On a testé la Sharp KS4A : une trottinette électrique qui muscle son jeu, mais est-ce suffisant ?  

Sharp complètesa gamme de trottinettes électriques avec la nouvelle Sharp KS4A. Présenté comme le modèle le plus haut de gamme de la marque, celle-ci promet une conception robuste et un bon confort d’utilisation grâce à des roues gonflables de 10 pouces et une suspension à l’arrière. Ses clignotants intégrés au guidon ou encore son autonomie annoncée de 40 km sont deux autres de ses atouts que nous avons vérifié sur la route. Verdict pour ce premier test ! 

Annoncées en avril dernier pour une commercialisation à l’été 2023, les nouvelles trottinettes électriques de Sharp ne devraient plus tarder à débarquer massivement sur notre marché – elle est pour l’heure disponible sur Amazon. Deux modèles au programme : la KS3A sur le milieu de gamme et la KS4A au positionnement plus premium. C’est cette dernière que nous avons reçue en test pour évaluer les évolutions apportées par le constructeur sur ce millésime 2023. Vendue 799 euros, elle se place sur un segment où l’offre est pléthorique et la concurrence sérieuse, notamment du côté des trottinettes Ninebot Segway ou encore de Xiaomi avec l’Electric Scooter 4 Pro. Sharp va donc devoir faire la différence avec sa KS4A et cela risque de ne pas être simple compte tenu de la plateforme qui nous semble un peu trop classique.

À commencer par son moteur de 350W intégré dans la roue arrière. Nous reviendrons sur ses performances et les bénéfices d’une telle intégration, comme sur l’autonomie réelle de la batterie Lithium-Ion 374 Wh (36 V – 10,4 Ah) pour laquelle le constructeur annonce une endurance (optimiste ?) de 40 kilomètres. Sharp met en avant la polyvalence et la robustesse de sa trottinette électrique équipée de pneumatiques 10 pouces, d’un deck plutôt spacieux et d’une suspension sur la roue arrière pour amortir les défauts de la route. Évaluons tout cela dans le détail.

 

Confort et ergonomie

Jusqu’à présent, les trottinettes de Sharp affichaient un style assez classique, voire même plutôt quelconque. Vous savez ce que l’on dit sur les goûts et les couleurs, mais il nous faut bien reconnaître que celles-ci ne nous évoquaient pas grand-chose. C’est sans doute pour cette raison que la KS4A parvient à nous surprendre… un peu. Sans être une révolution, on apprécie un peu plus de “sportivité”, de robustesse et de soin porté aux finitions.

C’est en tout cas la lecture que nous en faisons. Les carters plastiques disposés de-ci de-là sont à la fois fonctionnels – car ils intègrent des bandes réfléchissantes – et esthétiques.  Sachez d’ailleurs que ces parties sont amovibles, mais on doute que Sharp les propose en tant que pièces de rechange si d’aventure celles-ci venaient à être abîmées, rayées ou cassées.

Quoi qu’il en soit, ces pièces ajoutent à la qualité de conception et la finition de cette trottinette électrique : on apprécie. Vous l’aurez sans doute remarqué, mais le guidon de la KS4A n’est pas réglable en hauteur. Cela ne sera un problème, sauf peut-être, si votre taille dépasse 1m80. Avec notre mètre soixante-quinze, nous n’avons eu aucun problème à trouver une position confortable puisque Sharp opte pour une hauteur de guidon classique d’un mètre par rapport au deck.

Le deck  mesure pour sa part environ 15,5 cm de large par 58 cm de long. La surface flanquée de logos Sharp nous a offert un grip de qualité, aussi bien par temps sec que pluvieux.  Ajoutons à ce propos que la garde au sol (hauteur qui sépare le dessous du deck du sol) est d’environ 12 cm et que, cette fois-ci, la surface supérieure du deck se trouve à environ 20 cm du sol. Une caractéristique liée aux fait que la trottinette utilise des pneus de 10 pouces et qui permet de limiter les projections d’eau sur les pieds lorsqu’on circule sur routes mouillées.

À ce sujet, on aime aussi les larges garde-boue. Tout d’abord, celui de l’arrière profite d’un design un rien travaillé et renforcé, notamment pour accueillir la colonne de direction. À la manière des trottinettes Xiaomi et autres, une fois repliées, il faut clipser le crochet présent sur le guidon à celui du garde-boue arrière pour verrouiller le tout.

