haut de gamme.
À moins de 3 000 € cependant, le 950S fait partie des VTT tout suspendus électriques les moins chers du marché. Même les marques Canyon et Haibike, pourtant réputées pour leurs tarifs agressifs, ne proposent pas de modèles aussi abordables. Le Nakamura E-Summit 950S se positionne en fait face au Rockrider E-EXPL 520 S de Decathlon. Un adversaire redoutable — que nous avons d’ailleurs apprécié lors d’un essai complet — qu’il a choisi d’affronter avec un tarif légèrement plus bas (-100 €), mais aussi des composants un peu plus haut de gamme.
Technologie : moteur maison coupleux et suspensions Rockshox
Comme tous les autres VTT à assistance électrique de la marque Nakamura, l’E-Summit 950S intègre une motorisation maison Naka E-Power. Fabriquée par le fabricant chinois Ananda, elle est programmée suivant les besoins de Nakamura pour s’adapter à différents types de vélos. Pour son premier VTT tout-suspendu électrique, la marque a tout simplement sélectionné son moteur le plus puissant, le Naka E-Power Max, développant jusqu’à 100 Nm de couple. De quoi surpasser les moteurs de Bosch, Shimano, Brose et Yamaha, qui se limitent à 85 ou 90 Nm. Du moins sur le papier, puisque nous allons voir que cet écart ne se vérifie pas vraiment en pratique.
Afin de conserver un prix de vente relativement bas, Nakamura s’est contenté d’intégrer une batterie de 500 Wh à son 950S. Une capacité qui n’a rien de ridicule, mais peut paraître un peu faible de nos jours, quand bon nombre de VTTAE disposent de 625 Wh. D’autant que contrairement à l’E-EXPL 520 S de Rockrider, l’E-Summit 950S ne peut recevoir une batterie additionnelle qui permettrait de prolonger son autonomie. Il faudra donc faire avec cette capacité limitée.
Du côté de l’électronique, pas de fantaisie non plus sur ce 950S. On dispose d’une petite commande à 5 boutons fixée sur la gauche du cintre, à portée de pouce. Celle-ci se retrouve sur d’autres vélos de la marque, y compris urbains, ce qui explique pourquoi on y trouve un bouton dédié à l’allumage de l’éclairage du vélo, alors même que ce VTT en est dépourvu.
Une console à écran LCD couleur prend place au-dessus de la potence. Elle affiche les informations telles que le mode d’assistance sélectionné, la vitesse instantanée, la distance parcourue ou encore l’autonomie estimée, les vitesses moyenne et maximale ainsi que la puissance de pédalage et du moteur. Bien en évidence sur le guidon, elle est en revanche exposée en cas de chute.
Connectivité : une app qui devrait en faire plus
Connecté en Bluetooth à l’application Naka E-Power, le Nakamura E-Summit 950S ne profite que d’une fonction de verrouillage de son moteur, apportant une sécurité complémentaire lorsque le vélo est stationné. Nous aurions apprécié de pouvoir modifier les modes d’assistance. Rudimentaire, l’app Naka E-Power est encore bien loin de ce que peuvent proposer les apps de Shimano, Bosch ou encore Specialized, par exemple.
Confort : des suspensions simples et efficaces
Derrière son apparence classique, le cadre en aluminium du Nakamura E-Summit 950S offre une géométrie dans les standards actuels. Notre cadre de taille L profite ainsi d’une portée relativement longue de 488 mm (reach), d’une hauteur de 649 mm (stack) et d’angles de direction et de tube de selle de 66,5° et 76,5° respectivement. Les bases plutôt longues (465 mm) participent à la stabilité du vélo qui se veut avant tout rassurant dans les descentes. On ne manque d’ailleurs pas d’espace pour se mouvoir grâce à un tube de selle relativement court et une tige de selle télescopique à l’amplitude de 150 mm.
