Selon un rapport publié par les hôpitaux de Paris (AP-HP), les patients pris en charge suite à un accident de trottinette électrique peuvent présenter des lésions aussi sévères que celles observées sur d’autres catégories d’engins.
Face à l’explosion du nombre d’accidents en trottinettes électriques, les soignants tirent la sonnette d’alarme. Dans une nouvelle étude, les hôpitaux de Paris (AP-HP) se sont intéressés aux blessures observées chez les utilisateurs. Publié le 30 juin 2023 dans la revue JAMA Network Open, le rapport a ainsi analysé 5 233 patients accueillis dans 26 centres de traumatologie à la suite d’un accident de la route impliquant un EDPM*, un vélo ou une moto entre le 1ᵉʳ janvier 2019 et le 20 décembre 2022.
Un nombre d’accidents en nette hausse
L’étude souligne que le nombre de patients admis suite à un accident de la voie publique impliquant l’usage d’un EDPM a été multiplié par 2,8 en 4 ans, soit 229 patients gravement blessés sur cette période. « Les accidents graves impliquant des EDPM survenaient plus souvent le soir et week-end. De plus ils survenaient dans un contexte d’alcoolisation supérieur au seuil légal (>0.5g/L) dans un tier des cas » précise le rapport de l’étude.
Un chiffre qui reste à prendre avec un certain recul puisqu’il faut aussi prendre en compte le fait que le nombre en circulation a considérablement augmenté au cours des dernières années. Selon le baromètre de la Fédération FPMM, 759 000 engins ont été vendus dans l’Hexagone sur la seule année 2022.
Une absence de casque qui augmente le risque de traumatisme crânien
Au-delà du nombre de patients pris en charge, l’étude s’est également intéressée à catégoriser la gravité des blessures observées en se basant sur l’ISS (Injury Severity Score). Utilisé pour évaluer la gravité des traumatismes, ce score médical est mortalité, la morbidité et le temps d’hospitalisation après un traumatisme.
L’étude a ainsi démontré que les conducteurs d’EDPM présentaient un ISS supérieur à 16 (soit un traumatisme sévère) dans 45,5 % des cas. « Les trois quarts de ces patients étaient hospitalisés en réanimation. L’hospitalisation était souvent longue (15 jours en moyenne) et 9% des usagers d’EDTM gravement accidentés sont décédés, majoritairement du fait de traumatismes crâniens graves » détaillent les auteurs du rapport.
Selon l’AP-HP, les utilisateurs d’EDPM présentent deux fois plus de risques de présenter des traumatismes crâniens que les motocyclistes. En cause : le casque, non obligatoire, aujourd’hui utilisé par moins de 25 % des utilisateurs. Un constat similaire à celui réalisé en 2022 par l’Université de Californie et qui pourrait relancer le débat autour de l’obligation du port du casque pour les utilisateurs.
* Engins de Déplacement Personnel Motorisé incluant trottinettes électriques, gyropodes, monoroues et hoverboards
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