Dépliée, la KS4A mesure 123 cm de haut, 56 cm de large et 118 cm de long. Repliée, la largeur et la longueur ne changent pas, mais sa hauteur passe à 50 cm. Dans le cas d’une utilisation multimodale, elle pourra se glisser sous une banquette de train ou de bus, par exemple. Sachez par ailleurs que celle-ci pèse 18,3 kg, ce qui n’en fait pas un modèle léger à porter à bout de bras pour gravir quelques marches par exemple. En revanche, c’est au profit de sa robustesse (elle pourrait transporter une personne de 120 kg) et de la stabilité du produit sur la route, mais nous y reviendrons.

Dépliée Pliée
Largeur 56 cm 56 cm
Hauteur 123 cm 50 cm
Longueur 118 cm 118 cm

 

Mention spéciale pour les finitions qui sont bonnes, jusque dans la qualité des soudures de la pièce en col de cygne qui relie la colonne de direction au deck. Côté design donc, rien à dire, la KS4A n’innove pas, mais le constructeur revoit ses standards à la hausse et ça fait du bien. Toujours au chapitre des petits trucs malins, notons que l’accroche qui se clipse sur le garde-boue est conçu de sorte à ce qu’il soit facile à décrocher par une simple pression du pouce. Cela ne rend que plus simple la procédure de pliage et dépliage de cet engin.

Tout n’est pas rose pour autant !

Un autre détail a su se faire apprécier durant notre test, à savoir que la valve permettant de gonfler le pneu avant de 10 x 2.5 pouces à chambre à air est facilement accessible. Nous avons pour habitude d’assurer la bonne pression de nos trottinettes et vélos testés à l’aide de notre gonfleur portatif Xiaomi et la conception de cette Sharp rend la chose très simple, fort malheureusement, pour la roue avant seulement !

En effet, (re)gonfler la roue arrière avec notre mini gonfleur est une vraie galère et c’est encore pire avec un embout souple – en raison de l’épaisseur de la tête – de celui d’une pompe manuelle classique. La valve coudée est très difficile d’accès en raison de la présence du moteur et de sa conception très rigide. Il est difficile de la faire pivoter un peu visser l’embout. Bref, vous l’avez compris, Sharp aurait pu faire mieux : il faut vraiment s’armer de patience. Quoi qu’il en soit, vous pouvez consulter notre dossier sur les mini gonfleurs pour choisir le vôtre afin de vous équiper pour (toujours) rouler (en sécurité), dans des conditions optimales et limiter les risques de crevaison.

Concernant la sécurité justement, nous regrettons que Sharp n’ai pas accordé plus d’attention à la qualité des éclairages. A l’avant, non seulement le petit phare LED n’est pas très puissant, mais il n’est pas orientable non plus. Certes son intégration de la sorte permet en contrepartie de réaliser une trottinette avec de belles finitions et un passage de câble soigné, mais on ne trouve pas sur le guidon la moindre place pour ajouter un éclairage plus performant.

Et que dire du feu de stop. Si la partie réflecteur est plutôt d’une taille classique, la diode rouge à l’intérieur est minuscule !  La visibilité est à peine correcte lorsqu’il fait nuit (ou sombre), mais en plein jour elle devient invisible : ne comptez pas sur celle-ci pour avertir ceux qui vous suivent que vous freinez.

 

Au guidon de la Sharp KS4A

La Sharp KS4A propose naturellement trois mode de conduite : 1, 2 et 3 correspondant à des limitations de 6, 20 et 25 km/h. Nous n’avons pas quitté le mode 3 pour profiter des meilleurs performance sous la gâchette. Des modes qu’on sélectionne depuis l’écran, la touche dédiée présente sous l’écran de contrôle. Un appui bref permet de changer de mode et un appui long sert à allumer les éclairages.

De son côté, l’écran d’ailleurs assez large indique le mode choisi, l’état de charge de la batterie, les kilomètres parcourus et la vitesse. On trouve aussi sous l’écran une prise USB permettant de recharger un smartphone en utilisant la batterie de la trottinette. Mais comme nous le disions plus haut, il reste assez peu de place sur le guidon pour y ajouter un support smartphone.

Ce qui nous emmène à vous parler rapidement de l’application mobile et de ses fonctionnalités… minimalistes. On retrouve sur la page d’accueil des options pour verrouiller le moteur de la trottinette, allumer ou éteindre le phare ou encore activer ou désactiver le régulateur de vitesse. Celui-ci s’active ensuite sur la route en pressant la gâchette d’accélérateur pendant quelques secondes. Un bip se fait entendre lorsque le régulateur s’active et un voyant s’éclaire sur la console.

