AccueilVélo électriqueQui pédale en France ? Ce que révèle la grande enquête vélo du ministère des Transports

Qui pédale en France ? Ce que révèle la grande enquête vélo du ministère des Transports

Fréquence d’usage du vélo en France selon l’enquête nationale 2024

Le vélo gagne du terrain dans les mobilités du quotidien, mais pas partout, ni pour tout le monde. L’enquête nationale menée en 2024 par le ministère des Transports lève le voile sur les usages, profils et tendances du vélo en France. À travers elle, se dessine une carte complexe d’une pratique en transition, entre passion, habitudes ancrées… et nombreux freins.

Un quart de Français pédale souvent, près de la moitié jamais

Premier constat : 24 % des Français utilisent régulièrement un vélo, c’est-à-dire au moins une fois par semaine. Mais cette statistique cache une répartition inégale. 46 % des répondants déclarent ne jamais utiliser de vélo, tandis que 30 % l’utilisent de manière occasionnelle (moins d’une fois par semaine).

En clair, un quart de cyclistes assidus fait face à une majorité de non-pratiquants. Et même si la part des usagers réguliers progresse par rapport aux études précédentes, le vélo reste encore loin d’être un mode de transport universel.

Des disparités fortes selon les régions et les types de territoire

La pratique du vélo est profondément marquée par le territoire. Sans surprise, les grandes villes sont les zones les plus cyclables. En dehors de Paris, les métropoles affichent des taux d’usage régulier de 31 à 34 %. Paris intra-muros est à 26 %, tandis que la grande couronne d’Île-de-France chute à 19 %. Dans les zones rurales, seulement 19 % des habitants utilisent le vélo de manière hebdomadaire.

Certaines régions s’en sortent mieux : la région Auvergne-Rhône-Alpes est celle où le vélo est le plus pratiqué (près d’un habitant sur trois), probablement grâce à ses infrastructures, à l’effet de villes comme Grenoble ou Lyon, et à une forte culture outdoor. À l’opposé, la Corse, certaines zones du Grand Est ou encore la région PACA hors littoral restent très en retrait.

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Quand pédale-t-on ? Une forte saisonnalité

La saisonnalité est marquée : les mois les plus cyclables sont sans surprise le printemps et l’été, avec des pics d’usage en mai, juin et septembre. Décembre et janvier voient la pratique chuter drastiquement, sauf pour une petite minorité de cyclistes « toutes saisons », suréquipés et très souvent urbains.

Chez les usagers occasionnels, les vacances scolaires et les week-ends prolongés sont des périodes où le vélo devient loisir. Le vélo utilitaire, lui, reste dépendant de la météo et de la luminosité : plus il fait froid ou sombre, plus les trajets basculent vers d’autres modes.

Les profils types du cycliste français

Les cadres urbains sont surreprésentés dans la catégorie des cyclistes réguliers : 42 % d’entre eux utilisent le vélo au moins une fois par semaine. À l’inverse, seuls 15 % des ouvriers, agriculteurs ou demandeurs d’emploi pédalent régulièrement.

Les 18-24 ans roulent plus que la moyenne, mais surtout pour des raisons économiques (vieux vélo, ville étudiante, faibles coûts). Les 65-75 ans pédalent encore beaucoup, notamment pour le loisir. On trouve aussi un profil intéressant chez les femmes de 35-50 ans, qui utilisent le vélo en hausse, mais encore trop freinées par l’absence d’infrastructures perçues comme sûres.

Le VAE monte, le VTT résiste, le pliant reste minoritaire

Le VTT, souvent perçu comme plus robuste ou plus passe-partout, est très présent, y compris en ville. Ce choix s’explique par son prix accessible et sa capacité à encaisser les irrégularités de la voirie. Le vélo pliant, quant à lui, reste marginal, utilisé surtout par les multimodaux (train + vélo), mais encore limité par les questions de confort et de coût. Le vélo cargo reste très minoritaire mais en croissance dans les grandes métropoles.

Chez les enfants, la présence du vélo reste élevée dans l’équipement des foyers : plus de la moitié des ménages avec enfants en possèdent au moins un. Toutefois, cela ne garantit pas une pratique régulière. Le vélo est souvent cantonné au loisir en vacances ou en zone résidentielle calme. L’usage quotidien, notamment pour l’école ou les activités périscolaires, reste l’exception, faute de solutions sécurisées pour les trajets. La cohabitation entre vélo enfant et voiture, particulièrement en zones périurbaines, demeure problématique.

Utilisations : le loisir domine encore, mais le quotidien progresse

Le vélo reste principalement un loisir, cité comme premier motif d’usage par 55 % des usagers. Néanmoins, 28 % l’utilisent pour faire leurs courses, 23 % pour des rendez-vous divers (médecin, sport, etc.), 17 % pour aller au travail(vélotaf) et 8 % pour les études. Ces usages plus utilitaires progressent lentement, mais de manière constante.

Chez les écoliers et collégiens, la pratique reste marginale, sauf dans certaines communes pionnières qui ont mis en place des pédibus ou des pistes cyclables continues jusqu’aux établissements. Dans l’ensemble, seuls 4 % des enfants utiliseraient le vélo pour aller à l’école de manière régulière, et encore moins en zone rurale. Le frein principal reste le manque d’infrastructures sécurisées et la crainte parentale vis-à-vis de la circulation. Quelques politiques locales tentent néanmoins de favoriser ces trajets en famille ou via des vélos suiveurs, mais la marge de progression reste immense.

Respect des règles, sécurité : des comportements contrastés

C’est le grand point noir de l’étude, et probablement celui qui fera le plus réagir : le respect des règles reste très variable.

  • 84 % des usagers disent respecter les feux tricolores.
  • Mais seulement 24 % portent un gilet réfléchissant la nuit, pourtant obligatoire hors agglomération.
  • Le port du casque reste faible chez les adultes : à peine 31 % le portent systématiquement.

Le casque est plus répandu chez les hommes urbains actifs, mais quasi inexistant chez les femmes rurales ou les cyclistes occasionnels. Les jeunes adultes (18-29 ans) figurent aussi parmi les moins équipés. Côté visibilité nocturne, 16 % des usagers n’ont pas d’éclairage actif ou fonctionnel.

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Côté comportements, l’étude relève que :

  • 15 % reconnaissent rouler régulièrement sur le trottoir.
  • 20 % ne signalent jamais leurs changements de direction.
  • 1 cycliste sur 3 admet adapter les règles à la situation (feux, passages piétons, sens interdits…)

Le stationnement est également un point de blocage : 46 % des répondants disent avoir déjà renoncé à utiliser leur vélo par crainte du vol. Et 13 % l’ont abandonné après avoir été victimes de vols à répétition.

Une culture vélo encore en construction

Le tableau qui se dégage est celui d’un vélo en expansion, mais dans un pays où la culture vélo est encore inégale. Les habitudes changent, les profils évoluent, mais l’accès reste inéquitable, les freins nombreux, et la sécurité trop souvent laissée à l’appréciation de chacun.

Cette enquête 2024 confirme qu’on assiste à une montée lente mais réelle du vélo comme mode de transport à part entière. Mais si la France veut atteindre ses objectifs en matière de transition écologique, il faudra aussi miser sur l’infrastructure, l’éducation, la visibilité… et un peu plus de cohérence dans le respect des règles.

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