Ayant passé l’oral comme d’autres candidats pour tenter d’intégrer le club très fermé des vélos électriques en libre-service à Paris, l’opérateur anglais Forest était en déplacement dans la capitale pour présenter son offre. L’occasion pour Cleanrider de rencontrer ses fondateurs.
Nous parlions de Pony voilà quelques jours, voici Forest. Cet opérateur est un autre candidat au nouveau contrat pour les vélos en libre-service à Paris pour 2025. Grande différence, il n’est pas français, mais anglais, de Londres plus précisément. Ses cofondateurs Caroline Seton et Agustin Guilisasti ont fait le déplacement dans la capitale, juste après leur oral auprès de la Mairie. Cleanrider a pu les rencontrer.
Forest, c’est quoi ? Fondé en 2019 sous le nom “Human Forest”, cet opérateur n’existe pour le moment qu’à Londres. De 300 vélos en 2020, il est monté en puissance et devrait passer la barre des 20 000 d’ici à la fin d’année. C’est loin du concurrent Lime (40 000 unités), mais bien plus que la flotte totale que Paris autorisera en 2025 (18 000), ou celle du Vélib’. Ce nombre monte avec celui des utilisateurs, désormais 1 million, pour plus d’un million de trajets mensuels depuis cet été.
Forest a donc déposé sa candidature pour le contrat parisien, où seulement 3 opérateurs seront vainqueurs. Chacun sera limité à 6 000 vélos en libre-service, extensible à 9 000. Pour cela, il faudra dépasser 4 rotations quotidiennes par vélo en moyenne. Justement, c’est ce qu’enregistre le service londonien. “Ce succès s’explique par l’offre de 10 minutes gratuites en début de trajet” , explique Stanislas Jallot, représentant France de l’entreprise, mais aussi par un « retour utilisateur très positif ».
Avec une expérience sur une zone quatre fois plus grande que Paris (400 km² sur 13 “boroughs” de Londres), l’opérateur se juge confiant. “Parmi nos partenaires, nous avons Mecaware et Doctibike pour la réparation des batteries, tandis que nous gérons 70 % en interne”, précise Stanislas Jallot. A l’image de Londres, un entrepôt à Paris est nécessaire pour cette gestion, dont l’emplacement est déjà prévu. Ancien de Tier, aujourd’hui fusionné avec Dott, Stanislas Jallot a en effet de nombreux contacts prêts à rejoindre les rangs.
Figurant parmi les quatre critères établis par la Mairie de Paris, la disponibilité des vélos en libre-service ne sera donc pas un problème promettent nos interlocuteurs. Idem pour la stabilité financière. “Nous avons contenu notre offre à Londres, afin de garantir une profitabilité, avant de s’étendre”, explique Caroline Seton, “nous candidatons pour Paris, mais pas encore d’autres villes”.
Autre critère du contrat, le développement durable serait un point fort de Forest. Cela s’inscrit dès son logo et son nom, l’entreprise plantant des séquoias au Pays de Galles pour compenser la fabrication de ses VAE, et ce depuis ses débuts. La gestion de la flotte, animée par ses “guardians”, est aussi peu polluante, entre fourgonnette électrique, vélo cargo ou vélo électrique. Au passage, le vert sapin évitera une autre pollution, celle visuelle, car se fondant mieux avec le paysage urbain parisien (fontaines Wallace, bancs publics, etc).
Son vélo électrique se base certes sur son fournisseur chinois Okai. Mais il est remanié pour être plus endurant dans le temps et connu sur le bout des doigts par les équipes de Forest qui peuvent rapidement intervenir sur tous les composants, y compris le moteur. Une nouvelle génération encore plus aboutie est à l’étude pour augmenter sa robustesse et devenir plus pratique.
En attendant, Forest a constitué une offre originale pour Paris, via trois versions de son vélo :
Cette gamme répond à une demande croissante d’usages variés : transporter sa valise pour rejoindre une gare, revenir de soirée avec une amie, ou circuler avec son enfant. Forest s’inspire en cela du concept “Mobility of Care” (Mobilité du besoin), préconisant une meilleure inclusivité, dont la réduction de l’écart homme-femme. Aujourd’hui, les femmes ne représentent que 35 % des utilisateurs, auquel Forest répond par des initiatives (évènements, communication). La question du genre, c’est d’ailleurs le quatrième critère de sélection pour Paris !
Ces vélos sont déjà en test à Londres, mais ne seront pas déployés avant 2025. Nous en avons pris brièvement en mains la version Forest Cargo, avec sa plateforme pouvant vraiment accepter une valise. Même avec cette dernière, le moteur arrière assure une belle puissance, au travers d’une transmission monovitesse et d’un seul mode d’assistance. Ce vélo électrique freine également bien, assez maniable et surtout confortable (selle large rembourrée, pneus ballon). Sa batterie lui assure une belle autonomie (deux capacités coexistent), de quoi relier n’importe quel point au coeur de la capitale.
L’équipe de Forest devra néanmoins attendre pour savoir si son offre séduit la municipalité. Paris communiquera la liste des trois lauréats en avril 2025, tandis que les opérations ne pourront débuter qu’au 1er septembre.
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