Une autre fonction de l’application permet d’utiliser le smartphone comme un compteur (mais où le placer alors ?) et enregistrer votre trajet. Le souci c’est que nous avons pu remarquer des lenteurs et, surtout, si le smartphone se verrouille l’enregistrement s’arrête. Une application un peu bancale donc, qui permettra cependant de mettre à jour le firmware de la trott’.

Nous avons déjà abordé l’aspect confort du deck et du guidon assez haut pour notre taille. Abordons désormais le confort procuré par les poignées de la KS4A. Celles-ci sont conçues dans une sorte de caoutchouc souple plutôt agréable en main – même si notre préférence va aux poignées dotées d’un repose paumes. Leur matière contribue indiscutablement à procurer un bon grip, mais, surtout, leur matière permet d’amortir quelque peu les vibrations provoquées par les défauts de la route.

Pas autant que si la trottinette était dotée d’une suspension à l’avant, mais c’est déjà ça. Évidemment, les pneumatiques 10 x 2,125 pouces gonflables aident, comme la suspension arrière qui, pour le coup, s’est avérée efficace lors des tests. Efficace pour le confort comme pour la sécurité, car en absorbant les reliefs, elle renforce l’adhérence et donc la sécurité.

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Quid de la sécurité sur la route

En parlant de sécurité, on ne peut que saluer la présence des clignotants intégrés dans les embouts du guidon. Sachez que ceux-ci n’augmentent pas spécialement la largeur du guidon (56 cm), conférant une bonne position des mains par rapport au buste sans impacter le format qui reste assez compact pour se faufiler entre les voitures le cas échéant.

Pour en revenir aux clignotants, ceux-ci s’activent par une petite commande très accessible, située sur la partie gauche du cintre. Nous avons rapidement pris le reflexe de nous en servir, mais malheureusement, nous restons plutôt persuadés que ceux-ci sont assez peu visibles. A l’image du feu de stop arrière que nous critiquions plus haut, ils ne devraient être visibles que lors des trajets dans la pénombre. De jour, nous avons préféré continuer de tendre le bras pour indiquer nos intentions à certains automobilistes un peu trop pressants. La bonne nouvelle c’est que la KS4A offre une très bonne stabilité et qu’il est possible d’ôter une main du guidon sans zigzaguer.

Sur nos différents parcours de tests, cette KS4A s’est montrée très rassurante à piloter. Les pneumatiques sont de bonne qualité, la suspension arrière est efficace et la bonne largeur du deck permet de rester stable sur ses appuis, bien accompagner la trottinette en courbe, mais aussi d’adopter une bonne posture pour ne pas se fatiguer sur les plus longs trajets. Nous avons été agréablement surpris par sa tenue de route et sa capacité à encaisser les choses sur les routes pavées et dégradées.

Le choix d’une intégration du moteur dans la roue arrière est toujours pour nous une bonne nouvelle. Nous avons toujours l’impression d’une meilleure motricité et, surtout, la roue avant est plus légère et absorbe mieux les chocs notamment lorsqu’on monte sur un trottoir pour rejoindre une piste cyclable, par exemple. Le double système de freinage mécanique fait indiscutablement partie des atouts de cette trottinette électrique qui s’est avérée efficace dans toutes les situations y compris par jours de pluie.

La KS4A a très bien réagi à une portion de route très dégradée et avec une descente à 12 %  où nous avons pu atteindre près de 40 km/h selon le GPS de notre montre – 43 km/h au compteur – là où beaucoup de trottinettes deviennent instables au-delà de 33 km/h. Arrivé en bas, le freinage s’est très bien comporté, mais c’est aussi parce que nous avions pris le temps de l’ajuster.

Gare au freinage en sortie de carton

Le souci, que nous avons d’ailleurs partagé avec les équipes techniques basées en Pologne, c’est que ni le frein à disque à l’arrière, ni le frein à tambour à l’avant n’ont été réglés en sortie d’usine. En d’autres termes, l’efficacité du freinage est mauvaise en sortie de carton, en tout cas pour notre modèle de test. Il est impératif (selon nous) de procéder aux réglages de ceux-ci avant de prendre la route ! A l’avant, quelques tours de vis suffisent à régler les mâchoires et rendre le freinage efficace.

