Les importations de vélos en provenance d’Asie du Sud-Est sont toujours très largement en retrait et ne laissent pas augurer d’une reprise du marché avant fin 2025. L’analyse et les projections réalisées par Bike EU confirment les premières tendances relevées, il y a quelques semaines. Cambodge, Chine, Bangladesh et même Taïwan (qui a pourtant repositionné son offre sur des vélos électriques plus haut de gamme) voient leurs exportations vers l’Europe s’effondrer (une baisse de 18 % à 33 % selon les pays).
Il faut remonter à plus de dix ans pour retrouver des volumes aussi faibles de vélos exportés vers l’Europe (données Eurostat) qui, s’ils reflètent la crise que traverse le vélo (voir sur le sujet nos différents articles concernant le groupe Accell, VanMoof, Vässla, Shimano…), inquiètent tous les acteurs de la filière (vélos électriques ou musculaires).
Si l’industrie du vélo attend avec impatience des temps meilleurs, force est de constater que le redressement ne se dessine pas. Que ce soit en valeur ou en nombre d’unités vendues, la tendance reste largement négative.
Le chiffre d’affaires des exportations de vélos vers l’Europe s’est effondré
Seul Taïwan, qui a opté pour un repositionnement de son offre sur le marché haut de gamme (le prix moyen des vélos expédiés de Taïwan vers l’Europe a augmenté en moyenne de 35 %, passant de 691 € en 2022 à 957 € l’année dernière pour un vélo musculaire et de 1 055 € à 1 420 € pour un vélo électrique), voit le chiffre d’affaires de ses exportations progresser. Pour autant, ce n’est pas l’euphorie, car, si le prix a amorti le choc du ralentissement, la valeur totale des exportations de Taïwan n’a augmenté que de 9,4 % l’année dernière. Ramené à l’augmentation de prix, cela se traduit par une baisse significative du nombre d’exemplaires (18,5 %).
Pour tous les autres grands exportateurs vers l’Union européenne, le chiffre d’affaires des exportations vers l’Europe s’est effondré : le Cambodge a perdu 28 % à 289,9 millions d’euros, tandis que la Chine et le Bangladesh, numéros 2 et 3 en 2022, ont tous deux perdu plus de 40 %. Pour la Chine, c’est la double peine : ralentissement du marché, mais aussi mise en œuvre depuis 2019 de la réglementation antidumping sur les vélos électriques chinois. Si le Cambodge conserve toujours son statut de premier exportateur vers l’UE en termes de volume, avec 819 114 unités ; il est désormais largement dépassé en valeur par Taïwan.
Si encore la baisse du marché des exportations en provenance d’Asie du Sud-Est se traduisait par une rééquilibrage de l’origine des vélos vendus sur le continent européen, cela pourrait être finalement une bonne nouvelle. Mais ce n’est pas le cas. Les autres membres du Top 10 des exportations vers l’Union européenne ont perdu d’énormes volumes : Turquie -36,9 %, Sri Lanka -41 %, Inde -15,3 %, Indonésie -43,3 %, Tunisie -29,2 % et Thaïlande -35,9 %.
Peu de chance de revenir avant fin 2025 à la situation de 2022
Au final, alors que l’on approche de la date de publication des statistiques pour le premier trimestre 2024, la baisse totale du volume des importations européennes a été de 33,6 %, passant de 5,1 millions d’unités en 2022 à 3,4 millions en 2023 ; bien loin des 4,9 millions de vélos de 2019.
Si notre confrère bike-eu.com considère que « ces pertes ne pourront pas être compensées facilement, et certainement pas pour 2024 et 2025, même si le marché reprend. La situation tant attendue du retour à la normale n’est pas encore en vue » ; les premiers éléments, concernant le premier trimestre 2024, laissent entrevoir un frémissement à la hausse qui reste à confirmer. Si tel était le cas, cela pourrait augurer d’un redémarrage des importations européennes… Mais peu de chance que cela permette de revenir rapidement à la situation de 2022.
C’est marrant de voir qu’on ne vit pas sur la même planète. Faut-il rappeler que depuis 4ans, les pays européens ont distribué des milliards d’aide pour l’achat de vélo et ainsi booster artificiellement le secteur ? Faut-il rappeler que les objectifs environnementaux imposent une décroissance ?
Relocaliser des lignes de production en France de À à Z. Réindustrialier en local pour le 2 roues. Faire ressortir des anciennes marques de l’ombre. Les moyens sont nombreux.
Quand le gouvernement arrêtera de reculer sur la transition éco et les municipalités prendront leurs responsabilités pour chasser les véhicules thermiques des villes, le vélo retrouvera son intérêt.
Les gens consomment moins ou mieux, ou plus près de chez eux, la crise fait que les gens gardent plus longtemps leur matos, et que la qualité du matos sur les 30 dernières années est nettement meilleure, alors pourquoi sur-consommer ?