La situation financière du groupe Accell, fabricant des marques de vélos électriques Lapierre, Winora, Babboe, Haibike etc, devient de plus en plus difficile, voire intenable. L’entreprise, qui doit déjà faire face à un rappel coûteux de nombre de ses vélos cargo Babboe, se trouve simultanément confrontée à la défiance des banques, à une récente condamnation pour licenciement abusif et à une menace de grève dans l’une des usines de Heerenveen (Pays-Bas).
Dés début 2024, l’agence de notation financière Fitch Ratings avait tiré le signal d’alarme quant à la fragilité du groupe Accell en dégradant sa notation et en précisant que « la structure actuelle du capital n’est pas viable en raison d’une baisse importante des bénéfices avec seulement une reprise progressive attendue à partir de 2025 ». Et même si les dirigeants avaient, dans la foulée, décliné un plan stratégique pour tenter de redresser la situation, cela n’a manifestement pas suffi à rassurer le pôle bancaire qui finance la filiale de KKR.
Les prêteurs ont mandaté Houlihan Lokey (HLI) et Milbank pour évaluer la situation financière d’Accell. Le résultat de cet audit, s’il s’avérait trop négatif, pourrait se traduire par un désengagement des banques, notamment dans les facilités de trésorerie accordées au fabricant de vélos électriques.
Plus inquiétant encore, en parallèle de la démarche bancaire, c’est la maison mère d’Accell, KKR, qui vient de missionner le cabinet Kirkland & Ellis et solliciter la banque d’investissement britannique Rothschild ainsi que le cabinet d’avocats Stibbe, pour évaluer les options de sortie de crise possibles. Cette révélation du média néerlandais FD, tend à confirmer que la situation est critique. Ce que confirme, dans FD, un expert de la restructuration d’entreprise qui souligne que « C’est un mauvais signe, car cela signifie que l’entreprise est assistée indépendamment de son actionnaire. Or, lorsque les choses tournent mal financièrement, les intérêts de l’actionnaire et de l’entreprise ne sont plus forcément les mêmes ».
Cette accumulation de problèmes financiers arrive au plus mauvais moment, la direction du groupe Accell ayant, en parallèle, à faire face à une menace de grève massive suite à la fermeture imminente d’une de ses deux usines de Heerenveen. La fusion des deux entités industrielles situées dans la ville néerlandaise, décidée en janvier, entre dans sa phase opérationnelle (avec à la clé 150 suppression d’emploi) et cela ne passe pas.
Pour le syndicat FNV, la décision est inacceptable car « l’été dernier, la direction a encore promis aux gens que l’usine de Heerenveen était extrêmement importante pour eux et qu’ils continueraient donc à y investir ». De plus, au-delà de contester le bien-fondé la réorganisation, FNV considère que les indemnités de départ offertes aux salariés licenciés, souvent présents dans l’entreprise depuis des décennies, sont insuffisantes ; et menace d’une mise en grève massive dans les jours qui viennent.
Sale temps, donc, pour le groupe Accell, dont l’image sortait déjà fortement dégradée suite aux problèmes rencontrés par Babboe, l’une de ses marques. Bien qu’une fragilité des cadres de certains modèles de vélos cargo ait été clairement identifiée, l’entreprise a tardé à mettre en place un réel programme de rappel et d’indemnisation. Résultat, le cabinet Birkway est parvenu à recueillir 9 000 témoignages de propriétaires de vélos électriques Babboe prêts à intenter une action en justice.
Last but not least, il semblerait que ce défaut, bien que constaté de longue date, n’ait été signalé à l’Autorité néerlandaise de sécurité des produits alimentaires et de consommation (NVWA) que suite à l’envoi de rapports internes sur ce problème par un salarié lanceur d’alerte. Licencié par Accell dans la foulée, il vient d’obtenir une indemnisation et une condamnation de son ex-employeur par les tribunaux.
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