Honda Motocompacto : on a testé la Motocompo électrique à Tokyo

Dernière solution de mobilité urbaine de la marque en date, la Honda Motocompacto s’expose au Tokyo Mobility Show. Cleanrider a été parmi les premiers médias au monde à enfourcher ce drôle d’engin.

Conscient des besoins des citadins d’une part, mais aussi des contraintes de circulation en ville d’autre part, Honda a imaginé la Motocompo à l’aube des années 80. Inspirée par quelques mobylettes bien de chez nous à l’image de la Motobecane Mobyx ou de l’Italjet Pack, le cyclomoteur japonais allait plus loin : il a avant tout été imaginé pour s’intégrer parfaitement dans le coffre de la Honda City, l’une des plus petites voitures de la marque à l’époque. Une véritable révolution, synthèse de tout le génie japonais pour réduire au maximum l’encombrement de l’engin tout en le rendant bien fonctionnel. Disponible au catalogue comme une option ou en achat seul, la bécane devait révolutionner la mobilité urbaine.

Lancé dans les années 80, le Montocompo était taillé pour rentrer dans le coffre d’une petite Honda City

Mais voilà, malgré un design extrêmement intelligent pour pouvoir l’emporter presque partout, son poids (45 kg tout de même), à porter à bout de bras pour le mettre dans le coffre n’a pas séduit la clientèle urbaine. Aussi, on peut sans nul doute pointer du doigt les fuites du carburateur, qui laissaient des effluves d’essence dans l’habitacle. Bref, alors que Honda envisageait de sortir 10 000 Motocompo par mois (pour 8 000 City), seuls un peu plus de 53 000 exemplaires ont vu le jour… en deux ans de production. En 1983, comme pour oublier le tort d’avoir eu raison trop tôt, Honda cesse la production.

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Pourtant, la marque n’avait pas tout à fait l’envie de tirer un trait sur ce qui serait aujourd’hui considéré comme du génie dans le monde de la micro-mobilité. Honda a donc enchaîné les concepts reposant sur la mémoire de la Motocompo, mais dotés de motorisations électriques. C’est le cas notamment avec le Honda Motor Compo Concept de 2011, qui a aussi ouvert une voie où se sont engouffrés de nombreux designers indépendants et autres startup.

Mais pendant que certains fabricants n’hésitaient pas à copier le dessin de la Motocompo, les rumeurs se faisaient de plus en plus persistantes sur le web : d’après les échos, la firme japonaise serait sur le point de faire revivre la célèbre bécane. Son nom : Motocompacto. Dans la petite sphère des passionnés du modèle, c’est l’effervescence. Puis est arrivé la surprise. Contre toute attente, la Motocompacto n’est plus un cyclomoteur, mais une… trottinette électrique ! Voilà donc un drôle de choix pour ce modèle, pour lequel nous n’avons pas pu nous empêcher de saisir le guidon à Tokyo.

Une maniabilité étonnante

Car il faut dire que la Honda Motocompacto a de quoi intriguer. Si elle reprend bel et bien l’esprit du modèle original avec des éléments pliables et un sens poussé du design, elle se démarque avec une approche toute différente. Conformément aux premiers clichés virtuels, la Motocompacto se présente comme une trottinette électrique, greffée d’un carénage intégral découpé comme une carte SIM et aux multiples possibilité de personnalisation. Il faudra attendre la commercialisation pour les découvrir toutefois, les exemplaires présentés étant uniformément blancs. Mais cela nous a permis de découvrir en revanche la belle finition, avec une sellerie marron agréable au toucher et des carénages de qualité, à défaut de présenter des ajustements uniformément précis. Mais ceux-ci ne seront hélas pas à l’abri des rayures diverses.

Entièrement dépliée, elle offre une selle et des repose-pieds pour le conducteur. La position de conduite, assez basse, n’est pas sans évoquer celle de la Motocompo originale. Mais les jambes sont à peine moins écartées, ce qui devrait permettre de se faufiler encore plus facilement dans le traffic. D’autant qu’avec cette position, la maniabilité semble plutôt au rendez-vous selon nos premières impressions, même si une période d’apprentissage sera très certainement nécessaire avant de se lancer dans la jungle urbaine. La position de conduite impose parfois de vifs corrections sur le guidon. Reste que la conduite semble assurément moins dangereuse qu’avec les trottinettes classiques en raison du centre de gravité plus bas, mais aussi la possibilité de poser très vite les pieds au sol sans risque de chute !

