De plus en plus de vélos électriques adoptent l’USB-C, mais Bosch eBike Systems, leader du marché, freine. Puissance, sécurité, robustesse : quelles sont les raisons derrière ce choix ? Cleanrider vous explique pourquoi Bosch fait cavalier seul (pour l’instant).
Dans l’univers de la tech, l’USB-C est devenu le connecteur universel. Et le vélo électrique suit progressivement ce mouvement. Plusieurs marques de motorisations compactes ou de batteries amovibles, comme Mahle, l’ont déjà adopté.
L’intérêt est clair : compacité, standardisation, accessibilité, et une puissance de charge qui peut désormais atteindre 240 W grâce à la norme USB Power Delivery 3.1. De quoi envisager sereinement la recharge de nombreux VAE urbains ou légers.
À lire aussiVélos électriques et USB-C : tout comprendre sur la recharge universelle qui arriveMais cette adoption n’est pas encore unanime. Bosch, acteur majeur du secteur, préfère pour l’instant temporiser.
Contacté par Cleanrider, Bosch eBike Systems reconnaît les avantages du connecteur USB-C dans l’électronique grand public, mais estime qu’il ne répond pas aux exigences spécifiques du vélo à assistance électrique.
« Les batteries de Bosch fonctionnent à des niveaux de tension plus élevés et exigent des performances de charge supérieures à ce que l’USB-C peut fournir de manière fiable », nous indique le constructeur. Autrement dit, la puissance maximale théorique de l’USB-C ne suffit pas, selon eux, pour alimenter efficacement leurs modèles les plus exigeants.
Mais au-delà de la seule puissance, Bosch insiste surtout sur la sécurité active. Son chargeur ne se contente pas de transférer de l’énergie : il communique avec la batterie, surveille ses paramètres en temps réel, ajuste la charge dynamiquement et protège le système contre les défaillances. « Un chargeur pour VAE remplit des fonctions de sécurité essentielles », rappelle le fabricant, qui préfère maintenir un écosystème fermé pour garantir le bon fonctionnement global.
Notre analyse chez Cleanrider : nous notons que si ces arguments sont techniquement fondés, ils traduisent aussi une volonté stratégique : celle de conserver un écosystème fermé, où seule la combinaison chargeur-batterie-moteur maison garantit les performances promises. Un choix qui protège l’utilisateur, certes, mais qui limite aussi ses marges de manœuvre en termes de compatibilité et d’évolutivité.
Il faut aussi tenir compte des conditions d’utilisation. Un vélo urbain léger, équipé d’une batterie compacte, peut tout à fait se satisfaire d’une recharge en USB-C à 100 ou 240 W. Mais du côté de Bosch, les contraintes sont d’un autre ordre : des batteries de grande capacité, utilisées sur des vélos cargo, des VTT à assistance électrique ou des VTC longue distance, dans des environnements où la fiabilité doit être maximale.
Ce n’est donc pas tant une question de puissance pure — les chargeurs Bosch actuels plafonnent à 36 V / 4 A, soit environ 144 W — que d’exigences cumulées : robustesse mécanique, étanchéité, résistance aux chocs, durée de vie prolongée et intégration totale au sein d’un écosystème fermé. Pour Bosch, le choix d’un connecteur propriétaire n’est pas seulement une question de compatibilité : c’est avant tout une manière de garantir que chaque recharge respecte des paramètres optimisés pour la sécurité et la durabilité.
Notre analyse chez Cleanrider : si Bosch invoque des contraintes mécaniques et des besoins de robustesse, il faut rappeler qu’il existe déjà sur le marché des connecteurs USB-C renforcés, certifiés IP67, capables de résister à des environnements contraints, notamment dans certains secteurs industriels ou d’outillage, même si cela nécessite des efforts supplémentaires en conception et en intégration. À ce stade, ce n’est donc pas l’USB-C lui-même qui serait incapable de s’adapter, mais plutôt les efforts nécessaires pour adapter un système propriétaire à un standard universel.
Ce choix technique s’inscrit aussi dans une stratégie plus large. Comme Apple dans l’univers tech, Bosch privilégie des composants « parfaitement coordonnés » pour garantir performance, sécurité et longévité. Cela implique un chargeur propriétaire, une interface unique et un contrôle complet du système.
Mais cela entraîne aussi une absence de compatibilité avec les standards adoptés ailleurs. Bosch nuance néanmoins cette position en rappelant sa participation à l’initiative Charge2Bike, dans le cadre du consortium CHAdeMO, visant à développer une solution de recharge interopérable, robuste et indépendante des marques. Reste à savoir si cette future norme s’appuiera sur une prochaine évolution de l’USB-C… ou pas.
Pour l’instant, deux mondes se dessinent :
L’USB-C progresse, mais il ne convainc pas encore tout le monde. La prudence de Bosch montre que la question de la recharge VAE dépasse largement le simple choix d’un connecteur. Elle touche à la philosophie produit, à la sécurité et à la maîtrise technologique. Et sur ce terrain, chaque constructeur défend sa propre vision.
Notre analyse chez Cleanrider : l’enjeu clé des prochaines années sera d’observer comment ces deux philosophies vont cohabiter, voire s’affronter : standardisation ouverte contre verrouillage industriel. Chez Cleanrider, nous serons attentifs à voir quel modèle servira le mieux les besoins réels des cyclistes, entre liberté de recharge, robustesse technique et optimisation constructeur.
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