Source : M. Lauraux/Cleanrider
Conjuguant cadre haut et double suspensions, esprit ville et tout-terrain, le Moustache J se veut le vélo électrique à tout faire, ce qu’il réussit malgré quelques petits détails qui nous chagrinent.
Une seule lettre, plein de nouveautés… Après avoir soufflé ses 10 bougies en 2022, Moustache a voulu marquer les esprits en 2023 avec le Moustache J, un vélo électrique sortant de l’ordinaire. En tout cas loin de sa gamme actuelle, suivant les jours de la semaine : Lundi pour le quotidien, Samedi pour le loisir et Vendredi pour du plus polyvalent.
Avec un simple J, la firme vosgienne explique ce nom par “un jour nouveau”. Car l’ambition de ce vélo électrique est de correspondre à tous les jours de la semaine. L’aube de ce nouveau jour aurait dû être ce mois de septembre. Mais voulant décrocher le titre de vélo de l’année 2023 à l’Eurobike, le fabricant a brisé le secret dès juin, puis en juillet aux Pro Days à Paris. En exclusivité, nous avons pu le tester cet été sur plusieurs jours et près de 150 km. Alors… que vaut le nouveau porte-étendard de Moustache ? La réponse dans ce premier essai !
Confort : tapis volant haut perché
Le confort est réellement la qualité essentielle de ce vélo électrique. Ne vous fiez pas à sa stature haute sur roues (27,5 pouces en l’occurrence), car la position est proche d’un vélo de ville. On n’est pas sur du hollandais, mais le dos reste assez droit malgré la garde au sol élevée (en tout cas avec notre réglage de selle basse et potence vers l’arrière). Pour pallier cette altitude, la selle télescopique permet de poser les pieds au sol lors des arrêts. Une configuration pratique, notamment pour les petits gabarits, mais pas nécessaire outre mesure.
En plus de la posture atypique du Moustache J, on profite d’un cadre ouvert, pratique pour l’enjambement, surtout que le porte-bagage arrière est très haut perché. Caractéristique rare dans le monde du vélo électrique (Riese & Müller, Malaguti ou Victoria), ce cadre ouvert se conjugue à un cadre totalement suspendu. Cela grâce à une petite suspension qui, placée au-dessus du pédalier et liée aux bases façon double bras oscillant, vient compléter la fourche avant.
En matière de confort, le Moustache J fait quasiment un sans-faute. Ses gros pneus Schwalbe Johnny Watts de 2,6 pouces de large, typés VTC, permettent de gommer les vibrations. On passe ainsi les gros pavés irréguliers, chaussées dégradées, nids-de-poule, dos d’ânes, sauts de trottoirs, tout chemin avec racine, sans perdre une vertèbre. Suspendue, la fourche SR Suntour XCR 34 Air à 120 mm de débattement ne fait pas dans la demi-mesure. Réglable, elle est couplée au système “Magic Grip Control” à 115 mm à l’arrière ayant deux positions.
Équipement : un Moustache J tout inclus
Le confort est aussi là pour le bambin sur le porte-bagages, qui est aussi suspendu, car lié au tube de selle et ne prenant pas les chocs de la roue arrière. Enfin, si l’on n’abuse pas des sauts de trottoirs ou gros obstacles, là où le haut du garde-boue tape un peu. Moulé avec le cadre, le porte-bagages est compatible avec les fixations MIK HD et QL3. Il supporte un poids maximal de 27 kg.
Installé proche de l’axe de roue arrière, celui-ci est très solide. Elle repose sur une base assez importante. Car il faut supporter les 33 kg du bestiau, le plus lourd vélo (hors cargo) qu’il m’ait été donné de tester !
Un éclairage en demi-teinte
À l’avant, l’éclairage du Moustache J est intégré au bloc de potence. Moulé pour accueillir le Trelock à 100 lux — un modèle à belle apparence — il faudra toutefois le remplacer par de l’identique en cas de casse ! Au moins, il est orientable en hauteur, et suffisamment puissant pour voir correctement de nuit, et pas seulement être vu.