Comme ces dernières, il faudra donner une légère impulsion au lancement avant de gérer la vitesse avec une gâchette, similaire à celle que l’on retrouve sur ces deux-roues urbains et que nous n’avons pas pu pousser à fond sur le stand. En revanche, le confort de conduite s’annonce très ferme sur les rues défoncées : la selle, petite et dure comme du bois, ne compense pas l’absence de suspension aux roues ! Pavés, mauvais raccords, trous, et autres ralentisseurs seront sans nul doute redoutables pour les vertèbres.

Quelques manipulations pour la plier

De manière générale, la conduite s’avèrerait accessible pour les utilisateurs de cet engin, motorisé à l’avant par un moteur de 490 watts. Suffisant pour atteindre les 25 km/h, même s’il devrait se montrer à la peine dans les pente. Car si la Motocompacto se montre bien plus légère que celle à qui elle tente de rendre hommage (18,7 kg contre près de 45 kg), elle est dans l’absolu plus lourde que la plupart des trottinettes. La raison ? Un cadre entièrement repensé et rigidifié pour compenser avec les parties mobiles, nous assure-t-on sur le stand de la marque. Si nous n’avons pas pu l’étudier par nous même à Tokyo, une première image permet de mettre en lumière les spécificités de son squelette.

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En revanche, cette masse plus raisonnable facilite logiquement la manutention pour ranger la Honda Motocompacto dans le coffre d’une auto. A condition de bien penser à ranger tous les éléments. C’est le siège qui demande plus de manipulations : il faut désengager le support avec un bouton, dégraffer l’assise, plier l’ensemble et le ranger entre les carénages. Le guidon peut pivoter pour se glisser dans son rangement, alors que la roue arrière est coulissante. Nous n’avons pas eu l’occasion de chronométrer le temps qu’il faut pour tout ranger, mais cela devrait aller assez vite après avoir pris le coup de main.

Au final, la colonne présente alors à l’utilisateur une poignée intégrée pour manipuler l’engin, située au point d’équilibre de l’ensemble, ce qui facilite la manutention.Une fois bien calée au fond d’un coffre, elle ne devrait pas occuper inutilement de la place, comme le font toutes les trottinettes électriques conventionnelles. Autre avantage : elle pourra être couchée pour optimiser l’espace, et ce sans aucune fuite d’hydrocarbure.

La plus stylée des trottinettes

De nos jours, nous ne sommes plus à une surprise près. Le badge Mustang est désormais associé à un SUV d’une part, 100 % électrique d’autre part, alors que la Citroën AMI est passée du statut de vénérable familiale à celui d’une voiture sans permis deux places mal finie, entre autres exemples. La Honda Motocompacto a eu le même effet que ces dernières sur les rares passionnés et connaisseurs du modèle d’origine : la trottinette n’a plus rien à voir avec le scooter pliable des années 80. Certes, la comparaison est inévitable, mais Honda prend la précaution de les différencier en donnant à sa trottinette un autre nom.

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Toutefois, on ne peut pas nier que la Motocompacto reprend bien l’esprit de ce scooter, et parvient même à corriger tous les volets qui ont pu lui faire défaut : compacte, relativement légère et, surtout, propre, elle est bien plus facile à transporter et à ranger qu’un scooter, mais aussi qu’une trottinette classique. Preuve en est avec nos premières manipulations. Une solution de choix pour parcourir les derniers kilomètres en ville avec style.

Hélas, ces choix techniques ne sont pas sans effets sur la fiche technique. Plus lourde, moins puissante et dotée d’une batterie de 6,8 aH, elle est en retrait de la moyenne du marché. Elle pourrait donc vite s’essouffler sur les reliefs, alors que le rayon d’action est déjà limité sur le papier : Honda évoque une autonomie de 20 km. Heureusement, la recharge en 3 h 30 n’est pas interminable. Enfin, le confort pourrait être pénalisant dans les rues défoncées. Mais il faudra attendre son arrivée chez nous pour la mettre à l’épreuve de la réalité avant notre jugement définitif… si elle arrive un jour. Car pour le moment, Honda n’a pas confirmé son lancement en Europe. Pour rappel, elle est disponible aux Etats-Unis au prix de 995 $. C’est cher, très cher, mais c’est le prix à payer pour rouler avec la plus stylée des trottinettes électriques !

Soufyane Benhammouda
Soufyane Benhammouda

Journaliste, essayeur

Passionné depuis son plus jeune âge par les mécaniques de pointe, Soufyane éprouve désormais une attirance toute particulière pour la mobilité électrique, qu'elle soit à deux ou quatre roues. Supertesteur pour Automobile Propre, il intervient ponctuellement au sein de la rédaction de Cleanrider.


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