Tout suspendu, l’E-Summit 950S adopte des suspensions signées Rockshox. À l’avant, la fourche à ressort hélicoïdal Rockshox 35 Silver R offre 140 mm de débattement et des plongeurs de 35 mm de diamètre. Cette fourche est conçue pour les VTT électriques et se veut robuste et simple. On dispose d’un unique réglable en détente sur 5 crans, à adapter en fonction de notre poids et de notre pratique. Il n’est hélas pas possible de la bloquer pour éviter l’effet de pompage dans les parties les plus roulantes.
À l’arrière, c’est un amortisseur à air Rockshox Deluxe Select+ au débattement de 130 mm qui officie. Son réglage est simple, il suffit de le gonfler à la pression indiquée par le fabricant en fonction de notre poids. Celle-ci peut être trouvée via l’app RockShox TrailHead ou dans la documentation technique de la fourche. Il aurait été pratique de pouvoir consulter les recommandations de base directement sur la fourche, comme cela se fait sur certains modèles depuis un simple autocollant. Il faut pour cela utiliser une pompe haute pression spécifique (voir ci-dessous notre sélection de pompes hautes pression pour fourche et amortisseur).
Il est aussi possible d’ajuster la pression pour atteindre l’affaissement souhaité (sag) à l’aide des repères imprimés sur l’amortisseur et du joint torique rouge prévu à cet effet. En tous les cas, un bon réglage de l’amortisseur est indispensable pour bien profiter de son vélo. Durant l’utilisation du vélo, on dispose d’une petite manette pour rapidement verrouiller l’amortisseur afin de gagner en efficacité de pédalage.
Sans être les plus pointues qui soient, ces suspensions sont bien adaptées à un vélo typé All mountain comme cet E-Summit 950S. Elles nous ont en tout cas semblé faciles à maîtriser, suffisamment réactives et assez dynamiques pour le programme du vélo. Plus en tout cas que celles du Rockrider E-EXPL 520 S qui offrent plus de confort, mais ont tendance à plus lisser le terrain.
On ne peut dire pour autant que l’E-Summit 950 S soit le plus dynamique des VTT électriques. Il est, en effet, pénalisé par son poids et ses roues 29” d’entrée de gamme ne font pas de miracle. Surtout avec les pneus choisis par Nakamura. De marque Arisun et de section 2,35”, ils manquent franchement d’adhérence sur terrains humides. On en changera donc au plus vite, profitant de l’occasion pour passer à un montage tubeless, des fonds de jantes étant prévus à cet effet.
Malgré le tarif serré voulu par Intersport qui impose des choix de composants d’entrée de gamme, le Nakamura E-Summit 950 S ne démérite pas. Sa selle DDK Sport est tout à fait correcte, ses pédales en composite feront l’affaire durant les premières sorties, de même que les poignées montées sur le cintre de 720 mm.
Avec la bonne paire de gants et le cuissard indissociables d’une pratique VTT sérieuse, il n’y a en tout cas pas de quoi s’en plaindre. On pourra néanmoins opter pour de meilleures pédales et poignées pour améliorer notre expérience à moindres frais.
Équipement : des valeurs sûres
Malgré son tarif compétitif pour un VTTAE tout suspendu, le Nakamura E-Summit 950 S s’avère bien fini. Ses soudures sont nettement visibles, mais propres et si l’on peut critiquer son design un peu vieillot, il n’a pas l’air d’un vélo au rabais. On apprécie même la finesse de ses tubes qui lui évite de paraître trop mastoc. Il ne peut toutefois cacher son caractère électrique, d’autant que son moteur est à l’inverse plutôt imposant. Les passages des gaines dans le cadre auraient également pu être plus discrets.
Du côté de la transmission, l’E-Summit 950 S est équipé d’un groupe Microshift Advent X, avec un plateau de 34 dents lié à une cassette à 10 pignons (11 à 48 dents). Un ensemble polyvalent que l’on retrouve aussi sur le Rockrider E-EXPL 520 S. Un pignon supplémentaire serait appréciable pour faciliter les montées les plus raides.
