Les Français veulent des trottinettes électriques plus chères et plus durables

Les chiffres du baromètre Fédération FPMM / Smart Mobility Lab ont mis au jour un tournant sur le marché des trottinettes électriques. Les usagers français sont de plus en plus nombreux à payer plus cher pour circuler sur des modèles plus qualitatifs.

Baisse du nombre, hausse du CA

En croisant un peu trop vite les chiffres des ventes, on pourrait trouver contradictoire la baisse du nombre de trottinettes électriques vendues par rapport à la hausse constatée en valeur. Au bout de 5 ans, nous nous étions habitués à des adoptions record avec une croissance à 2 chiffres.

En 2021 encore, la progression était d’environ 42 % avec 908 000 exemplaires recensés par la Fédération des professionnels de la micromobilité. Pour l’année dernière, le baromètre montre une régression de 16,4 %, avec un volume qui a chuté à 759 000 unités. Dans le même temps, le chiffre d’affaires a continué à s’élever : + 14,5 %. Il pèse désormais 345 millions d’euros.

C’est dans le détail qu’il faut aller rechercher la raison de cette situation. Un rapide calcul donne pour cela un indice précieux : Les Français ont consacré l’année dernière en moyenne 455 euros pour adopter une trottinette électrique, contre 341 euros en 2021. C’est tout de même 114 euros de plus. Autrement dit, nous observons là une progression de 33,4 % du montant que les usagers sont désormais prêts à mobiliser pour cet engin.

Répartition des ventes chamboulée

En 2021, les ventes des trottinettes électriques affichées à moins de 300 euros représentaient une part de 54 %. L’année dernière, elles ont subi un lourd recul à 28 %, alors que toutes les autres tranches ont connu une importante progression. Les modèles neufs dont le prix est compris entre 300 et 500 euros sont devenus majoritaires, pesant désormais 47 %, contre 38 % en 2021.

Cette année-là, les ventes de trottinettes électriques haut de gamme étaient plutôt anecdotiques. Seulement 6 % pour les modèles coûtant entre 500 et 800 euros. Mais en 2022, c’est cette tranche qui a connu la plus belle évolution en points en atteignant les 20 %. Même les versions pour un usage intensif, à plus de 800 euros, ont gagné des adeptes en passant de 2 % des ventes en 2021 à 4 % l’année dernière. Pourtant, le prix moyen pour ces modèles a évolué un an de 793 à 962 euros, selon la FPMM.

Pour le vice-président de la fédération, Grégoire Hénin, cette montée en gamme du côté des trottinettes électriques « est une très bonne nouvelle pour le marché de la micro-mobilité ». Ce qu’il interprète comme une volonté grimpante de la part des utilisateurs de signer pour « des engins qui répondent parfaitement à leur besoin, plus fiables et toujours plus réparables ».

2,5 millions d’utilisateurs en France

Combien la France compte-t-elle d’utilisateurs qui possèdent leur propre trottinette électrique ? La fédération indique qu’ils sont plus de 2,5 millions. Sans compter les usagers qui ne se déplacent qu’avec des exemplaires en location. « Le marché entre dans une phase de consolidation forte », estime l’organisme.

En passant à la trottinette électrique pour leurs déplacements quotidiens, 50 % des utilisateurs économiseraient entre 30 et 100 euros par mois. Un usager sur 10 se serait séparé d’un véhicule motorisé grâce à elle, et 1 sur 5 aurait renoncé à en acheter un.

Parce qu’il est relativement facile de l’embarquer dans les transports en commun ou le coffre d’une voiture particulière, 48 % des usagers font de la trottinette électrique un élément pour leurs trajets multimodaux. C’est en particulier le cas pour les déplacements pendulaires qui s’effectuent en partie, au départ comme à l’arrivée, ou à l’un des 2 bouts, dans des zones urbaines.

Pourquoi opter pour des trottinettes électriques de plus en plus chères ?

Ce n’est pas une, mais un ensemble de raisons qui expliquent l’intérêt pour des trottinettes électriques de gammes supérieures. Parmi elles, l’aisance prise par les premiers adoptants, qu’ils aient été ou non possesseurs de leur propre exemplaire.

En passant à ce mode de transport, nombre d’usagers y sont allés prudemment, afin d’évaluer si cet engin pouvait véritablement répondre à leurs besoins pour une grande majorité de leurs déplacements. Une fois cette étape validée, il est courant de vouloir passer à un meilleur modèle qui apportera encore plus de satisfaction et permettra de réaliser des trajets plus lointains.

Avec l’augmentation du prix des énergies, une conscience de l’empreinte carbone de ses propres voyages, et une saison moins rigoureuse, un phénomène s’est particulièrement développé cet hiver : l’usage de la trottinette électrique même dans les petites villes de province, y compris en empruntant des routes de campagne de nuit. Ces adeptes, sans doute encore plus téméraires, n’hésitent pas à s’équiper d’un puissant éclairage, à la fois sur l’engin et sur le casque.