EICMA 2023 : l’électrique n’est toujours pas à la fête !

Illustration : concept Izi Hyper-Drive sur le stand Keeway

Entre l’immobilisme des marques historiques et les belles promesses des fabricants asiatiques, on avoue que le salon EICMA 2023 nous a un peu déçu…

A EICMA, les éditions s’enchainent et se ressemblent. Malgré les efforts des organisateurs pour rendre l’électrique plus visible, le grand rendez-vous international du deux-roues reste avant tout la grande messe du thermique. Explications…

Une électrification toujours mal assumée

Chez les marques historiques, le constat est le même qu’en 2022 : le business c’est le thermique ! Si certains font l’effort de présenter quelques modèles électriques, les trouver relève parfois d’un véritable jeu de piste. Chez Honda, c’est seulement après avoir passé un « champ » de thermique que nous parvenons enfin à trouver le SCE:, un concept de petit scooter électrique 125 qui s’annonce tout sauf savoureux.

Autre exemple marquant : celui de Royal Enfield. La marque britannique, battant désormais sous pavillon indien, présentait pour la première fois son HIM-E, une Himalayan électrique. Après la présentation presse, le responsable sur scène s’est empressé de rappeler que la « vraie nouveauté » était la déclinaison thermique, présentée à EICMA dans sa nouvelle version. Une petite phrase qui rappelle que l’électrique est loin d’être la priorité des grandes marques.

Royal Enfield Himalayan EV
Chez Royal Enfield, l’électrique n’est pas pour tout de suite…

Il y a bien évidemment quelques exceptions. Outre BMW, qui n’était pas à EICMA mais qui connait un gros succès avec son CE 04, Kawasaki présentait sa nouvelle moto hybride Z7, portant l’offre électrifiée de la marque à 4 modèles en seulement quelques mois.

Au final, le tableau n’est pas complétement noir. L’immobilisme observé sur la plupart des grandes marques profite naturellement aux « pure player » de l’électrique. C’est notamment le cas pour Zero Motorcycles qui présente à EICMA une gamme 2024 de motos électriques en grande partie renouvelée.

Pour 2024, la Zero S hérite d’une nouvelle plateforme.

De belles promesses mais peu de concret

« Cela arrivera l’an prochain… » Chez certains exposants, on a un peu l’impression d’entendre la même phrase à chaque édition du salon. Et force est de constater que les fabricants chinois sont les rois de la discipline. Ces derniers investissent pourtant des sommes folles pour monter des stands toujours plus imposants, rivalisant parfois par leurs tailles avec ceux des grands constructeurs. Mais quand on creuse, on a l’impression qu’il n’y a pas grand-chose…

Chaque année, de nouvelles marques asiatiques débarquent à EICMA. La plupart avec les mêmes promesses.

Soyons clair, le problème des fabricants asiatiques n’est plus celui de la qualité des produits. En 10 ans, le gap franchi est énorme et les marques peuvent – sur certains segments – rivaliser avec les acteurs historiques. Le vrai souci, c’est la politique de distribution avec une stratégie extrêmement floue et des promesses sur la disponibilité qui ne sont que très rarement tenues. Pas vraiment de quoi donner confiance au marché ni aux consommateurs, d’autant que les caractéristiques annoncées pour certains fabricants semblent complètement hors-sol.

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Heureusement, certaines marques sont plus sérieuses et semblent prendre conscience de l’importance de disposer d’un SAV et d’un réseau de distribution solides. Comme nous l’indiquions il y a quelques semaines, Vmoto Super Soco a lancé sa propre filiale à France. A EICMA, nous avons appris que cela sera aussi le cas pour Niu, auparavant importé par KSR. Un investissement qui pourrait permettre à ces acteurs de consolider leur place sur le marché français et européens. Car compte tenu de la multitude de fabricants, il y aura forcément un écrémage à un moment ou à un autre. Survivront ceux qui parviendront à associer une gamme de produits qualitatifs à un véritable réseau de distribution/SAV…

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La bascule n’est pas là…

D’une édition d’EICMA à une autre, le constat est le même : nous sommes encore très loin d’une véritable démocratisation de l’électrique sur le segment du deux-roues motorisé. Là où les grands événements automobiles paraissent de plus en plus branchés, le salon de Milan reste ancré dans l’ère du fossile… Alors que faut-il pour activer cette bascule vers l’électrique ? Des progrès technologiques ? Sans doute ! Des mesures politiques plus fortes ? Assurément ! Car si la carotte n’est pas suffisante, peut-être faut-il aussi sortir le bâton en imposant, comme pour l’automobile, des quotas de ventes « zéro émission » aux constructeurs…

Et vous ? Avez-vous eu l’occasion de visiter le salon EICMA cette année ? Quelle est votre analyse ?

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Michaël TORREGROSSA
Michaël TORREGROSSA

Rédacteur en chef

Suivant le marché du deux-roues électrique depuis le début des années 2000, Michaël est rédacteur en chef et co-fondateur de Cleanrider.