Pour ce qui est du freinage, c’est Shimano qui est aux commandes avec un système hydraulique MT200 à étriers doubles pistons et disques de 180 mm à l’avant comme à l’arrière. Pas de quoi se lancer dans d’interminables descentes en enduro bien sûr, mais cet ensemble délivre de bonnes performances, avec un freinage progressif et offrant suffisamment de mordant pour un usage en moyenne montagne.
Conduite : un moteur qui fait la différence
Conçu pour partir à l’aventure avec fluidité et confort, d’après Intersport, le Nakamura E-Summit 950S ne nous semblait pas spécialement taillé pour virevolter sur les sentiers au regard de sa fiche technique. Il fait pourtant preuve d’un comportement dynamique insoupçonné. Sans aller jusqu’à dire qu’il s’agit d’un VTT agile, eu égard à sa masse élevée et à son triangle arrière qui vise davantage la stabilité que la réactivité, l’E-Summit 950S reste assez à l’aise quand on impose un peu de rythme. Il s’avère néanmoins sécurisant, pourvu que l’on évite les racines et roches glissantes tant que l’on n’a pas changé ses pneus. À ce niveau, le Rockrider E-EXPL 520 S apparaît comme plus rassurant, mais moins joueur que ce Nakamura et un peu moins à l’aise en descente.
Le dynamisme du Nakamura E-Summit 950S est aussi très lié à son moteur, le Naka E-Power Max. Sans lui, son comportement ne serait assurément aucunement le même. Il faut dire qu’Intersport n’a pas lésiné sur les moyens pour fournir les meilleures performances possibles à son VTT. Développé avec le chinois Ananda sur la base de son moteur M100, le Naka E-Power Max délivre, en effet, jusqu’à 100 Nm, d’après Intersport. De quoi en faire l’un des moteurs les plus performants du moment, devant ceux de Bosch (CX : 85 Nm), Shimano (EP801 : 85 Nm), Brose (S Mag : 90 Nm) et Yamaha (PW-X3 : 85 Nm). Dans la pratique cependant, ce n’est pas si évident.
En effet, aussi coupleux soit-il, le Naka E-Power Max ne semble pas délivrer autant de couple qu’annoncé. Il semble plutôt offrir des performances équivalentes à celles des moteurs haut de gamme concurrents, ce qui n’est pas si mal. C’est en tout cas suffisant pour faire oublier les 27 kg du vélo, nous faire gravir de grosses montées et traverser des marres de boue sans trop peiner ou risquer de s’arrêter en plein milieu.
En revanche, l’assistance manque de progressivité, malgré un mode Smart qui adapte automatiquement le mode en fonction de notre force de pédalage, pour un comportement moins linéaire. Ce mode automatique nous a semblé trop volontaire encore ; nous aurions apprécié de pouvoir le personnaliser via l’app Naka E-Power.
Pour plus de naturel de pédalage et afin de maximiser l’autonomie, on pourra jongler entre les deux premiers modes Eco et Sport. Le mode Smart arrive en troisième position, avant le mode Boost que l’on réservera aux montées les plus raides. En effet, nous déconseillons ce mode à basse vitesse, car il a tendance à provoquer des à-coups qui peuvent provoquer des fautes de pilotage.
Le passage d’un mode à l’autre se fait avec les boutons plus et moins de la petite commande fixée sur la gauche du cintre. Leur positionnement horizontal n’est pas des plus pratique, mais on s’en accommode assez vite malgré tout. Les autres boutons, en revanche, sont trop petits pour être facilement utilisables avec des gants. On peine à manipuler le bouton de droite permettant de faire défiler les informations à l’écran. Le bouton d’assistance à la marche, bien utile pour pousser le vélo dans les montées, n’est guère plus accessible.
Moteur puissant ne rime pas avec silence et cela se confirme avec ce Naka E-Power Max. S’il n’est pas le plus bruyant du marché, il se fait entendre et on ne pourra pas l’oublier, contrairement aux moteurs Brose des VTT Rockrider E-EXPL, par exemple. Son bruit est néanmoins assez sourd pour ne pas irriter nos tympans outre mesure et on finit par s’y habituer.
