La France face au défi de la production locale de vélos

Adeline ADELSKI · 17 Août 2023 17:00 ·
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Avec un appel à projets prévu durant l’été, le gouvernement ambitionne de structurer et de dynamiser la filière de production de vélos, pour changer le paradigme basé sur l’importation en masse.

Transition écologique et mobilité durable étant désormais dans les priorités des politiques, l’industrie du vélo en France est prête à relever un défi ambitieux : celui de la relocalisation de la production. En mai dernier, la Première ministre Élisabeth Borne dévoilait un Plan vélo doté d’une enveloppe de 2 milliards d’euros, s’étendant sur la période 2023-2026. Cet investissement massif, principalement alloué aux infrastructures et à la promotion de la pratique cycliste, affiche un objectif double : accroître l’utilisation des pistes cyclables et, par extension, stimuler la demande en vélos. Pour autant, il n’y a pas toujours de lien direct entre la pratique du vélo et la localisation de sa production. Mais les ambitions du gouvernement sont claires : assembler 1,4 million de vélos d’ici à 2027, puis franchir le cap des 2 millions en 2030. Pour y parvenir, un ensemble d’acteurs s’attelle à développer la production de vélos sur le sol français, faisant face à des défis complexes, mais pas insurmontables.

Vers un renouveau de l’industrie française du vélo

Autrefois un secteur florissant, la production nationale de vélos a progressivement cédé face à la concurrence internationale, en particulier venant de Chine et de Taïwan. Cependant, l’émergence des préoccupations environnementales et la volonté gouvernementale, cristallisées dans le Plan vélo 2023, ont ravivé l’intérêt pour la production locale. « Le plan 2023-2027 a plusieurs objectifs, dont celui de faire du vélo un levier pour notre économie en accompagnant les acteurs français. Il faut que l’on puisse faire du vélo sur des pistes cyclables en France, avec des vélos fabriqués en France », a résumé Roland Lescure, Ministre délégué auprès du Ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, chargé de l’Industrie. Pour cela, un contrat de filière sera signé courant 2023 avec l’ensemble des acteurs composant la filière économique du vélo. Un appel à projets devrait être lancé cet été pour encourager les industriels à relocaliser la production de composants et l’assemblage des vélos en France.

Comment répondre à une demande toujours croissante ?

Le Plan Vélo rapporte qu’en 2022, 854 000 vélos ont été assemblés dans des usines françaises, sur les 2,5 millions de vélos vendus en hexagone. L’objectif du gouvernement de quasiment doubler cette production en quatre ans vient avec son lot d’enjeux. En effet, fabriquer et assembler les vélos en France requiert une augmentation substantielle des capacités de production, ce qui signifie… Plus d’argent.

Parmi les acteurs clés de la production de vélos en France, la Manufacture française du cycle (MFC) assemble déjà 500 000 vélos par an en Loire-Atlantique, dont 40 % sont à assistance électrique, tandis que la vosgienne Moustache Bikes en produit 70 000. La start-up Gaya, spécialisée dans les VAE pour les familles urbaines, est également un exemple prometteur : elle vient de lever 2 millions d’euros pour relocaliser sa production en 2024. Si ces projets sont réjouissants, ils restent encore trop faibles numériquement pour atteindre l’objectif du Plan vélo, c’est pourquoi l’appel à projets du gouvernement devrait s’avérer utile.

La voie vers l’indépendance

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Pour garantir la compétitivité et la durabilité de l’industrie du vélo en France, il est essentiel de réduire la dépendance aux fournisseurs étrangers en augmentant la production locale de composants clés. La start-up Ultima Mobility, qui fabrique un vélo électrique à 90 % made in France, a par exemple, innové en créant des cadres en plastique recyclé. Côté moteur, la production se rapproche aussi. Si Bosch reste le leader européen, des concurrents comme Valeo produisent des motorisations électriques en Isère, et Yamaha fabriquera bientôt ses moteurs dans l’Aisne. Mais pour tenir bon face aux tarifs bas des constructeurs asiatiques, il faudra compter sur une collaboration entre les différents acteurs de l’industrie et un soutien continu des politiques nationales.

Source : L’Usine Nouvelle, Usbek & Rica

Adeline ADELSKI
Adeline ADELSKI

Journaliste

Passionnée par les enjeux de mobilité durable, Adeline aime informer et inspirer les lecteurs sur les dernières tendances et innovations dans l'univers du deux-roues électrique.


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