À l’inverse, le feu arrière est décevant, et repose sur un très générique éclairage Spanninga dépourvu de fonction stop. C’est un peu cheap pour un vélo à plus de 5 500 euros. Il reste cependant lié à la batterie, comme le phare avant.
Conduite : l’équilibre parfait du vélo “SUV”
On le disait plus haut, la position de ce Moustache J est celle d’un vélo de ville. Avec sa posture, ses suspensions et ses grosses roues, on pourrait s’attendre à un vélo électrique pataud, surtout avec ses 33 kilos. Que nenni, le vélo électrique de Moustache se conduit comme un VTC ! Il se montre agile en toute occasion, du fait de la position haute du cadre et du centre de gravité, les pneus Schwalbe aidant énormément à conserver une bonne adhérence peu importe le type de surface. Et pour assurer le dynamisme, il faut le moteur allant avec.
On reste bien sûr dans les cordes de 25 km/h maxi, mais l’assistance électrique du bloc central Bosch Performance Line offre une belle polyvalence. Pas la maximale certes, car Moustache n’a pas sélectionné le grand frère CX de 85 Nm. On sent ainsi que les 75 Nm présents ici ne peuvent pousser à 25 km/h dans les plus fortes pentes parisiennes.
Sur plat, cela reste un bonheur, grâce au capteur de couple très réactif, offrant accélérations et relances très vives. En tout cas avec le plus fort des trois niveaux “Turbo”. Intermédiaire, le mode « Tour » sera suffisant sur plat tandis que le mode Eco restera un peu juste du fait du poids de ce vélo SUV. Jonglant les pics de puissance selon les situations, le mode « Auto » — notre préféré — s’ajoute à la panoplie.
Un Enviolo top en ville, le dérailleur en option
Pour conjuguer confort et grande polyvalence, le Moustache J s’exprime ici dans sa version All entre ville et loisir. Sur notre modèle d’essai, nous étions sur le système Enviolo TR, une transmission monovitesse à variation continue et commande manuelle. On change ainsi facilement le braquet, que ce soit lors des arrêts/relances fréquentes en ville, ou en changement de dénivelé lors de sorties. Pour contenter ceux voulant une meilleure amplitude (surtout à faible cadence ou au-delà des 25 km/h), une option à dérailleur Shimano CUES 11 vitesses existe.
On se relance vite, on manie le guidon avec facilité, mais le point noir est sans doute son freinage. S’arrêter est rapide via la commande hydraulique et les disques 180 mm. Mais, pour un engin dépassant 5 000 euros, le système basique de freinage Alhonga fait tache là où la concurrence offre du Shimano haut de gamme ou du Magura.
Autonomie : le Moustache J dans la moyenne, même avec grande batterie
Avec un moteur fort en couple, un poids important et des pneus larges crantés, l’endurance n’est pas le point fort du nouveau vélo de Moustache. Pourtant, nous étions équipés de la batterie optionnelle 625 Wh (17,5 Ah), disponible en lieu et place de la 500 Wh en version de base. Il s’agit, pour les deux, d’une Bosch Power Tube, intégrée parfaitement au cadre et isolée par un cache noir.
Nous avons parcouru 145 km au guidon de ce vélo électrique, avec plus de deux cycles de charge durant lesquels nous avons majoritairement utilisé les modes Turbo et Auto. Le résultat entre les deux offre peu de différence, bien qu’au même parcours relativement plat (tour de Paris), muni de notre poids identique autour de 80 kg. Au total, nous comptons 60-65 km d’autonomie par charge. C’est bien en général, mais peu compte tenu de la capacité batterie embarquée. On estime ainsi faire 50 km avec la version 500 Wh, grâce au poids légèrement inférieur. Et, si c’est trop peu pour vous, une batterie additionnelle Bosch PowerMore est proposée en option. Celle-ci ajoute 250 Wh et 25 km d’autonomie supplémentaire.
Amovible via une clé, la batterie du Moustache J est autant rechargeable sur le vélo qu’en mode nomade. En 4 ampères, le chargeur est plutôt rapide : à peine 2 h pour 5 à 50 %, 3 heures pour 5 à 85 % et 4 h 30 heures pour une charge complète.