Avec un tel moteur, la transmission Microshift à 10 vitesses s’avère bien employée et l’on ne regrette pas trop l’absence d’un 11ᵉ pignon plus grand. La plupart des montées se grimpent sans problème en mode Boost avec le plus petit braquet. On apprécie par ailleurs de pouvoir descendre de trois braquets d’une seule pression sur la manette de changement de vitesse.
Côté freinage, le système hydraulique Shimano MT200 offre les prestations attendues, avec une bonne progressivité et assez de mordant tant que l’on ne se lance pas dans des descentes très raides et longues. Sur le plat, un arrêt en moins de 3 m se fait sans problème, en sécurité.
Avec ses disques de 180 mm et ses étriers à doubles pistons, ce système de freinage n’est pas adapté à une pratique plus engagée en haute montagne, mais convient très bien pour les sentiers champêtres et de moyenne montagne auxquels se destine cet E-Summit 950S.
Autonomie : mollo sur l’assistance
Avec une batterie de 500 Wh, un puissant moteur et plus de 27 kg sur la balance (pesé à 27,3 kg), le Nakamura E-Summit 950S ne peut atteindre l’endurance de modèles plus légers ou dotés de plus grosses batteries (625 Wh à 750 Wh pour certains VTT à moteurs Bosch ou Shimano, par exemple). Il faut dire que la batterie représente une bonne part du coût d’un vélo à assistance électrique et Intersport ne pouvait sans doute se permettre de proposer une plus grande capacité.
Forcément, la distance maximale atteignable avec ce 950S est limitée. Nous n’avons ainsi pu parcourir que 29 km avec 500 m de dénivelé environ en mode Boost lors de notre essai (cycliste et équipement : 85 kg). Un essai sur terrain très boueux en revanche, ce qui a pu réduire l’autonomie d’une poignée de kilomètres. On est tout de même loin des 50 km et 600 D+ obtenus avec le Rockrider E-EXPL 520 S sur un parcours similaire (mais un peu plus plat et plus sec). Une déception, d’autant qu’aucun prolongateur d’autonomie ne peut être installé sur ce vélo, contrairement à ce que propose le Rockrider.
Le seul moyen de rouler plus longtemps est donc de faire moins appel à l’assistance, en se contentant dès que possible des modes Eco et Sport. Le mode Smart permet lui aussi de gagner quelques kilomètres si l’on fait bien usage de la transmission pour ne pas trop solliciter le moteur. Atteindre la cinquantaine de kilomètres devient alors possible. Les 80 km d’autonomie maximale annoncés par Intersport paraissent toutefois bien lointains et ne peuvent être atteints qu’en conditions optimales, avec un pilote léger, très peu de dénivelé et un usage exclusif du mode Eco. Autant dire que l’E-Summit 950S ne conviendra pas aux gros rouleurs, d’autant que l’inévitable usure de la batterie réduira progressivement l’autonomie.
Grâce à un chargeur délivrant 4 A, la recharge de la batterie 500 Wh du Nakamura E-Summit 950S se fait heureusement assez vite, en à peine 3 h 30. Le connecteur de la batterie reste accessible lorsqu’elle est installée dans le vélo.
L’avis de Cleanrider
| NOTE GLOBALE | |
| Confort & ergonomie | |
| Conduite | |
| Autonomie |
Plus dynamique qu’il n’y paraît, le VTT Nakamura E-Summit 950S d’Intersport délivre de bonnes performances générales. Ses suspensions Rockshox donnent satisfaction et son moteur performant masque aisément le surpoids du vélo. Il s’avère en revanche gourmand et épuise vite la batterie si l’on sollicite trop l’assistance. Les amateurs de longues sorties regretteront l’impossibilité d’ajouter une seconde batterie.
Pour moins de 3 000 €, cet E-Summit 950S profite néanmoins d’un bon rapport qualité-prix. On prendra surtout soin de rapidement changer ses pneus pour améliorer l’adhérence et la motricité tout autant que la sécurité.
| On a aimé | On a moins aimé |
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