Vélo électrique : 5 innovations qui vont débarquer en 2024

Eric Dupin · 5 Nov 2023 17:30 · 7
Vélo hybride

L’innovation progresse rapidement dans le secteur du vélo électrique. Voici ce qui nous attend dans les prochains mois.

Depuis longtemps, le concept de vélo électrique dépasse largement la simple assistance électrique au pédalage. La connectivité accrue des composants centraux avec des fonctionnalités numériques offre aux « VAEistes » (désolé pour le barbarisme) la possibilité d’adapter l’expérience du vélo électrique à leurs besoins personnels.

Maintenant que le marché est mûr – au point d’ailleurs de connaître un léger tassement depuis quelques mois – les constructeurs et équipementiers cherchent à se distinguer de la masse dans un contexte extrêmement concurrentiel. Cela passe souvent par l’innovation technologique, et l’on peut dire que nous avons été servis en matière d’annonces au cours des derniers mois.

Des annonces qui devraient se matérialiser dès les prochains mois par l’arrivée sur le marché de plusieurs innovations destinées à faciliter encore la vie du cycliste électrique. Tour d’horizon de ce qui nous attend.

Le V2X, des yeux et des oreilles pour tout anticiper

Pour réduire le risque d’accident, le V2X (Vehicle-to-everything), en cours de développement pourrait jouer un rôle clé. Cette technologie permet aux véhicules de communiquer entre eux et avec l’infrastructure routière. Dans le cas des vélos électriques, elle pourrait être utilisée pour envoyer des alertes aux véhicules en approche, afin de prévenir les collisions. Par exemple, un vélo électrique pourrait envoyer un signal aux voitures indiquant qu’il est en train de tourner. Cela permettrait aux conducteurs de s’adapter à la situation et d’éviter un accident. Le dispositif pourrait également être utilisé pour fournir des informations aux cyclistes sur les conditions de circulation.

Par exemple, un vélo électrique pourrait recevoir un signal indiquant qu’il y a un danger à l’approche, comme un trou dans la route ou un piéton. Le V2X est encore en développement, mais il a le potentiel de révolutionner la sécurité des cyclistes, ce qui à terme contribuerait à promouvoir la mobilité durable. Rappelons que des start-ups et autres équipementiers déjà établis comme Garmin travaillent déjà sur des modules « radar » qui permettent d’alerter le cycliste en temps réel sur son environnement.

Le vélo électrique hybride pour moduler son effort

Les constructeurs se penchent sur d’autres façons de stocker et fournir l’énergie de l’assistance aux cyclistes. C’est le cas, par exemple, d’Anod, une entreprise française, qui a développé un vélo électrique révolutionnaire combinant supercondensateurs et batterie. L’Anod Hybrid est équipé d’un moteur électrique de 250 watts et d’une batterie lithium-ion de 650 Wh. Il est également doté d’un système de supercondensateurs qui lui permet de fournir une assistance électrique pendant une courte durée, même lorsque la batterie est vide. Ces supercondensateurs sont chargés par le moteur électrique lors du freinage et en descente. Ils permettent au vélo de démarrer sans batterie et d’offrir une assistance électrique supplémentaire pendant quelques minutes, ce qui est suffisant pour se sortir d’une situation difficile.

De leur côté, les concepteurs du Lemmo One explorent une piste différente en proposant un vélo qui peut indifféremment fournir une assistance comme un vélo électrique classique, ou se transformer à la demande en vélo musculaire, simplement en déconnectant et en enlevant la batterie. Malgré son caractère hybride, proposant à la fois un mode manuel et un mode électrique, il se démarque des vélos électriques classiques. Contrairement à un vélo électrique standard qui peut présenter une résistance à la pédale une fois la batterie épuisée, le Lemmo One est doté d’une motorisation pouvant être entièrement désactivée, offrant ainsi la possibilité d’une conduite entièrement manuelle sans aucune résistance.

