La « hype » du vélo disparaît, et c’est une très bonne chose !

C’est la rentrée, le vélo vous souhaite la bienvenue dans la vallée de la mort ! Votre bronzage est déjà en train de partir, le rythme frénétique de la rentrée est arrivé comme un train sur votre métabolisme de vacancier. Vous vous êtes rapidement mis en mode automatique en attaquant votre morning routine (comme le dise les « coachs charlatants » sur TikTok). Encore à projeter une nouvelle vie ailleurs dans une aura vacancière, vous ne calculez rien de votre trajet quotidien. Ce que vous ne savez pas, c’est que désormais, nous entrons dans une nouvelle ère de la mobilité et vous y contribuez.

Car en 2023, et pour la première fois depuis des années (une décennie pour être exact), le marché du vélo (qui inclut celui du vélo électrique) a baissé. Une baisse des ventes de vélos neufs de 14 % en volume par rapport à 2022 (et -5,5 % en valeur). Pourtant, le vélo reste le mode de transport le plus vendu en France avec 2 231 000 unités vendues (dont 671 000 vélos électriques). Et les chiffres de 2024 suivent exactement la même tendance.

Rassurez-vous, les chiffres de vente de vélos ne rempliront pas cet édito, car nous pouvons leur faire dire ce que l’on veut. De nombreux confrères s’en donnent à cœur joie, en essayant de tirer légèrement la couverture vers leur ligne éditoriale, tandis que les politiques, eux, l’arrachent entièrement en faveur de leurs discours (c’est cadeau).

Et la politique, du moins l’image politique est justement en train de disparaître. Le vélo perd peu à peu son symbole écologique, qui lui colle au cadre comme un covering sur une voiture électrique américaine à la peinture fragile. Désormais, se déplacer à vélo comme en trottinette n’est plus une démarche tendance, et encore moins un acte politique.

Car cette baisse des ventes fait suite à un énorme boom post-covid. Les gens ne voulant pas se retrouver collés et serrés aux autres usagers, dans les transports bondés, ont opté pour un véhicule à pédale. Moins cher et plus efficace que l’automobile. Cela a entrainé une mobilisation rapide, bancale et même parfois hasardeuse du gouvernement, pour établir rapidement des infrastructures cyclables. Cela, afin que les actifs puissent s’activer à travailler et renflouer les caisses du pays. Et qui dit gouvernement, dit politique, forcément. Alors que le choix initial était purement pragmatique.

Une politique dont la tendance prône l’écologie, la sauvegarde de la planète. Comme si Gaïa avait besoin des humains pour continuer d’exister, après avoir survécu à 5 extinctions sans eux. Un discours arrogant et égoïste, puisqu’il s’agit surtout de préserver l’humanité.

Ce sujet, qui mérite plus que la rhétorique d’un édito et des banderoles dans les manifestations, s’est greffé à cette énième émergence du vélo. Oui énième, car le vélo a toujours été considéré comme un chouette véhicule individuel, depuis sa création. Comme le prouve la série Stranger Things qui se déroule dans les années 80, quand pédaler ne faisait pas de vous des saints.

Ce qui nous amène au titre de cet édito : la vallée de la mort faire écho à une baisse violente des ventes et à une période de vache maigre pour le marché qui est alors saturé.

Elle apparaît lorsque le coût en R&D devient très important, mais dont les chances de rentabilité sont faibles, tuant dans l’œuf toute initiative risquée. Les personnes qui souhaitaient s’équiper se sont équipées. Les entreprises doivent élargir leur clientèle pour relancer les ventes et survivre. Or, une connotation politique est un « dealbreaker » comme le disent les Anglo-saxons. Tout le monde n’a pas envie d’être assimilé à un mouvement, et encore plus un mouvement dont il se fiche ou pire, qu’il déteste. À en perdre son image écolo, le vélo rentre dans le rang de la normalité. Se déplacer à vélo est devenu commun, banal. Mieux, il rappelle les trajets à l’école et concorde parfaitement avec le syndrome Peter Pan qui s’est emparé des adultes de notre époque : chercher l’amusement dans un monde trop sérieux.

Le vélo a perdu son aspect symbolique. Il n’est plus une tendance, un phénomène de mode, une revendication politique. Il est un engin de déplacement comme un autre et a enfin gagné une légitimité, dont les bienfaits agissent sur de nombreux facteurs, à commencer par la personne assise sur la selle…

Le derailleur
Le derailleur

Sniper du deux-roues

Tous les 15 jours, Le Dérailleur s’invite à la rédac’ pour vous parler de vélos et de nouvelles mobilités. Coup de cœur ou coup de gueule, son avis est toujours très tranché et n’a pas vocation à engager l’ensemble de la rédaction.


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Commentaires

1 Commentaire
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Don’t uknow
9 jours il y a

Le vélo reste écologique, même sans “hype”. D’être un “cynical goofball” (comme disent des anglais) ne changerai pas ce “fact”.