Les constructeurs vous embrouillent, voici comment évaluer la vraie autonomie de votre vélo électrique

Un couple en vélo électrique

Avec leur popularisation, l’autonomie des vélos à assistance électrique a fortement progressé depuis les dernières années. Mais elle reste fortement liée à divers critères d’utilisation. L’occasion de faire le point afin de mieux anticiper vos sorties.

L’autonomie d’un vélo électrique, c’est-à-dire la distance qu’il peut parcourir sur une seule charge, dépend de plusieurs éléments. Tout d’abord, le poids du cycliste a un impact important – plus le cycliste est léger, plus l’autonomie sera élevée.1 Ensuite, le niveau d’assistance électrique choisi par le cycliste joue un rôle crucial – plus l’assistance sera élevée, plus la batterie se videra rapidement.

Le terrain parcouru est également un facteur déterminant – rouler dans des zones vallonnées ou montagneuses réduira l’autonomie par rapport à un trajet plat. Enfin, la quantité de bagages transportés aura aussi une influence sur l’autonomie.

Il est donc impossible pour les fabricants de vélos électriques de donner une autonomie précise, car trop de paramètres entrent en jeu. Les chiffres annoncés sont souvent exagérés, pouvant être jusqu’à quatre fois supérieurs à la réalité.

50, 100, 150, voire plus de 300 km d’autonomie, c’est aujourd’hui ce qu’annoncent certains fabricants de vélos à assistance électrique. Mais évidemment, personne n’est dupe. L’industrie a, en effet, toujours été très habile pour afficher des chiffres très optimistes n’ayant souvent qu’un lointain rapport avec la réalité. C’était vrai pour la consommation de carburant des voitures thermiques, pour l’autonomie des ordinateurs portables (ah ce bon petit HP annoncé pour 8h qui n’a jamais dépassé les 2h30…), pour les smartphones et même pour les voitures électriques, avec la fameuse norme WLTP. Une norme qui a le mérite d’exister et qui n’est, au final, pas si irréaliste que cela… à condition de ne pas prendre l’autoroute.

Pas de norme de consommation pour les VAE

Pour les VAE et autres engins de déplacement personnels motorisés, c’est encore plus simple : il n’y a pas de norme officielle. Les constructeurs peuvent donc annoncer à peu près ce qu’ils veulent, mais surtout sans véritablement s’exposer au risque d’une référence de comparaison.

Cela étant, loin de nous l’idée d’insinuer que les caractéristiques annoncées seraient mensongères ou trompeuses. Elles sont probablement réalistes, mais dans des conditions idéales qui sont rarement réunies en usage réel et quotidien. Par exemple, quand on vous promet 100 km de rayon d’action, c’est probablement en mode Eco, sur du plat, avec une température extérieure « idéale » située en gros entre 18 et 25 degrés. Sauf que dans la vraie vie, on fait rarement 100 km d’affilée en mode Eco, qu’on active souvent le mode Boost ou Turbo pour l’assistance maximale, qu’il y a parfois des montées, et qu’on ne pédale pas exclusivement en pays tropical ou d’avril à septembre. D’autant que, contrairement à ce que l’on connait en voiture électrique, la surconsommation en montée n’est pas rattrapée ni compensée par la recharge en descente puisque les VAE ne possèdent pas de système de recharge régénérative. Ce qui fait que l’énergie perdue l’est définitivement.

Autant de facteurs qui nous incitent à nous pencher de près sur la question afin de mieux définir l’autonomie réelle de notre VAE en fonction des différents critères qui influent sur celle-ci. Et vous allez voir qu’ils sont nombreux.

Les facteurs à prendre en compte pour l’autonomie d’un vélo électrique

Il est impossible que les chiffres annoncés pour l’autonomie des vélos électriques soient totalement exacts, car de nombreux facteurs influent sur cette autonomie. Ces facteurs comprennent :

  • Le poids du cycliste (une personne pesant 60 kilos livres aura une plus grande autonomie qu’une personne pesant 90 kilos)
  • Le niveau d’assistance choisi par le cycliste (éco, medium, boost…)
  • Le type de terrain parcouru (vous aurez moins d’autonomie dans les Alpes qu’à l’Ile de Ré)
  • Le poids des bagages transportés
  • La vitesse de déplacement
  • L’effort fourni par le cycliste
  • Le nombre d’arrêts et de démarrages (les démarrages en côte en particulier consomment beaucoup d’énergie)
  • Les conditions de vent
  • La température (vous obtiendrez environ 15% d’autonomie supplémentaire par une journée ensoleillée et chaude par rapport à l’hiver)
  • La pression des pneus (des pneus sous-gonflés signifient moins d’efficacité et donc moins de distance parcourue pour la même énergie dépensée)
  • Le type de batterie utilisé
  • L’âge de la batterie (les batteries perdent de la puissance avec le temps)
  • La puissance du moteur du vélo (les gros moteurs sont amusants, mais consomment évidemment plus d’énergie de batterie)

Un exemple un peu extrême, mais qui permet de situer les choses : si vous décidez de ne pas utiliser du tout l’assistance, car vous êtes sur un terrain plat et que vous vous sentez en forme, l’autonomie de votre vélo électrique sera la distance que vous pouvez parcourir avant de vous épuiser ajoutée à celle de la batterie une fois que l’assistance sera enclenchée. Cela signifie que si vous avez la capacité physique de rouler sans assistance pendant 50 km et que votre vélo tient habituellement une cinquantaine de kilomètres en mode Boost, votre « autonomie » ou rayon d’action sera de 100 kilomètres. En revanche, si vous utilisez constamment le niveau d’assistance le plus élevé et que vous êtes sur un terrain très vallonné, vous risquez d’épuiser rapidement votre batterie, avec une autonomie qui pourrait être divisée par 2, voire 3. Mon expérience personnelle vient confirmer cette prévision : mon VAE est annoncé pour « environ » 100 km d’autonomie, mais lors de sorties dans des conditions pas optimales, avec l’assistance max activée, de nombreuses montées et un temps frais, je dépasse difficilement 50 km.

