AccueilVélo électriqueVanMoof a-t-elle vraiment changé ? On a visité le site d'Amsterdam pour le vérifier

VanMoof a-t-elle vraiment changé ? On a visité le site d'Amsterdam pour le vérifier

Plongée au cœur du centre néerlandais de VanMoof, où se croisent garanties, prototypage, contrôle qualité et stratégie produit. Une visite organisée à l’occasion de la sortie du S6, qui permet de découvrir les dessous d’une relance ambitieuse.

Nous avons pu visiter le centre de maintenance et de R&D de VanMoof à Amsterdam, à l’occasion du lancement du nouveau S6. Ce modèle marque un tournant : celui d’une relance contrôlée, après une période de turbulences pour la marque néerlandaise.

Il faut dire que le parcours récent de VanMoof n’a rien eu d’un long fleuve tranquille. Après le lancement du S3, séduisant mais miné par des problèmes de fiabilité, VanMoof a été déclarée en faillite en juillet 2023. Dans la foulée, elle a été reprise par Lavoie, filiale mobilité urbaine du groupe McLaren, avec la promesse de relancer la marque tout en corrigeant ses errements passés. En 2024, les vélos VanMoof ont fait leur retour, non sans quelques conditions nouvelles, et avec un mot d’ordre : fiabilité.

« Nous avons pris quatre axes clairs : design, conduite, fiabilité, service », nous explique Albert Nassar, co-CEO de VanMoof. Le S6, que nous avons pu tester en même temps que cette visite, incarne ce virage : un cadre plus soigné, une assistance plus fluide, une intégration renforcée et un réseau technique bien plus solide. « Ce que nous voulons, c’est un vélo qui soit une extension du corps », ajoute-t-il. À ce titre, la comparaison avec le S5 est parlante : plus de souplesse, moins de rigidité dans l’approche.

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Réparer, tester, fiabiliser : l’autre visage de VanMoof

VanMoof teste des échantillons de vélos électriques afin de s’assurer qu’ils répondent correctement à leur cahier des charges. Une validation qualité nécessaire.

Là où certains ne verraient qu’un dépôt logistique, VanMoof a construit un véritable centre névralgique du SAV. Dès son arrivée, chaque vélo suit un parcours défini : enregistrement, premier diagnostic visuel, inspection des points critiques, passage en atelier, puis revalidation sur banc. Une timeline SAV permet de tracer chaque étape, avec photos et commentaires techniques ajoutés au fil du processus. Tous les vélos retournés sont analysés, reconditionnés, testés.

Certains servent à des essais ou à de la formation. D’autres finiront peut-être en outlet, quand celui-ci sera ouvert au public. Thomas Martignoni, Product Leader, le résume bien : « Chaque point a été amélioré dans une direction ». Le contrôle qualité se fait en plusieurs étapes, de l’usine jusqu’à Amsterdam. En cas de doute, l’échantillonnage devient contrôle total.

En parallèle, les partenaires français (une trentaine environ) peuvent réparer certaines pièces localement, ou retourner à VanMoof les composants les plus sensibles (carte électronique, batterie, etc.).

Bienvenue dans l’atelier des idées : la R&D made in Amsterdam

La famille des VanMoof S6 devant les locaux de la marque à Amsterdam.
La famille des VanMoof S6 devant les locaux de la marque à Amsterdam.

Dans un coin un peu plus discret du centre, la R&D prend forme. Une quarantaine de personnes à Amsterdam, 30 à Taïwan, et une équipe au centre d’Amsterdam travaillent en synergie. Objectif : fiabilité, réparabilité, mais aussi expérience.

Ici, on teste les prototypes, on imprime en 3D, on bricole des chambres thermiques maison pour soumettre les composants à des écarts de température. On vérifie aussi que les outils de diagnostic et de réparation soient accessibles aux partenaires. « Ce qu’on veut éviter, c’est de créer des outils spécifiques. Il faut que les pièces soient remplaçables simplement », explique Thomas. L’objectif est clair : fluidifier l’entretien, sans sacrifier la complexité interne.

Une plateforme commune, un vélo unique

Ce « bike on a board » permet aux développeurs de tester les itérations logicielles du système.

Quand on questionne sur les choix retenus sur le S6, les réponses sont intéressantes. Pourquoi garder un moteur avant ? Pourquoi trois vitesses automatiques ? Les réponses sont techniques, mais assumées. « Cette configuration permet une expérience de conduite fluide, silencieuse, intuitive. C’est le fruit de onze ans de travail », rappelle Albert Nassar. Le contrôle complet du système (composants, firmware, moteur, batterie) permet une optimisation unique.

Ce travail se ressent sur route : lors de notre essai du S6, la fluidité et le plaisir de rouler était bel et bien là. Pas d’effets parasites, une réactivité fine et un comportement urbain très naturel.

Former pour mieux réparer : regagner la confiance

Un cadre ouvert de vélo VanMoof qui sert à former les techniciens agréés.

