À Londres, la trottinette partagée cartonne sans polémique, loin de Paris

En progression continue, les trottinettes électriques en libre-service confirment leur popularité à Londres, tout en affichant une faible accidentalité et un bon respect des règles de stationnement.

Au Royaume-Uni, il reste interdit de circuler en trottinette électrique personnelle. Une exception notable en Europe : en cas de contrôle, les usagers risquent une amende de 300 livres (environ 357 €) et un retrait de 6 points sur le permis. En revanche, les collectivités peuvent autoriser les trottinettes électriques en libre-service. C’est le cas de Londres, qui mène depuis 2021 un vaste programme d’expérimentation, avec 4 000 engins déployés.

La trottinette électrique partagée séduit les Londoniens

Le département des transports de Londres (TfL) a comptabilisé 5 millions de trajets depuis le lancement du service, dont 7 % ont remplacé un trajet en voiture, pour un total de 10,1 millions de kilomètres parcourus. Une enquête récente menée par TfL, couvrant la période de septembre 2023 à septembre 2024, permet de mieux cerner les usages.

Par rapport à la phase précédente, TfL note une hausse de 27 % du nombre d’utilisateurs, soit 380 000 personnes. Un chiffre à relativiser : la zone couverte par le service a été étendue à 300 km², soit trois fois la surface de Paris, où les opérateurs sont cantonnés à l’intérieur du périphérique.

Les usages évoluent aussi. Le jour de plus forte utilisation est désormais le mardi, et non plus le samedi. Fini la balade du week-end, place au « trottitaf », en alternative au vélotaf. Autre tendance : un public plus jeune, avec 63 % des usagers de moins de 35 ans, contre 59 % auparavant.

Sécurité : une accidentalité en baisse

Sur le front de la sécurité, TfL se félicite : aucun décès n’a été enregistré à ce jour sur les trottinettes en libre-service. On recense néanmoins quelques accidents graves, mais leur nombre diminue : 11 cas pour 2,2 millions de trajets en 2023-2024, contre 29 sur 3,3 millions entre 2021 et 2023. La distance moyenne par trajet est aussi plus courte (13 minutes aujourd’hui, contre 17 auparavant).

Le taux d’accident est ainsi passé à 2 cas par million de kilomètres, contre 3,9 précédemment. Des chiffres que TfL juge plus favorables que ceux liés à l’usage des trottinettes personnelles.

Stationnement : des utilisateurs disciplinés

Autre indicateur positif : 94 % des trajets se terminent dans l’un des 1 300 parkings dédiés. Une preuve de discipline, selon TfL, qui teste aussi de nouvelles technologies avec Lime et Voi : géolocalisation précise des zones de stationnement, et détection de circulation sur trottoir. Ces dispositifs restent cependant à généraliser.

Reste à savoir si cette expérimentation sera prolongée au-delà de la date légale fixée par le gouvernement britannique, soit mai 2026. Will Norman, commissaire aux mobilités de Londres, l’assure : « Les trottinettes électriques en libre-service sont une solution sûre et durable pour les Londoniens et les visiteurs. » Une position qui tranche avec les récentes interdictions à Paris ou Madrid.