Au fait, c’est comment de rouler à vélo électrique ?

Eric Dupin · 25 Fév 2024 17:30 · 9
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En quoi est-ce différent de rouler en vélo électrique ? Quels sont les bons réflexes à adopter ? On fait le point.

Un vélo à assistance électrique est avant tout un vélo. Par conséquent, sa prise en main et sa maîtrise ne devrait pas trop bouleverser les habitudes acquises après des années de musculaire. Cependant, celles et ceux qui s’y intéressent, mais qui n’ont pas encore eu la possibilité d’essayer, se posent (et me posent) parfois certaines questions.

Y a-t-il des spécificités à la conduite d’un vélo électrique ? A son entretien ? A son parcage ? Je vous rassure, rien d’abyssal ni d’insurmontable, mais quelques nuances quand même qu’il vaut mieux connaitre avant de se lancer. Et ce à plus forte raison si vous n’avez tout simplement pas l’habitude de pratiquer le vélo, et que vous souhaitez vous lancer en acquérant directement un VAE.

Un poids conséquent

C’est certainement l’un des critères qui changent le plus. Le poids d’un vélo électrique est plus important que celui d’un vélo musculaire, à cause du du moteur, de la batterie, des composants électriques, et de la structure renforcée de l’engin pour supporter l’ensemble de ces contraintes. Un vélo électrique pèse en moyenne entre 18 et 25 kg, contre 10 à 15 kg pour un vélo musculaire. Ce poids supplémentaire se fait sentir lors du transport du vélo, par exemple dans les escaliers, lorsqu’il faut basculer l’engin verticalement pour le faire tenir dans un ascenseur, ou lors du freinage. Il a en outre un impact sur la maniabilité du vélo. Un VAE est moins réactif et plus délicat à manier dans de petits espaces, que vous soyez à son bord ou à pied à côté, par exemple pour le garer.

Une petite latence dans les manœuvres

Attention aux manœuvres dans les petits espaces avec un VAE. En effet, quand vous êtes à l’arrêt et que vous démarrez, l’assistance ne se déclenche pas immédiatement, mais souvent après un très court temps de latence, le temps que le système de gestion comprenne que vous appuyez sur les pédales. Ce laps de temps peut varier de quelques millisecondes, mais il est suffisant pour vous surprendre, voire vous déséquilibrer. Car sans assistance vous allez sentir tout le poids et l’inertie du vélo, en plus de la difficulté à pédaler pour le lancer, un peu comme si vous étiez sur le rapport le plus long et que quelqu’un vous retenait par derrière. Il faut donc anticiper ce temps de latence afin de ne pas se retrouver en situation délicate et perdre l’équilibre avant que le vélo ait atteint sa vitesse de stabilité. Au pire vous ne vous ferez pas bien mal, mais ce n’est jamais très agréable de devoir se rattraper en urgence… à l’arrêt. Autre effet, qui est une conséquence du premier, quand l’assistance arrive, elle peut aussi vous surprendre car elle déclenche une accélération subite du vélo, qui peut générer un bond en avant inattendu. Ces deux phénomènes se gèrent très bien avec un peu d’habitude et d’expérience, mais il faut penser à les anticiper car il peuvent surprendre.

Le plaisir d’avancer et de monter sans forcer

Se déplacer aux commandes d’un VAE est un véritable plaisir, qui cumule le meilleur des deux mondes, celui du monde motorisé « easy » et celui de l’effort physique. Mais, contrairement à certaines idées reçues (souvent propagée par ceux qui n’ont jamais essayé), on fournit bien un effort en VAE car le moteur n’apporte qu’une assistance jusqu’à 25 km/h, et ne remplace pas les mollets. La différence étant que l’on peut doser son effort grâce aux différents modes d’assistance disponibles. Certains VAE proposent même un mode « musculaire » qui règle automatiquement l’assistance afin que l’effort fourni soit le même qu’avec un vélo musculaire, en tenant compte du poids supérieur et de la friction. La différence se situe simplement dans le fait qu’à effort égal vous irez souvent plus loin et plus haut. Et si vous activez le mode assistance maximum (souvent nommé Boost ou Turbo), ce ne sera que du plaisir, avec un effort très limité et la possibilité de parcourir une cinquantaine de kilomètres d’une traite sans vraiment les sentir, et ce, quelle que soit la déclivité.

Moteur avant, central, ou arrière ?

Il existe 3 types de positionnement du moteur sur un vélo électrique : dans le moyeu de la roue avant, central dans le pédalier, ou dans le moyeu de la roue arrière. Ce placement n’est pas neutre et va fortement influer sur le comportement du vélo, et sur son pilotage. C’est donc un élément à prendre en compte car il aura un impact sur votre conduite, et sur l’effort à fournir.

Le moteur dans la roue avant

Le moteur dans le moyeu de la roue avant est le type de moteur le plus simple et le plus économique. Il se compose d’un moteur électrique intégré dans le moyeu de la roue avant, qui entraîne la roue par friction. Le couple du moteur dans le moyeu de la roue avant est plutôt faible, entre 20 et 40 Nm, ce qui limite la capacité du vélo à franchir des côtes ou à accélérer. S’il s’agit du dispositif le plus simple, notamment pour ceux qui souhaitent motoriser un vélo musculaire en deuxième monte, c’est aussi le moins efficace, car il génère des pertes de traction sur les terrains accidentés, et peut créer des déséquilibres sur terrain gras ou mouillé en faisant patiner la roue avant. De fait, le moteur dans le moyeu de la roue avant est adapté aux vélos de ville, de randonnée, ou de loisir, qui ne demandent pas de performances élevées, mais plutôt du confort et de la simplicité.