La direction assistée pour garder le cap

Une direction assistée ? Sur un vélo ? Dites-nous que c’est une blague. Et bien non. C’est même très sérieux, et cela a pour objet non pas de faciliter les manœuvres et réduisant l’effort, mais à offrir une meilleur stabilité directionnelle au vélo. Lors du dernier Tokyo Mobility Show, Yamaha a présenté deux nouveaux concepts de vélos électriques équipés de ce dispositif.

On n’a pour le moment pas beaucoup de détails techniques mais l’on sait qu’il s’agit d’un système électronique à base de capteur de magnétostriction jouant sur les variations de force subies par le train avant du vélo (roue, fourche, moyeu de direction) qui permet de stabiliser celui-ci notamment dans les descentes sur terrain bosselé, et de mieux s’inscrire dans les courbes en évitant les trépidations. Canyon travaille également sur un dispositif d’assistance à la direction, cette fois fondé sur un équipement mécanique à base de ressorts qui compensent les variations de hauteur de l’axe de la roue dans les virages.

Vers une généralisation de l’ABS ?

L’ABS, le système antiblocage des roues qui équipe depuis des années l’ensemble du parc automobile, permet un freinage plus sûr et efficace. Mais, s’il existe aussi depuis longtemps pour les vélos, très rares sont ceux qui en sont déjà équipés. Cela pourrait pourtant constituer un élément important de sécurité. Grâce à des capteurs mesurant la vitesse des roues, la pression de freinage est ajustée pour éviter tout risque de perte de contrôle en cas de freinage brusque.

L’ABS est adaptable à différents types de vélos électriques, que ce soit pour la ville ou les sentiers, avec des modes spécifiques pour VTT, vélos cargo, et urbains. Bien que des marques comme Bluebrake, Shimano et Bosch proposent déjà des systèmes ABS, son coût et le boîtier relativement imposant limitent encore son adoption. Par exemple, le système Bosch nécessite des disques de frein spécifiques et ne peut être installé qu’avec certains systèmes de freins.

Malgré ces considérations, le test de l’ABS Bosch sur un VTT électrique a démontré son efficacité, offrant une sécurité supplémentaire lors des descentes à fort dénivelé et sur chaussée mouillée en ville. Petit rappel au sujet de l’ABS : ce n’est pas une solution miracle et cela ne raccourcit pas forcément les distances de freinage. Cela peut même au contraire les rallonger selon l’état de la chaussée. Mais à défaut d’éviter de taper, cela peut permettre de choisir où l’on va taper…

ABS Shimano

Le vélo 2×2 pour grimper aux murs

Alors certes, il y a peu de chances que cela se développe dans un avenir très proche sur le VAE de monsieur tout le monde, mais certains constructeurs se penchent sur le vélo électrique à transmission intégrale, le 4×4 du vélo, donc le vélo à deux roues motrices. Gage de stabilité et de traction, ce dispositif concernerait surtout les VTTAE (vélo tout terrain à assistance électrique), leur fournissant davantage de grip dans les secteurs difficiles. Yamaha a récemment dévoilé un nouveau concept doté d’un moteur central et d’un autre moteur dans le moyeu avant, le tout alimenté par deux batteries et l’électronique intelligente de traction qui va avec. Un système qui alourdira forcément l’engin, mais qui pourrait aussi trouver sa place dans les VTC pour des balades plus sûres en mode tous chemins. Et pourquoi pas certains vélos-cargos ?

Voilà pour l’essentiel des innovations que les constructeurs nous réservent pour un avenir proche. Ce ne sont pas les seules. On pourrait également mentionner les vélos à courroie ou à cardan ou arbre de transmission remplaçant la chaîne, les vélos à transmission automatique qui vont certainement se généraliser très fort dans les prochaines années, les caméras de recul, ou encore les recherches qui sont faites par certains constructeurs pour révolutionner la cinématique des vélos pliants.

