Week-ends, vacances, comment le vélo électrique change la donne du voyage

Eric Dupin · 2 Déc 2022 17:00 ·
Route paysage

(photo : Eric Dupin)

Dans cette chronique [*], nous avons souvent évoqué le vélo à assistance électrique sous l’angle pratique et fonctionnel du quotidien, et plus particulièrement du vélotaff.

Mais, en devenant de plus en plus puissantes, fiables, confortables, avec une autonomie grandissante grâce à l’amélioration progressive de la technologie des batteries, ces machines s’avèrent polyvalentes, et permettent désormais d’envisager des trajets au long cours, que ce soit pour partir en week-end, voire même en vacances dans des conditions physiques qui ne sont plus réservées aux vainqueurs du Tour de France.

Le VAE-tourisme fait d’ailleurs de plus en plus d’adeptes, notamment en Europe, où de nombreuses sociétés et agences spécialisées dans ce domaine ont vu le jour ces dernières années pour faciliter le voyage en vélo électrique en proposant des packs « all inclusive » comprenant la location du vélo, la logistique, le transport éventuel des bagages, les repas et l’hébergement, sur des itinéraires en boucle ou de point à point.

Mais on peut aussi partir de chez soi hors de tout voyage organisé et de tout sentier battu, et parcourir des centaines, voire des milliers de kilomètres au guidon de son VAE pour des vacances originales, vraiment différentes, et bien sûr, écologiques, dont on aura tracé l’itinéraire soi-même. En fait, le VAE permet aux couples, aux groupes et aux familles ayant des niveaux de condition physique et d’expérience différents de voyager ensemble et rendent le cyclisme accessible sur des itinéraires difficiles et de longues distances. C’était déjà le cas avec le vélo musculaire, mais dans une moindre mesure, car une fois que vous avez franchi la barre des 20 ou 30 kilomètres, pour de nombreux cyclistes, le vélo devient assez fatigant, et peu dépassent réellement ce seuil. Ce qui peut rendre un périple long et assez rapidement décourageant, surtout quand il faut renouveler l’effort chaque jour.

Le vélo à assistance électrique résout ce problème en donnant un petit coup de pouce quand vous en avez besoin, l’assistance au pédalage fournissant juste assez d’élan pour essayer des itinéraires qui, autrement, ne seraient pas dans sa zone de confort. Et on se fatigue moins vite, on peut pédaler plus longtemps, ce qui ouvre des possibilités d’excursions que certains n’envisageraient même pas. De fait, en VAE, on peut aisément parcourir entre 50 et 80 kilomètres par jour en roulant entre 3 et 5 heures quotidiennement sans être pour autant un champion ni avoir un physique exceptionnel. La limite se situera d’ailleurs davantage dans l’autonomie réelle de la batterie que dans ses propres capacités physiques.

Partir pour un long périple en VAE peut alors devenir une expérience magique et hors du commun. Il y a donc plusieurs façons de le faire, regardons cela plus en détail.

Partir de chez soi

C’est la solution la plus économique, et la moins contraignante. Et peut-être aussi, pour certains, la plus séduisante en termes d’expérience. Et c’est faisable de la même façon, que l’on habite en centre-ville ou à la campagne. Bien sûr, selon que vous avez prévu de bivouaquer, de camper ou d’opter pour le confort d’un hébergement à l’hôtel lors de vos étapes, votre chargement sera différent. Il variera aussi en fonction de la durée de votre périple. Il va donc falloir rationaliser au maximum ce que vous emportez, mais la contrainte n’est pas si drastique. Un bon sac à dos et deux sacoches ont la même capacité d’emport que cette bonne vieille valise cabine qui vous accompagne habituellement pour vos séjours d’une semaine. Partir de chez soi suppose cependant de faire une boucle ou un aller-retour, seule « limitation » à ce type de voyage.

Emporter son vélo avec soi

Si l’on dispose de la place et de l’équipement nécessaire, et que l’on n’a pas envie de pédaler jusqu’à son lieu de villégiature, on peut mettre son vélo dans sa voiture (ou son camping-car). C’est le choix que font de nombreux nomades à VAE. Cela permet d’aller plus loin et de réserver ses forces pour la visite de la région (ou des régions) dans laquelle on établit son camp de base. Une option qui comporte quand même quelques inconvénients et qui n’est pas à la portée de tout le monde car toutes les voitures ne peuvent accueillir aisément de deux à quatre VAE pesant chacun entre 20 et 25 kilos, avec de surcroit des problématiques de résistance à l’air qui peuvent notamment plomber l’autonomie si on est en voiture électrique.

