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Compact et ultra-facile à plier, le Bastille E brille en ville malgré un moteur timide et une autonomie simplement correcte. Ce vélo pliant électrique mise surtout sur la maniabilité et un design ingénieux pour séduire les urbains exigeants.
Le choix d’un vélo électrique pliant repose toujours sur un compromis entre compacité et stabilité. Certaines marques penchent plus d’un côté que de l’autre, mais Bastille a voulu marier les deux.
L’idée ne vient pas d’un spécialiste du vélo, mais de la poussette. Gilles Henry, concepteur de la Yoyo vendue à plus de 2 millions d’exemplaires, a transposé le concept au vélo avec la même contrainte : conserver un format classique une fois déplié. Après plusieurs années de développement, il lance la marque en 2023 avec Quentin Bernard.
D’abord en version mécanique, le VAE pliant 27,5 pouces passe à l’électrique fin 2025. Le moteur-batterie logé dans la roue arrière permet de préserver entièrement le pliage. Un vélo unique ? Presque : le Montague M-E1, né en 2020 avec moteur central Shimano, occupe aussi ce créneau autour de 4 000 €.
Le passage au Bastille E est-il convaincant ? L’électrification améliore-t-elle ou réduit-elle le champ d’action d’un vélo pliant électrique ? Cleanrider l’a testé durant 10 jours et plus de 100 kilomètres.
Nous avions le choix entre deux versions du Bastille E, distinguées par la forme du cintre. Le vélo n’existe qu’en taille unique, avec un cadre haut classique. Résultat : une position assez active, surtout pour les grands. Bastille annonce une compatibilité entre 1,60 m et 1,90 m, ce qui est large.
À 1,84 m, nous avons dû monter la selle assez haut, d’où notre préférence pour le cintre courbé afin de conserver une posture plus droite et confortable. Le profil reste sportif, équilibrant naturellement les masses ainsi que la répartition des vibrations et des chocs. Le Bastille E est rigide : seuls le cadre et les pneus filtrent les irrégularités. C’est acceptable en ville, mais on évitera les pavés trop agressifs.
Comme tout vélo pliant urbain, le Bastille E offre l’essentiel : béquille et garde-boue. Ces derniers sont métalliques, peints comme le cadre avec une finition mate. Dommage, ils sont un peu courts et laissent remonter eau et débris, surtout en automne.
L’éclairage repose sur une dynamo indépendante de la batterie. Le phare avant s’allume dès que l’on pédale puis s’estompe à l’arrêt. Le faisceau est étroit (60 cm à 3 mètres), mais suffisant en ville. À l’arrière, le feu s’intègre parfaitement au pliage. Le porte-sacoche optionnel n’affecterait ni l’esthétique ni le mécanisme selon Bastille.


Le pliage reprend la mécanique du modèle musculaire. On bascule la selle vers l’arrière avant de la descendre, puis on bloque le pédalier à la verticale. Ce point, en apparence anodin, résout un problème courant : les pédales qui tournent pendant la manipulation. Ici, tout reste parfaitement fixe.
Il suffit ensuite d’ouvrir la charnière du cadre – en forçant légèrement – puis de replier l’ensemble. On tourne la potence et l’on peut faire rouler le vélo en tirant une poignée. Pour maximiser la compacité, la potence est amovible sur la droite et les pédales sont pliantes.

Nous avons mesuré 83 × 46 × 92 cm, légèrement plus que les chiffres officiels en raison du cintre courbé. Avec le guidon droit, on descend à 33 cm de large. Le dépliage est tout aussi simple : quelques secondes suffisent. Clac-clac, et c’est reparti.
La position de conduite confère au Bastille E un comportement assez sportif. Le guidon droit impose un pilotage dynamique, tandis que le cintre courbé relève légèrement le buste sans changer l’ADN du modèle. La largeur reste un peu juste pour de grandes morphologies.