Le moteur central ou moteur-pédalier

C’est le type de moteur le plus répandu et le plus performant. Il se compose d’un moteur électrique situé au niveau du pédalier, qui entraîne la chaîne du vélo. Le couple du moteur central dans le pédalier est plutôt élevé, ce qui permet au vélo de franchir des côtes ou d’accélérer facilement. D’autre part, son rendement est optimal, car il dépend du rapport de transmission du vélo, qui peut être modifié par le cycliste en changeant de vitesse, et son comportement est proportionnel au pédalage du cycliste. Le moteur se déclenche par un capteur de couple, qui mesure la force exercée sur les pédales, et adapte le niveau d’assistance en fonction. Autre avantage, il participe à un très bon équilibre général du vélo du fait d’une répartition des masses optimale.

Le moteur arrière

Le moteur dans le moyeu de la roue arrière est le type de moteur le plus ancien et le plus polyvalent. C’est souvent le plus nerveux et le plus réactif, du genre qui fournit les accélérations les plus fortes, avec cette petite sensation de « coup de pied au derrière » quand il se déclenche, souvent sans latence. Il équipe souvent certains vélos électriques de villes maniables et agiles, comme par exemple ceux de la gamme Angell. Attention aux terrains glissants cependant, puisqu’un excès de couple sur la roue arrière peut générer dans certaines situations de petites pertes d’adhérence.

Freine-t-on différemment au guidon d’un vélo électrique ?

Pas vraiment. Tout est question d’équilibre. Certes le vélo est plus lourd, ce qui génère une inertie plus importante dont il faut tenir compte, mais c’est souvent compensé par des freins plus puissants et une meilleure stabilité en raison justement du poids. Toutefois, si les systèmes de freins à patins peuvent encore s’avérer efficaces, nous ne saurions trop vous conseiller d’opter pour un VAE équipé d’une bonne paire de solides freins à disques, voire d’un ABS

Et l’entretien ?

Un vélo à assistance électrique ne nécessite pas d’entretien particulier, en tout cas rien de très différent de ce que l’on connait avec un vélo musculaire. Il faudra penser à faire une révision régulière en fonction de votre utilisation, généralement une fois par an. Vous pouvez aussi assurer l’essentiel de l’entretien comme la lubrification de la chaîne, le contrôle de la pression des pneus et de leur état ainsi que celui des freins, et bien vérifier également le bon serrage des différents organes comme celui des roues, du guidon, de la potence ou de la selle. Enfin, un bon nettoyage régulier de son vélo électrique est également recommandé pour le garder en bon état.

Concernant la batterie, il vaut mieux respecter quelques règles, comme par exemple éviter de la laisser chargée à fond trop longtemps sans utiliser son vélo, ou a l’opposé la laisser déchargée ou vide trop longtemps. Éviter aussi de rouler sous des températures trop extrêmes, en-dessous de -10 ou au-delà de 50 degrés. Enfin, si vous n’utilisez pas votre VAE pendant une longue période allant de plusieurs semaines à plusieurs mois, il vaut mieux la séparer du vélo et la stocker dans une pièce à l’abri de la lumière, à une température restant aux alentours de 20°.

Un vélo à assistance électrique présente quelques différences par rapport à un musculaire, qui sont la plupart du temps relatives à son poids supérieur et à son mode de propulsion. Rien de rédhibitoire cependant, mais quelques bons réflexes à adopter au début, qui deviendront très vite une routine.

Spécialiste en innovation dans le domaine du digital et fan d’automobile et de nouvelles mobilités, Eric est éditorialiste sur Cleanrider où il anime la rubrique Roue Libre.


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Commentaires

9 Commentaires
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daoodr
1 mois il y a

et le bruit ? un moteur bruyant / pas bruyant …. une fois goutée le silence de certains moteurs totalement silencieux, impossible de faire machine arrière.

Toto
1 mois il y a

Oui l’essayer c’est l’adopter et, au passage, se défaire des préjugés sur les vae, dont celui qu’on ne fait aucun effort, c’est faux. On va plus loin. Et dans mon cas, je ne faisais pas de vélo, tout simplement. Avec le vae, j’en fais tout le temps.

ARNAUD
1 mois il y a

Le must c’est une batterie détachable du vtt ou du vélo.

ARNAUD
1 mois il y a
Reply to  Eric Dupin

Il existe encore des vtt, pour ma part je suis plus spécialement adepte du vtt, qui sont encore avec des batteries qui sont logées dans le cadre, et pour les enlever c’est pas toujours évident, il faut retourner le vélo ce qui n’est pas toujours pratique et du coup pour le stockage du vélo il faut disposer d’un abri à température constante pour l’hivernage de la batterie…

ARNAUD
1 mois il y a
Reply to  Eric Dupin

Et mettre des batteries non démontables ou pas facilement démontables, et complètement bloquées sur le cadre, je passe mon chemin. Le vtt et le vélo devraient être conçus pour être facilement entretenus. Ce devrait être le premier point à la conception.

ARNAUD
1 mois il y a

L’assistance électrique c’est du bonheur, une fois les capacités physiques en déclin du à l’âge, je suis dans ma 32 ème année de pratique de vtt, et ma deuxième en AE, on peut rentrer nettement plus frais que d’une sortie 100 % musculaire. L’avance en âge fait que l’utilisation de l’AE permet de conserver une vitesse de ride soutenue et de faire les montées plus à l’aise tout en étant concentré sur le chemin et à moins faire attention au rythme du palpitant !