Alors certes, si vous êtes quelque peu réfractaire au progrès technologique appliqué à la pratique du vélo et adeptes d’une certaine sobriété, vous ne serez pas convaincus par cet inventaire. De notre côté, nous pensons que l’innovation utile et bien intégrée comme une fonction naturelle est la meilleure voie pour convertir de plus en plus de monde au vélo via l’électrique.

Spécialiste en innovation dans le domaine du digital et fan d’automobile et de nouvelles mobilités, Eric est éditorialiste sur Cleanrider où il anime la rubrique Roue Libre.


Annonces

Commentaires

7 Commentaires
Inline Feedbacks
View all comments
Totodule
4 mois il y a

Bien dit Cinos !
Concernant un moteur dans chaque roue, il est tout à fait d’avoir une commande en couple sur chaque moteur (N.B. on ne peut pas piloter 2 moteurs brushless avec le même contrôleur, sauf dans de très rares applications)

Pistes d’innovation me semblant plus pertinentes :

  • un moteur roue avec 2 rapports (plat et côte) pour pouvoir disposer d’un bon rendement à la fois sur le plat et en cote, et d’un moteur optimisé en masse (N.B. ne s’applique pas aux moteurs pédaliers : le dérailleur fait le boulot (au prix d’une usure assez rapide de la transmission))
  • Une transmission robuste (10 000 km sans changement de pièce) pour les vélos à moteur pédalier.
  • un moteur roue avec une roue libre activable/désactivable (embrayage), permettant de disposer ou non de la régénération suivant les situation, et de rouler sans moteur (vélo avec petite batterie uniquement pour les côtes), sans résistance au roulement
  • améliorer la fin de vie des systèmes de motorisation (possibilité de changer chaque composant du système, aide au diagnostic des pannes)
  • améliorer l’équilibrage des cellules dans les batteries, et disposer d’un diagnostic plus fin en cas de défaillance de cellule.
Cinos
4 mois il y a

4 « innovations » qui disparaîtront aussi vites qu’elles apparaîtront.
Le V2X, si les voitures n’y arrivent pas entre elles alors avec un autre moyen de déplacement, aucune chance.
Les supercondensateurs, les muscles du cycliste sont plus à même de le faire.
La direction assistée, à part si le vélo fait 200kg.
l’ABS, vous bloquez souvent les roues dans les virages ?
Le moteur dans chaque roue, parce qu’avoir une roue qui tracte à une vitesse différente (dérailleur) que l’autre ne va pas devenir un souci.

Les startups qui vendront du vent seront encore là en 2024, c’est tout ce qu’on peut croire.

Cinos
4 mois il y a
Reply to  Eric Dupin

Qu’est ce qu’une start-up ?
Ce n’est pas parce que l’enseigne est vieille qu’une partie de celle-ci ne va pas se comporter comme une start-up. Il suffit d’un département pour cela.

Toto
4 mois il y a

Mouais, ça ressemble un peu au marketing des voitures dites suréquipées. L’ABS, par contre, semble vraiment utile.

Cinos
4 mois il y a
Reply to  Toto

Il faudrait atteindre une vitesse très élevée pour pour risquer que que la roue avant bloque et projette l’utilisateur par dessus le guidon.
Le genre de vitesse que seul un casse-cou atteindrait et donc soit sur un VAE prévu pour ou bien une machine qui n’est plus très légale.

De là donc à dire qu’il s’agit d’une technologie à voir débarquer en 2024, peut être mais restreinte à des vélos très particuliers.

Pour le tout oui c’est digne du mercantilisme que de vouloir soutirer des deniers en plaçant des technologies non pertinentes.

Eric
4 mois il y a
Reply to  Cinos

Pas besoin d’aller vite, au contraire même. Il y a quelques jours une voiture m’a subitement coupé la route. Je devais être à moins de 10 km/h (heureusement), je n’ai pas eu d’autre choix qu’écraser les freins pour piler. Le vélo s’est littéralement soulevé à la verticale. J’ai réussi à maîtriser sans être éjecté mais c’était moins une. La majorité des accidents de vélo arrivent seuls et sont dus au freinage. L’ ABS peut aider.