Louer sur place

Il n’existe plus un seul lieu de villégiature dans notre pays (et probablement dans toute l’Europe) qui n’ait pas son échoppe – ou ses échoppes – de location de vélo électrique. Que vous vouliez faire le tour de l’Ile de Ré, une excursion musclée dans le massif du Lubéron ou même simplement visiter Lyon ou Bordeaux, vous trouverez de multiples offres, en mode freestyle ou accompagné. Si vous n’avez assez de place pour caser vos propres vélos dans ou sur votre voiture, cela peut être une solution intéressante. Attention cependant, cela peut s’avérer coûteux : compter entre 25 et 70 euros la journée et entre 200 et 350 euros la semaine selon la monture. Là aussi, la contrainte est souvent la même, à savoir de rendre le vélo où on l’a pris.

Mettre son vélo dans le train

L’intermodalité ce n’est pas qu’à la ville pour les navetteurs. C’est également une option pour celles et ceux qui veulent emporter leur monture tout en profitant des avantages du train, pour un voyage encore plus écolo. Cela suppose quand même quelques contraintes, notamment quand il faut déplacer, voire porter, son lourd vélo électrique en plus de ses bagages à l’occasion d’un changement de train lors d’une correspondance. Ajoutons à cela le fait qu’en France, la SNCF ne fasse pas grand chose pour favoriser ce mode de déplacement, et le périple peut vite tourner à la galère.

Utiliser les services d’un prestataire all inclusive

Il existe désormais en France et dans tous les pays d’Europe de nombreux prestataires qui proposent des séjours avec itinéraires clé en main incluant la location d’un vélo électrique. Vous pouvez ainsi choisir votre pays et votre région de destination et choisir un trajet, sa distance, sa durée en jours, et tout sera pris en charge. Vous n’aurez qu’à vous concentrer sur le pédalage et les paysages. Les itinéraires choisis sont souvent optimisés à la fois pour le vélo (pas trop fréquentés par les voitures, voire des voies réservées aux vélos) et pour la beauté des paysages. En France, ce n’est pas le choix qui manque, tapez quelque chose comme « excursions tout inclus vélo électrique » dans Google et vous allez vite trouver votre bonheur. L’un des avantages de ce type de prestation réside dans le fait que vous pouvez vous prendre le vélo à un point A et le rendre à un point B distant de plusieurs centaines de kilomètres. Pas de boucle ni d’aller-retour imposé.

Suivre un itinéraire balisé

Péloponnèse, Sardaigne, côte Amalfitaine, Provence, ViaRhôna de Genève à la méditerranée via Lyon… Les itinéraires balisés et réservés au vélo sont légion en Europe, pour le plus grand bonheur des VAEistes, qui se ruent sur ces superbes périples dès l’arrivée des beaux jours. Une façon originale et souvent époustouflante de découvrir les trésors d’une région, voire la variété de plusieurs régions successives.

Et l’autonomie dans tout ça ?

Nous parlions en début de cet article de la question de l’autonomie du vélo électrique. En-deça de 50 à 60 kilomètres par jour ce n’est pas vraiment un problème. Cela étant, méfiez-vous des VAE qui promettent 100 km d’autonomie, voire plus. C’est comme avec les voitures électriques : cette autonomie est calculée dans des conditions optimales de température, de déclivité et de mode d’assistance. Si vous avez l’habitude de rouler avec l’assistance maximale (souvent le mode Turbo ou Boost), que vous êtes un peu chargé et qu’il fait frais, l’autonomie va vite dégringoler. C’est pour cette raison qu’il vaut mieux miser sur 50 à 60 kilomètres pour ne pas avoir de mauvaises surprises.

Reste la question de la recharge, qui se fera probablement le soir à l’étape, à condition d’accéder à une prise électrique… et d’avoir le temps, car une recharge complète de VAE peut prendre jusqu’à 8 heures. C’est là que le besoin de stations de recharge rapide à l’instar des superchargeurs de voitures électriques peut éventuellement se faire sentir. Pouvoir par exemple récupérer 80 ou 90% de batterie pendant une pause déjeuner serait un schéma idéal, et permettrait de doubler la distance parcourue en une journée. Et donc d’aller plus loin ou plus vite…

En conclusion

Les voyages à vélo électrique vont certainement se développer fortement dans les prochaines années, à tel point que certains ne prendront peut-être tout simplement plus leur voiture pour des séjours pas trop lointains. Les services et les infrastructures sont déjà en place. Il reste des efforts à faire sur le transport en train (ou en bus), la recharge rapide publique dédiée aux VAE, et sur la prévention contre le vol. Mais vraiment, l’aventure est au coin de la rue (et du guidon). Il n’y a plus qu’à.

[*] qui est signée, et qui n’est pas « rédigée par une stagiaire »

Spécialiste en innovation dans le domaine du digital et fan d’automobile et de nouvelles mobilités, Eric est éditorialiste sur Cleanrider où il anime la rubrique Roue Libre.


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