En revanche à l’arrière, pour obtenir un mordant à la hauteur de nos attentes, il nous a fallu démonter l’étrier – le simple réglage de vis au guidon et la tension du câble ne suffisaient pas à nous procurer une bonne bonne sensation. L’occasion de constater que Sharp a visiblement opté pour un système qui ne devait pas être complètement adapté à cette KS4A. C’est en tout cas ce que nous laisse penser la visserie et la superposition de ses quatre rondelles (deux concaves et deux convexes) qui permettent de compenser l’écart qu’il y a entre le support et l’étrier.

Pour régler efficacement ce type d’étrier avec un seul piston flottant, il faut intervenir sur la vis présente à l’arrière, qui fait avancer le piston fixe. Un réglage minime qui aura fait une différence de taille sur la route.

 

Un moteur un peu sous dimensionné

Ce qui n’est pas possible d’améliorer en revanche, ce sont les accélérations un peu molles de la KS4A. Compte tenu de notre poids d’environ 85 kg et du poids de la trottinette elle-même, le moteur de 350 Watts s’avère un peu léger pour offrir des accélérations valables. La vitesse de pointe de 25 km/h est modestement atteinte sur le plat et les légers dénivelés, mais il ne faudra pas trop lui en demander.

Ce petit moteur gère plutôt bien les longues, mais pas trop importantes montées tant que la batterie a de la ressource. Sans surprise, elle n’aura pas réussi à gravir la montée de notre parcours de test, mais aucune des trottinettes avec un moteur de 350 W n’y parvient. En revanche, nous avons été surpris par sa capacité à tenir la distance. En effet, même avec moins de 20% de batterie, la KS4A parvient à atteindre les 25 km/h,  certes avec un peu plus de difficulté encore, mais elle y parvient. En tout cas, sur le plat et faux plat, car le moindre relief la rend bien plus poussive.

Autonomie

Sharp promettait une autonomie de 40 km pour cette trottinette et sa batterie de 374 Wh. Une autonomie comme toujours très optimiste et défini selon des critères qui ne sont d’ailleurs pas clairement communiqués et pour cause, aucune procédure de test n’encadre réellement la donnée. Cependant, il semble que l’électronique de puissance fasse correctement son office car l’autonomie de la KS4A n’est pas ridicule, surtout que, comme nous le disions, la modeste performance est maintenue quasiment sur toute la capacité de la batterie.

C’est donc sous notre poids de près de 85 kg et sur notre parcours de test affichant de la piste cyclable, des routes dégradées mais aussi de pavés, des dénivelés positifs et négatifs, que cette KS4A a tenu exactement 27,3 km (par une météo à 21 degrés) avant que son dernier voyant de batterie ne commence à clignoter. Bien entendu, l’autonomie pourrait dépasser les 30 km si vous êtes plus léger, mais de manière générale, pour les utilisateurs de plus de 75 kg, nous recommandons des trottinettes ayant un moteur d’au moins 500 watts pour se sentir à l’aise et en confiance sur la route.

Quoi qu’il en soit, il faut ensuite compter plus de 6 heures pour refaire le plein, ce qui semble interminable. La faute à un chargeur de 42 V et 1.5 A qui, à défaut d’être performant, offre 3 mètres de câble ce qui facilitera l’accès à la recharge.

Test Sharp KS4A – bilan de l’essai 3/5

Sur le papier, Sharp semblait s’être donné les moyens de réaliser une trottinette électrique assez sérieuse, prête à se faire une bonne place sur le marché. Cependant, nos inquiétudes quant à son rapport équipement/prix se vérifient à l’issue de ce test. Vendue 799 euros, la KS4A peine à faire vraiment la différence sur un marché très concurrentiel. Si le confort au guidon de l’engin est bon et son application mobile pratique, pour le reste, elle est un peu trop classique. A ce niveau de prix, un moteur 500 Watts aurait apporté ce petit truc en plus qui fait défaut. En somme, la KS4A est assurément la meilleure des trottinettes commercialisées par Sharp, mais il faudra atteindre que celle-ci soit proposée en promotion pour s’y intéresser.

Note globale 3/5

NOTE GLOBALE
Confort & ergonomie
Conduite
Autonomie
On a aimé On a moins aimé
  • Le confort
  • La conception globalement réussie et robuste
  • Les doubles freins mécaniques
  • L’application mobile
  • Le petit feu de stop
  • La puissance du moteur
  • L’autonomie un peu juste

 

David Nogueira
David Nogueira

Journaliste, essayeur

A la fois curieux et passionné par la tech et les nouvelles mobilités, David aime s'attarder sur toutes les innovations qui nous facilitent la vie.


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