Le type de batterie joue aussi un rôle. Si vous avez une batterie au lithium, par exemple, vous pourrez aller beaucoup plus loin que si vous avez une batterie au nickel-cadmium, car les batteries au lithium ont une densité énergétique plus élevée.

Il est également important que la capacité de la batterie et le moteur du vélo électrique soient bien adaptés pour obtenir une autonomie optimale. En règle générale, recherchez une configuration où la capacité de la batterie en watt-heures est égale à la capacité du moteur en watts. Ce type de configuration offrira la plus grande autonomie, car le moteur ne surchargera pas la batterie. Avec cette configuration, vous devriez pouvoir obtenir au moins une heure à l’assistance maximale.

Tenez compte de la capacité de la batterie

La plupart des gens voudront avoir le moteur de vélo le plus puissant possible. Mais en réalité, la puissance du moteur n’a d’impact que sur la vitesse de démarrage et la capacité à grimper les côtes. Ce qui est déjà important, bien sûr. Mais cela n’affecte pas nécessairement la distance que vous pouvez parcourir. La variable la plus importante à prendre en compte en termes d’autonomie d’un vélo électrique est donc la capacité de la batterie. Or la taille de la batterie est directement analogue à la taille du réservoir d’essence d’une voiture.

La capacité de la batterie est généralement mesurée en Wattheure. Dans les publicités pour des vélos électriques, vous pouvez trouver certaines où la capacité de la batterie est simplement indiquée en ampères-heures. Cela est insuffisant car cela n’inclut pas la tension, ce qui ne reflète pas la véritable capacité énergétique. Donc, si un vélo est annoncé avec une batterie de 36 volts, avec une capacité de 9 ampères-heures, alors la véritable capacité de la batterie est de 9 x 36, soit 324 Watt-heures (écrit comme 324 Wh).

Les Watt-heures sont importants, car ils déterminent l’autonomie de votre vélo, c’est-à-dire la distance que vous pouvez parcourir.

Par exemple :

  • Le vélo A a une batterie de 24 Volts et 20 AH = 480 Watt-heures
  • Le vélo B a une batterie de 48 Volts et 10 AH = 480 Watt-heures
  • Le vélo C a une batterie de 24 Volts et 6 AH = 144 Watt-heures

Tenez également compte de la question de la portée en ce qui concerne le type de moteur que vous achetez. Par exemple, il est bien argumenté que les moteurs pédaliers centraux (ceux qui se trouvent dans le pédalier) ont une meilleure efficience que les moteurs situés dans le moyeu avant ou arrière car ils fonctionnent de manière synergique avec les engrenages.

Optez pour la grosse batterie

Comme pour tous les produits, les revendications d’autonomie seront probablement plus précises si vous achetez une marque réputée auprès d’un revendeur réputé. Et comme pour tous les vélos, vous avez généralement ce pour quoi vous payez. Si le vélo est très bon marché, les performances et l’autonomie refléteront très probablement cela.

Encore une fois, la batterie est la considération la plus importante pour l’autonomie d’un vélo électrique. Par conséquent, prenez le temps de demander s’il existe une option pour obtenir le même vélo avec une batterie de capacité supérieure. Certains constructeurs proposent, en effet, plusieurs versions d’un même VAE avec des moteurs et batteries différentes. Bien sûr, le choix n’est pas neutre d’un point de vue financier, mais à l’usage et sur plusieurs années et des milliers de kilomètres, cela pourrait bien valoir le coût supplémentaire.

On le voit, l’autonomie d’un vélo à assistance électrique dépend de nombreux critères. Ce en général les mêmes que pour tout engin de transport à énergie électrique, à cela près que leur influence est encore plus déterminante, par exemple, en ce qui concerne le poids embarqué qui peut varier du simple au double. Tenez-en compte pour choisir la monture qui correspondra le mieux à vos usages. En effet, un VAE pour aller travailler au quotidien ne demandera pas les mêmes critères qu’un vélo pour traverser la France par ses voies vertes.

Spécialiste en innovation dans le domaine du digital et fan d’automobile et de nouvelles mobilités, Eric est éditorialiste sur Cleanrider où il anime la rubrique Roue Libre.


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Commentaires

4 Commentaires
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Louis
7 jours il y a

/// le niveau d’assistance électrique choisi par le cycliste joue un rôle crucial \\\
Oui c’est vrai mais alors comme on tient compte du mode (éco/sport/boost..) choisi dans le cas d’un véhicule motorisé dont l’autonomie est « certifiée » conforme à la norme WLTC/WMTC ?
Je pense qu’on va choisir le niveau/mode « normal » mais allez comprendre..

ARNAUD
8 jours il y a

500 Wh ? On fait combien 45 km ? En mixant l’assistance et du plat du valloné et de la descente ?

Toto
8 jours il y a

Very interesting. Au-delà des mots qui manquent – un jour brakson paiera des licences Antidote – je confirme que sur ma Bosch 750 neuve, l’autonomie réelle est d’environ 50% de celle annoncée par le site Bosch sur le même type de parcours. Si les constructeurs, de vae et de ve, annonçaient les vraies autonomies, en vendraient-ils ? Il faut bien électrifier nos mobilités, on n’a pas vraiment le choix.

ARNAUD
7 jours il y a
Reply to  Toto

Quand les constructeurs auront fini de nous prendre pour des …