Après les nombreux déboires techniques du S3, VanMoof sait qu’elle joue gros sur le terrain du service. Pour redorer son image de marque, la société mise sur un réseau dense et qualifié de partenaires techniques. Deux fois par semaine, des techniciens sont formés dans le centre d’Amsterdam. Certification gratuite, bike-doctors en immersion, cas pratiques à la chaîne : l’objectif est clair, rendre les réparations plus simples, plus rapides, et plus efficaces.

La montée en compétence passe aussi par un réseau de partenaires en pleine structuration. VanMoof compte aujourd’hui environ 230 partenaires techniques en Europe, dont une trentaine en France. L’objectif est de garantir une couverture géographique cohérente avec la répartition des clients : aux Pays-Bas, la quasi-totalité des utilisateurs se trouvent à moins de 30 minutes d’un point de service, un objectif en passe d’être atteint en Allemagne, et déjà bien engagé en France dans les grandes villes comme Paris, Bordeaux ou Strasbourg. Deux chargés de développement s’occupent spécifiquement du marché français pour continuer à densifier ce réseau, tout en veillant à sélectionner des partenaires alignés avec l’image de la marque.

« On mesure maintenant le temps moyen de résolution des problèmes. On est passé au-dessus des 90 % de cas résolus en 24 h », insiste Albert Nassar. La volonté est de maîtriser toute l’expérience, du carton à l’appli, en passant par l’intervention terrain.

Sécurité et diagnostic : les outils discrets de la fiabilité

Ici, VanMoof teste et répare les cartes électroniques défectueuses.

Le centre de VanMoof est aussi un laboratoire d’outils invisibles mais essentiels. Ici, on teste, répare et met à jour les systèmes électroniques embarqués. Le Kick Lock, les cartes mères (ECU), les batteries ou les capteurs GPS sont disséqués, vérifiés, parfois réparés à la main. Les techniciens y passent au crible les cellules de batteries suspectes, les cartes mères à soudures fragiles, ou encore les connecteurs de charge sujets à usure prématurée. Certains composants sont soumis à des cycles intensifs de branchement/débranchement ou à des tests thermiques pour identifier les faiblesses potentielles.

Une grande partie des efforts de fiabilisation concerne la sécurisation des composants — antivols matériels, verrouillage logiciel, traçabilité intégrée. Le centre utilise aussi des outils de diagnostic sophistiqués, capables de détecter des pannes à distance, ou d’identifier une anomalie sur des modèles historiques. Ce travail en profondeur renforce la solidité du SAV et la confiance dans l’électronique embarquée VanMoof.

C'est à Amsterdam que sont envoyés les vélos qui ne peuvent être réparés par les partenaires de la marque.
C’est à Amsterdam que sont envoyés les vélos qui ne peuvent être réparés par les partenaires de la marque.

La sécurité est d’ailleurs l’autre pilier du nouveau VanMoof S6. Entre le Kick Lock renforcé, le suivi GPS, la compatibilité Apple Find My, ou encore les alertes cloud immédiates, VanMoof multiplie les couches de protection. « Si une batterie ou un moteur est volé, on peut les désactiver à distance. Et tout est tracé à l’ID », précise Albert Nassar.

Si certaines fonctions seront réservées au S6, VanMoof affirme vouloir unifier autant que possible les fonctionnalités logicielles entre générations, notamment via des rétrofits sur le S5 lorsque c’est techniquement possible. Cette logique de convergence renforce la promesse de longévité pour les anciens modèles.

Finitions, sons, perception : une obsession du détail

Le VanMoof S6 affiche de belles finitions.

Au cœur du site d’Amsterdam, une partie de l’équipe s’attelle aux ajustements esthétiques et sensoriels. Peintures à reflets variables, ajustement des soudures, design sonore développé avec un studio spécialisé : tout est pensé pour renforcer la qualité perçue, mais aussi faciliter l’entretien futur.

« Même si vous ne les voyez pas consciemment, les détails comptent », insiste Nassar. Chaque finition est pensée pour durer, pour résister au temps, aux usages intensifs — et surtout pour être réparable sans outils exotiques. Une forme de beauté fonctionnelle.

Les finitions du S6 trahissent une obsession nouvelle pour les détails : peinture perlée qui change avec la lumière, support smartphone Peak Design ultra-mince, sonnettes dynamiques à intensité variable.

Et maintenant ? Un chantier de reconstruction assumé

Au terme de cette visite, une chose est claire : VanMoof ne cherche pas à tourner la page à la va-vite. La marque assume ses erreurs passées et engage un chantier profond, structuré, pour reconstruire la confiance. Ce travail passe par la qualité des composants, mais aussi par la capacité à diagnostiquer, réparer et entretenir sur le long terme.

Le centre d’Amsterdam illustre cette volonté : entre R&D, SAV et formation technique, il concentre les efforts pour faire de chaque vélo un produit plus durable, plus fiable, et plus cohérent avec les promesses de la marque. Tout n’est pas encore parfait, mais les fondations semblent solides.

« On ne voulait pas effacer VanMoof. On voulait garder sa magie et corriger ses défauts », conclut Albert Nassar. Mission en cours.

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