Technologie : l’écosystème Bosch, un bijou de fonctionnalités
Comme les autres modèles de la marque, le Moustache J confie tout à Bosch pour son écran et sa connectivité. On profite déjà du nouvel écran Kiox 500. C’est le grand frère du Kiox 300 que nous avions sur notre modèle de test, avec une diagonale de 5 pouces (vs 3). L’écran hérite des dernières mises à jour du Smart System, comme l’affichage personnalisable. Auparavant, il fallait jouer des boutons de la commande (gauche du guidon) pour trouver l’info voulue via 8 affichages. Désormais, on peut les hiérarchiser, et profiter de l’autonomie restante sur le compteur de vitesse par exemple.
Les réglages sont possibles via l’application eBike Flow, qui intègre ici le Bosch Smart System. Comme tous les autres vélos en étant doté, l’eBike Lock assure un verrouillage et déverrouillage via l’application.
La fonction payante eBike Alarm (5 euros/mois), activée sur notre exemplaire, ajoute une alarme en cas de tentative de vol, l’envoi de notification sur téléphone, et une position géographique pour (tenter de) le retrouver.
Pour les fonctions plus accessoires, le Kiox 500 permet une navigation GPS, le smartphone sert de compteur augmenté, l’appli enregistre les trajets et statistiques, tandis que l’on peut personnaliser les niveaux d’assistance.
Prix et disponibilité du Moustache J
Le Moustache J se décline en trois versions : J.on, J.all et J.off. Le Moustache J.on est le modèle d’accès, dit de ville. On y reconnaît l’absence du porte-bagages, remplacé par un porte-sacoches monté sur la roue arrière. Il comporte aussi une suspension avant plus modeste (SR Suntour Mobile 25 de 100 mm de débattement). Ses pneus Schwalbe Moto-X sont moins polyvalents, les disques sont à 160 mm de diamètre, et pas de dérailleur en option.
Le Moustache J.off est le tout-terrain du trio. Il propose une transmission Shimano Cues à 11 vitesses, une suspension avant adaptée (Marzocchi Z2Air 130 mm débattement), ainsi que de roues 29 pouces avec pneus Maxxis Rekon et freins plus puissants (180/203 mm, sans nommer le fabricant). Il est aussi débarrassé des attributs urbains (garde-boues, porte-bagages en option), sans carter de chaîne et au guidon spécifique. Sa batterie est aussi de 625 Wh de série.
Le Moustache J.all est donc l’intermédiaire. Il est vendu au tarif de 5 199 euros et se veut ainsi (un peu) plus accessible que les deux autres modèles, affichés à 5 999 €. Un prix de base qui ne tient toutefois pas compte des équipements additionnels. Notre exemplaire avec 625 Wh (+200 €), porte-bagages (+200 €) et Enviolo (+800 €) ajoute ainsi 1 200 euros, flirtant donc avec les 6 400 euros !
Un vélo électrique sans concurrence ?
Si son tarif n’est franchement pas donné, le Moustache J reste moins cher que le SUV à cadre haut Riese & Müller Charger 4 GT, affiché à près de 5 000 €, et que le Homage GT, à cadre bas, vendu plus de 6 500 € ! Mais la concurrence peut aussi venir de l’interne avec le Moustache Samedi 27 XRoad “un pour tout, tout pour faire”. À cadre semi-ouvert, ce vélo électrique propose une configuration « tout suspendu » dans sa version « FS 6 ». Il hérite du moteur Bosch haut de gamme CX ainsi que de l’ensemble de l’univers Bosch (Kiox, Smart System). Très proche en tarif, (5 499 €), il reçoit de série une batterie 625 Wh.
Essai Moustache J.all : l’avis Cleanrider
NOTE GLOBALE |
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Confort & ergonomie | |
Conduite | |
Autonomie |
On a aimé | On a moins aimé |
Le confort exceptionnel, ses suspensions | Le poids de tank (33 kg !) |
Le porte-bagages suspendu (option) | Le tarif très élevé |
L’agilité malgré les dimensions | Le freinage peu haut de gamme |
Le cadre ouvert moulé made in France | Le moteur un peu juste pour le tarif |
L’écosystème Bosch Smart System | La batterie 625 Wh en option |