Avec ses pneus étroits de 1,6 pouce, le vélo est très maniable et agréable en milieu urbain. Il rappelle un vélo mécanique grâce à son poids contenu de 17,2 kg : on peut pédaler moteur coupé. En revanche, la monovitesse par courroie limite les relances : au démarrage, il faut pousser fort, et le moteur ne compense pas vraiment.
Après un mode mécanique, on active l’assistance via le bouchon du moteur/prise de charge ou par l’application. Au quotidien, il suffit de pédaler après le dépliage. Avec 25 Nm de couple, le moteur arrière signé Bastille — d’origine asiatique — peine à amener rapidement le vélo à 25 km/h.

L’accélération dépend fortement du cycliste : le moteur se réveille surtout après 15 km/h et stabilise ensuite l’allure. À l’inverse, un Brompton Electric T Line de 24 Nm offre un comportement opposé. Le Bastille E grimpe pourtant bien les côtes modérées et reste silencieux. Au-dessus de 10%, il souffre, mais cela reste acceptable pour un usage urbain.

Les Shimano MT200, bien connus sur nos tests, assurent un freinage efficace. Prudence toutefois sous la pluie avec les pneus étroits : la roue arrière peut se bloquer assez facilement.
L’intégration batterie-moteur s’impose pour préserver le pliage et limiter le poids, mais cela réduit la capacité : seulement 210 Wh. Rares sont les fabricants qui adoptent cette solution. Bastille annonce 40 à 50 km d’autonomie.

En mode Max, nous avons atteint 45,1 km sur un parcours plat avant coupure moteur, puis 41 km sur un tour de Paris vallonné.
Sans écran ni voyant, tout passe par l’application. Les paliers de 20% sont très irréguliers : les 100% chutent à 80% après 15 à 20 km, 60% arrivent entre 12 et 25 km, et les derniers 20% disparaissent en moins de 4 km. Une imprécision frustrante, similaire à celle du Nakamura Crossover E.

La recharge évolue rapidement sur l’application (20% en quelques minutes, 40% en 30 minutes), puis reste longtemps affichée à 100% au-dessus de 80% réels. La batterie n’est pas amovible, mais le vélo léger et pliant reste simple à charger via la prise située à droite du moyeu.
Le guidon ne comporte ni écran ni commande : Bastille mise sur la sobriété, mais l’absence vient surtout de la nature du moteur-batterie. Contrairement à l’équivalent Zehus, aucune commande optionnelle n’est prévue : tout se gère via l’application.
Celle-ci affiche le pourcentage de batterie, les modes d’assistance et quelques statistiques comme le kilométrage total. Simple, lisible… mais limitée. On aurait aimé au minimum un verrouillage d’assistance pour éviter qu’un tiers n’utilise le vélo en électrique sans manipulation.
Lancé en novembre 2025, deux ans après la version musculaire, le Bastille E est proposé à 3 190 € au lancement, puis 3 490 €. C’est plus cher qu’un VanMoof S6 ou un Moustache Lundi 27, mais la comparaison n’a pas vraiment lieu d’être : le Bastille E n’a pas de rival direct.

Il n’existe qu’en taille unique et coloris unique, avec choix entre cintre droit ou relevé. Le porte-sacoches (99 €) constitue la seule option. La livraison annoncée est d’environ 3 semaines. Le SAV reste flou : seule une garantie de 2 ans (hors pièces d’usure) est mentionnée, et Bastille renvoie vers un e-mail ou ses revendeurs pour l’assistance ou les pièces détachées.
Ce vélo électrique est unique, et son approche l’est tout autant. On ne choisit pas le Bastille E comme un VAE classique, mais pour son concept inédit : un pliage révolutionnaire associé à un format 27,5 pouces qui lui donne l’allure et le comportement d’un vrai vélo, confortable, agile et réussi esthétiquement. Si la version mécanique suffit aux trajets courts et sportifs, notre essai confirme que la version électrique élargit nettement le rayon d’action, malgré une assistance timide qui assure surtout un roulage fluide entre 20 et 25 km/h et facilite les côtes modérées. L’autonomie reste correcte – environ 40 km minimum – même avec la mini-batterie intégrée, mais l’absence d’écran ou de voyant impose de dépendre d’une jauge d’appli imprécise. Certains trouveront son tarif de 3 490 € élevé, mais le Bastille E joue clairement la carte du design, de la simplicité, d’un pliage sans équivalent et d’une fabrication française qui mérite un petit cocorico.
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