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Commentaires

6 Commentaires
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Père Chauvet
5 mois il y a

Je ne pense pas qu en forçant les motards à s intéresser à la mobilité électrique en obligeant les marques à fabriquer des véhicules électrique soit la meilleure solution… Je déplore que des marques ( chinoise ou autre) proposent autant de modèle de scooter .
Vmoto , ou plutôt Vscooter qui invite un pilote de gp pour promouvoir une gamme de scooter,( ridicule).
Horwin qui ne fait pas l effort de développer/moderniser la seul moto dans leur catalogue(cr6) mais propose encore plus de scooters.
BMW qui propose une moto qui ne ressemble à tout sauf, une moto.
Kawasaki qui se sont complètement planté avec leur électrique mais qui ont dû dépenser un pognon fou pour développer une hybride dont je doute de l intérêt d une telle machine.
Honda qui propose un scooter qui n a rien de transcendant .
Si l avenir de la mobilité 2 roues électrique c est le scooter, comment voulez vous faire basculer le motard thermique au tout électrique.
Que les marques commence à développer 2 ou trois motos electrique avec une vrai révolution, avec au moins des charges plus rapide avec une autonomie entre chaque recharge d au moins 150-200 KLM.
Faut pas se faire d illusion, ils développent des thermique parceque il n y a pas qu en Europe que l on roule à moto et la fin des thermiques, dans quelque années, est une politique européenne. Ils continueront à proposer dans l UE des thermiques jusqu au dernier moment parce que ça se vend et qu aujourd’hui beaucoup de motards son réfractaire à l électrique .
Personnellement, le jour où un constructeur ou distributeur proposera un custom/cruiser 11kw , Je m intéresserai de plus près à l électrique. En attendant, je regarde ça de loin et je garde mon petit custom thermique.

Last edited 5 mois il y a by Père Chauvet
Charlie_41
5 mois il y a
Reply to  Père Chauvet

Le 2 roues thermique n’est pas menacé d’interdiction en Europe, seuls les voitures, camions et cars sont concernés à ce jour.
Par contre, en Chine c’est déjà le cas dans plusieurs métropoles, et en Inde c’est programmé également.
À eux seuls, ces 2 pays représentent près de la moitié de la population mondiale…

Le japonais ont un autre motif de réticence : l’énergie électrique est très chère localement, ça coûte bien moins de rouler à l’essence.

Père Chauvet
5 mois il y a
Reply to  Charlie_41

Ça répond donc à la question de Cleanrider.
En Europe on est conservateur. Ainsi, tant que les moteurs thermique ne seront pas inquiétés, le motard , dans la majorité des cas, continuera d’ignorer la motorisation
tout électrique.
Si je me fie au calendrier zfe à Lyon, en 2030 je pourrai venir travailler en moto seulement si cette dernière est électrique…Donc les deux roues thermique qui ne sont pas inquiétés en europe, n’est pas totalement vrai. En tout ca,s pas de partout dans l UE.

Charlie_41
5 mois il y a

Entre les scooters kleenex chinois et les concepts fumeux, il n’y a que 2 constructeurs sérieux, mais élitistes : Zero et Energica.
Si on ajoute le poids respectable et l’autonomie… réduite, il faut bien reconnaître que la moto électrique n’est, techniquement, pas encore mature.
Sans une grosse évolution sur la taille et le poids des batteries, on reste sur un marché de niche.

Toto
5 mois il y a

Tout-à-fait d’accord avec le bâton là où elles ne sont pas indispensables : en ville. Y interdire définitivement les 2RM serait une mesure efficace que peu de mairies ont le courage de prendre, or l’offre électrique en 2 roues compatibles urbain et péri urbain est déjà pléthorique. Pour ceux que ça excite de faire vroum-vroum en groupe le week-end ou en vacances, l’électrique n’est clairement pas encore adapté. Après moi le déluge pour ceux-là, tant mieux pour eux, j’espère que leurs enfants les remercieront comme il se doit.

gamaresh
5 mois il y a

« Sortir le bâton » ?!? mais c’est purement démago comme phrase ! Soyons clair les motos électriques coûtent une blinde pour rien, n’ont que peu d’autonomie et surtout des temps de charge épouvantable. La moto est avant tout un engin qui permet de s’abstraire des embouteillage et d’évasion. Vous connaissez beaucoup de monde qui se pense libre avec un fil à la patte ? Il est inenvisageable de partir en road-trip avec une moto électrique. Et que dire des prix stratosphériques des Zero et même de la dernière Livewire. Un peu de retenu dans vos propos. La moto thermique est le dernier bastion de liberté qu’il reste à ceux qui aiment rouler et ce n’est certainement pas les anecdotiques consommations d’essences et de c02 qu’elles émettent qui contrediront les motards passionnés. A bon entendeur.